L’action de la pièce se déroule dans la pièce principale du Mac Carthy’s, un pub irlandais comme on en trouve sur chaque artère de chaque boulevard. Qu’ils soient en plein cœur d’une grande ville où bien dans des endroits plus isolés, l’atmosphère qu’ils dégagent est toujours particulière.
En ce qui concerne ce fameux Mac Carthy’s, c’est une enseigne que j’ai particulièrement connue dans le passé, lorsque je vivais dans le Sud de la France, dans une ville bouffée par les richesses et les magouilles immobilières. Il va sans dire que ce très modeste pub irlandais faisait tâche dans le périmètre, coincé-serré entre deux buildings architecturalement flambants.
Le Mac Carthy’s semblait être une lumière émergeant de l’ombre, un irréductible Q.G. pour les jeunes en quête de débats passionnés sur la vie. Les barmans étaient de purs irlandais qui faisaient la gueule comme il faut et ne donnaient pas même la peine de parler français. Tout n’était que boiseries.
A l’aide d’une clé ou d’un canif, on pouvait graver ce que l’on voulait sur les tables. Au fur et à mesure, elles débordaient de souvenirs, d’espoirs, de mots d’amour et mille autres choses encore.
Longtemps j’ai pensé que cet endroit était un personnage à part entière, favorable à la narration d’une intrigue qui mettrait à l’honneur cette atmosphère si particulière où les fantômes du passé et les espérances d’avenir se côtoient dans une parenthèse embrumée. Une bulle hors du temps.
Les personnages se rencontrent et passent une nuit où ils vont boire, rire, s’engueuler, boire encore, s’embrasser, se découvrir, boire, se déchirer, boire, se retrouver, boire encore jusqu’à ce que leur masque ne finisse par tomber. Chacun d’entre eux refoule des failles béantes qu’ils tentent de dissimuler à tout prix par n’importe quel moyen.
Cette nuit-là, ils seront arrivés au bout d’eux-mêmes. J’aime à penser que cette histoire est une histoire de temps. Celui qui passe, celui qui reste. Celui qu’on a perdu, celui qu’on n’a pas.
Pour cette raison, il est important pour moi en tant qu’auteur et metteur en scène de me rapprocher au plus près de cela, et faire en sorte d’allier ensemble plusieurs degrés de lecture pour que l’on puisse aisément passer de la comédie au thriller psychologique, du burlesque au drame, en incluant du comique de situation, de l’étrangeté, de la poésie et de la musique.
36, rue Bichat 75010 Paris