Au Maghreb, le kharbga, variante du jeu de go ou de dames, se pratique traditionnellement à même le sol. D’où l’amas de gravats et de cailloux sur lequel évoluent les six interprètes de cette pièce aux échos d’outre-Méditerranée.
Non qu’il y soit directement question de la Tunisie, pays d’origine d’Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek, fondateurs de la compagnie Chata. Mais comment ne pas voir, dans ce paysage scénique aride sans cesse bouleversé par les déambulations des danseurs, la métaphore d’un monde arabe en plein devenir, confronté à tous les enjeux ? Et dans les défis successifs que se lancent les danseurs, à eux-mêmes et entre eux, le pendant chorégraphique des jeux de pouvoir liés aux révolutions en cours ?
La scène devient ainsi le lieu mouvant de tous les possibles et l’espace privilégié d’une libération instinctive, presque viscérale, des corps. À ce mouvement que rien n’arrête, la présence différente du comédien nonvoyant Melchior Derouet apporte comme une gravité prophétique qui questionne l’avenir.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris