Comédie satirique, histoire contée et dansée
Les rythmes
Les danses
Mariamou est une jeune française de 15 ans, fille d'immigrés, élevée par sa famille en région parisienne dans une des cités où rêver d'un avenir est un défi en soi. Ballotée entre ses deux cultures, Mariamou doit trouver sa place dans un environnement où les jeunes femmes ont rarement la possibilité de s'exprimer.
Sur les rythmes sensuels et endiablés des danses de la rue (ragga, N'dombolo…) ainsi que des danses africaines traditionnelles et contemporaines, cette comédie satirique enjouée dépeint avec justesse et dérision la vie des femmes en banlieue et la détermination dont elles doivent faire preuve pour être respectées.
Commencée d’écrire il y a six ans, et déjà interprétée avec succès par les jeunes danseuses de la SMJ d'Aulnay-sous-Bois, l’histoire de Mariamou est aujourd’hui encore au cœur de l’actualité. C’est celle d’un grand nombre de filles d’immigrés nées en France, élevées en banlieue, et dont tant de questions brûlent les lèvres. Alors que d’autres ont fait le choix de s’exprimer par la violence et de s’affirmer par la haine, comment soigner ses maux lorsqu’on n’a que 14 ans et la tête remplie d’autant de projets que de désillusions ? Auprès de qui se révolter ? Comment se réconcilier avec la vie ?
La vision satirique que propose Maïmouna sur les cultures de ses pays d’origine et d’adoption illustre la maturité - acquise non sans rébellion - avec laquelle elle considère désormais sa double nationalité, dont elle a su faire un formidable atout.
Tout en transportant des valeurs positives - la réussite, l’ouverture d’esprit, l’échange, la dignité, le respect - et sans tomber dans les aprioris ou les clichés, Hééé Mariamou témoigne à travers l’humour, la danse et l’expression scénique d’un mal français, le clivage d’un pays où peur et incompréhension riment avec inégalité et exclusion.
De somptueux costumes, traditionnels et modernes, des décors riches et colorés, une ambiance lumineuse soutenue mettent en scène le travail des professionnels de la danse et du théâtre qui donnent vie à cette comédie musicale originale.
La danseuse et chorégraphe Maïmouna, qui enseigne depuis 10 ans notamment dans la célèbre Ecole de danses du Marais (Paris IV), a conçu cette œuvre comme un melting-pot de musiques, de danses et de chants d’influences africaines et afro-américaines, avant tout vectrices de messages populaires.
L’opposition, certes présente, mais aussi l’étonnante similitude entre les rythmes traditionnels (danses, chants et percussions africaines) et modernes (N’dombolo, Coupé-décalé) illustrent à merveille ce mélange de cultures dont les jeunes africains des banlieues sont aujourd’hui les réceptacles vivants, et le choix qui leur est donné d’intégrer leur double culture ou au contraire de la rejeter.
C’est ainsi que sur plus d’1h10 de musiques au rythmes frénétiques, l’histoire de Mariamou et des siens prend vie à travers 7 tableaux où s’entremêlent en un ensemble cohérent Ragga, Dancehall, N’dombolo, Coupé-décalé, mais aussi danses traditionnelles de l'Afrique de l'Ouest, Afro-Contemporain, Krumpin’, Rn'B et Modern' Jazz.
« Les danses contemporaines sont aussi indispensables que les danses traditionnelles africaines ; on s’exprime à travers les mouvements, on évacue les tensions, on extériorise toutes les mauvaises ondes. Si vous remarquez bien, les danses actuelles qui sont le plus à la mode proviennent des endroits où la misère est la plus grande, des pays marqués par les guerres civiles… Le Coupé-décalé est indissociable des événements de la Côte d’Ivoire, certains pas du N’dombolo sont une allusion franche à la guerre (« hélicoptère », « salut de commandant », « position de tir »…), le Krumpin’ est le fruit de violentes émeutes provoquées par des jeunes du ghetto de Los Angeles. De la même façon, les pas de Dancehall ont été créés les jeunes des banlieues jamaïcaines et personne n’ignore d’où est vient le Hip Hop. Toutes ces danses résultent de la rue, des souffrances, des frustrations, et constituent un moyen de s’évader de la misère et des malheurs. La danse peut être pour ceux qui étouffent une véritable thérapie ».
Maïmouna se sert de la poésie et de l’humour pour transmettre des messages lourds de sens et entraîne son auditoire avec énergie et subtilité dans un univers touchant mais impitoyable, où l’expression à travers la danse - les danses - prend toute son ampleur.
Le Ragga Dancehall est une musique dérivée du Reggae, tout droit venue de la Jamaïque. Elle s'est développée dans les ghettos des Caraïbes dans un contexte festif, et exprime un besoin de provocation et de défi. Cette danse se compose principalement d'ondulations sensuelles, de mouvements saccadés et de sauts. Certains pas de cette danse sont repris dans les clips d’artistes contemporains tels que Sean Paul ou les Destiny’s Childs.
Le N’dombolo, danse africaine moderne d'origine congolaise, se pratique surtout en soirées et dans les discothèques. Cette danse enjouée et ludique se caractérise par des mouvements sensuels ou saccadés du bassin, sans pour autant tendre vers la vulgarité. Le N’dombolo se danse sur les musiques de Koffi Olomide, Werra Son ou Extra Musica.
Le Coupé-décalé, récemment mis à la mode par les jeunes de toutes origines, est importé de Côte-d’Ivoire. Certains pas récurrents (Prudencia, Caméra, Décalé Chinois, Fouka Fouka, Konami …) et certaines attitudes caractéristiques marquent cette danse particulièrement rythmée. Les Artistes représentatifs de cette musique sont Magic System, DJ Jacob, Douk Saga, Teeyah ou Keysha.
Le Krumpin’, originaire des ghettos de Los Angeles, se rapproche beaucoup de la danse traditionnelle africaine et des séances de vaudou.
Interview de Maïmouna, avril 2005
6, rue de la Folie Méricourt 75011 Paris