Kô Murobushi, associé à cette création, écrit dans une "Lettre à Carlotta" : "... Un nouveau Sacre du Printemps : celui dAriadone... Devenir saison, aller de lhiver au printemps, et dans ce passage qui nous bouleverse, livrer son corps à une danse désordonnée comme un feu de lénergie exaltée... Rien après, rien devant. Danser. Contre toute mémoire. Car il ny a aucune origine, aucun but. Nul départ, nulle arrivée. Seulement la chance dêtre proposé à linfondé".
Vous êtes en train de travailler sur votre prochain spectacle que vous présenterez au
début du mois de janvier 1999 au Théâtre de la Bastille. Pouvez-vous nous en parler ?
Nombre de chorégraphes ont mis en scène Le Sacre du printemps, je souhaite porter un
autre regard sur ce thème. Haru No Saïten : Un Sacre du printemps, avec la Compagnie
Ariadone, pour moi, cest une façon de sacrer le printemps, sans la musique de
Stravinsky, pour retrouver lessence contradictoire de cette saison. La
représentation que je souhaite en offrir nest pas celle de lémergence
dune vitalité absolue mais plutôt celle dun processus constitué de trois
phases incontournables : Chaos, Eros, Cosmos. Tout dabord le Chaos moment non pas de
désordre mais de paralysie où tout est figé dans lattente dun devenir
hypothétique. Puis le passage à Eros symbolisant le désir intense de nécrophilie,
purement phantasmatique. Ce serait comme la face cachée du printemps, le signe dune
contradiction. Enfin le cosmos, territoire spécifique de la marge. Lendroit où se
constitue un équilibre fragile.
Vous travaillez avec Kô Murobushi. Peut-on parler de retrouvailles ?
Nos retrouvailles se sont faites avec la création de Aï-Amour. Désormais je souhaite
aller au-delà du partage. En travaillant ensemble sur Haru No Saïten, Un Sacre du
Printemps nous sommes sur le chemin dune nécessité.
Il semblerait quaujourdhui, vos danseuses ne soient pas en majorité
japonaises, est-ce une volonté de mixité ?
Jai choisi six danseuses, venant dEurope et dAsie, chacune de
nationalité différente. Jespère que ce mélange apportera une matière
chorégraphique plus riche.
Vous travailler dans votre studio à Bordeaux. Quen retirez-vous ?
Mon studio est un territoire privé. Il est très agréable pour moi de travailler dans
mon lieu de vie. Il est une influence de tous les instants. Avant, ce lieu était à
Tokyo, il est maintenant à Bordeaux. Cest plus facile pour les danseuses qui sont
européennes, cest plus difficile pour moi qui suis japonaise. Une bascule
sest opérée.
76, rue de la Roquette 75011 Paris