Spectacle pour tous à partir de 7 ans.
Entre musique classique et clown
Note d’intention
La rencontre
Rebecca Chaillot, stakhanoviste du staccato, exécute le répertoire classique avec jubilation. Elle renvoie toutes les balles à Madame Françoise qui se pâme et se pavane et défaille aux mélodies de Liszt. Le public succombe au détour d’une note suspendue, au bonheur de voir et d’entendre ces duellistes duettistes, chacune aux antipodes du grand piano noir, ouvert et résonnant.
La musique classique et le clown : strictement rien à voir. Pourtant, Madame Françoise et Rebecca Chaillot ont quelque chose à se dire et à nous dire ; l’une en passant par le rire, l’autre par la musique. Elles créent chacune leur langage solitaire, de chaque côté du précieux piano à queue.
« Ah, ces musiciens, ils ne comprennent rien, mais ils ont des grandes mains et des oreilles pointues ! »
« Je ne suis pas de ceux qui ont trouvé leur clown. “ Mon clown, il ne peut pas faire ci, il ne peut pas faire ça… ”, “ T’as pas vu mon clown ? ” : ce genre de propos m’énerve plutôt. Je me méfie de ceux qui ne changent pas. On devrait avoir honte ! Et si on affiche cette impuissance humaine avec fierté, je trouve ça plutôt insupportable.
La silhouette de clown de Roseline Guinet, Madame Françoise, n’a jamais changé depuis bientôt quinze ans. Qu’elle ait toujours quelque chose à dire, à découvrir, que sous cette surface inchangée, sa santé obtuse, ses absences, sa “ Dumheit ”, sa “ connerie ”, restent intactes, son monde est loin d’être usé, presque “ intouché ”, un phénomène auquel je n’ai pas d’explication. Je suis obligé de le constater avec admiration, c’est tout !
Que Roseline Guinet s’associe dans une création avec une autre femme, Rebecca Chaillot, pianiste classique de haut niveau, est à première vue une constellation sans originalité excessive. L’évidence pourtant saute aux yeux quand on regarde de plus près. Ce qu’ont de commun ces deux femmes, c’est leur condition féminine et une sublimation magnifique de leur désir dans leur art réciproque.
Dans cet art, elles tentent d’aller très loin, l’une dans le clown, l’autre dans la musique. Elles ont quelque chose à dire et quelque chose à nous dire. Elles ont créé chacune un langage solitaire, qui n’a rien à voir l’un avec l’autre. La musique classique et le clown : strictement rien à voir. On a déjà vu une pianiste et une chanteuse comique… là oui ! ou un clown et un piano truqué, le “ piano cabossé de clown ”, là oui !
Mais ici c’est autre chose. Madame Françoise n’est pas une chanteuse comique et le piano de Rebecca n’est pas truqué. C’est un piano à queue précieux et Rebecca joue réellement la Sonate pour piano de Franz Liszt, sublime partition du répertoire classique. Si deux femmes partagent un si fort désir, et communiquent à partir de langages si différents, cela crée des situations fortes et, à partir de ces situations, tout un monde en décalage complet, qui rend lisible et risible le décalage du monde entier !
Il faut taper haut, mais le monde se révèle dans les petites choses. L’histoire entre Madame Françoise et Rebecca Chaillot est une de ces petites choses, susceptible de toucher le monde. Que je sois associé en tant que metteur en scène à ce projet est certes une belle chose pour moi. Que ce soit une belle chose pour le projet reste à prouver. Je vais l’essayer. »
Nikolaus Maria-Holz, metteur en scène
La rencontre entre Madame Françoise et Rebecca Chaillot s’est faite à l’occasion d’un « Cabaret champêtre », mis en scène par les Nouveaux Nez chaque été à Bourg Saint-Andéol depuis 1994. Leur envie de poursuivre cette rencontre artistique les a conduites sur ce chemin.
Le duo Franz, pianiste et clown de concert s’inscrit dans un projet global composé de plusieurs formes de créations intitulé Les Nouveaux Nez dans la Ville, réponse à leur désir de nomadisme ancré dans la ville.
221 avenue Jean Jaurès 75019 Paris