Ici

du 3 au 14 avril 2012
55 min

Ici

Le jongleur Jérôme Thomas s’est associé au mime Markus Schmid et au musicien Pierre Bastien pour sonder et dépasser les limites humaines liées à l’enfermement et au vide. Le projet de ces artistes est de toucher au rêve de tout homme entravé : s’évader.
  • Révéler la liberté dans le cloisonnement

Comment vivre à deux quand il n’y a de place que pour un seul ? Que faire avec une chaise pour deux ?

Comment rêver avec une simple feuille de papier ?

Le jongleur Jérôme Thomas s’est associé au mime Markus Schmid et au plasticien sonore Pierre Bastien pour sonder et dépasser les limites humaines liées à l’enfermement et au vide. Les artistes exploitent objets manipulés et dimensions de l’espace d’une manière inattendue pour réinventer la liberté dans le cloisonnement.

Avec une mécanique imparable mêlant écriture chorégraphique et théâtre burlesque, rythmée par les compositions et les drôles de machines musicales de Pierre Bastien, le duo embastillé touche au rêve de tout homme entravé : s’évader.

  • L'art est-il un moyen de passer une porte ?

Un jour de 1986, Marc Perrone m’a proposé de jouer pour les détenus de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, avec Carlo Rizzo, percussionniste. C’était ma première rencontre avec le milieu carcéral et je découvrais naïvement que l’expérience n’allait pas de soi.

Le nombre de sas, de couloirs, de pièces, de clés, de portes à ouvrir est un parcours de mise en condition. On ouvre des portes verrouillées que l’on referme derrière l’acteur. Sans soutien technique scénique, le «semblant» n’a pas sa place. La représentation est juste ou n’est pas, sans appel. L’artiste est, comme le détenu, face à sa condition.

Ce jour-là, à Fleury-Mérogis, je me suis demandé durant toute notre prestation, pourquoi les détenus rentraient et sortaient de la salle de spectacle. C’était un va-et-vient constant très déstabilisant pendant que nous jouions pour eux.

La prestation leur plaisait-elle ? Ne leur plaisait-elle pas ? Curieux ? Pas curieux ? Déstabilisés ? Trouvaient-ils cela utile ? Inutile ? Étaient-ils sensibles ? Insensibles ?

La réponse, surprenante, était tout à fait d’un autre ordre. Le gardien, que j’interrogeai sur ces déplacements, me répondit qu’il était rare que des portes restent ouvertes. Et il m’expliqua ceci : les détenus passent cette porte pour le plaisir d’en franchir librement le seuil, pour connaître la « sensation » de passer une porte ouverte.

Au début de notre travail, Markus et moi, nous avons beaucoup travaillé sur la prison, nous avons lu, regardé des films, fait des rencontres. Si nous avions besoin d’aller là, au coeur de l’enfermement c’était sans doute pour nous interroger sur tous les enfermements que chacun d’entre nous subit et produit chaque jour, c’était aussi sans doute pour trouver comment parler de l’évasion possible.

Au bout du compte, théâtre musical, théâtre gestuel, d’ombres, d’objets, tout cela à la fois et peu importe, ICI. est un spectacle libre sur la contrainte, une machinerie pour corps et émotions, un essai poétique, une tentative de nous parler d’un monde qui est le nôtre. Nous parler d’ICI.

Jérôme Thomas

  • Composition musicale pour la Compagnie Jérôme Thomas

Par une heureuse coïncidence, Jérôme Thomas et moi sommes intéressés au même moment par la même matière -le papier- et le même but - faire évoluer ce papier à des fins plastiques en ce qui le concerne, à des fins musicales pour ma part, comme si cette matière était dotée d’une vie propre.

Deux de mes installations ont pu ainsi être intégrées au décor : les Orgues de Papier aux feuilles de calque flottant sur une suite d’accords d’harmonium, et les tout récents Serpents de Papier : des souffleries latérales de type « tangentiel » qui animent de longues lanières de papier calque ondulant vivement de part et d’autre de la scène qu’elles emplissent de cliquetis, par instants comme un bruit de pluie sur des vitres, à d’autres moments comme un orchestre de tambourinaires.

Un autre matériau simple rythme le début du spectacle : un puis deux, puis trois, puis quatre élastiques tendus verticalement et pincés par un doigt invisible. Au fur et à mesure de leur apparition dans une lucarne qu’ils ferment comme des barreaux de prison, la ligne de basse d’abord minimale s’étoffe peu à peu et engendre la musique enregistrée, jusqu’à la rupture qui laisse le champ sonore à la mélodie des flûtes rotatives.

Le dispositif principal de la dernière partie est constitué d’une seule machine à fonctions multiples, percussive, harmonique et mélodique. Musique Mécanoïde est un orchestre mécanique construit en meccano, dont la forme est rectangulaire de façon à pouvoir être illuminé par un projecteur puissant qui projette son ombre agrandie en fond de scène.

En plaçant la machine en avant-scène pour que le public en apprécie le fonctionnement réel, on obtient en fond de scène une sorte d’usine sonore virtuelle dont la taille n’est limitée que par le volume scénique.

Dans l’ombre des poutrelles de la machine, les acteurs peuvent ainsi évoluer à l’intérieur de l’engin et dialoguer avec les poulies, les cames et les bielles dont les mouvements agrandis répercutent les grandes manipulations qui caractérisent la fin du spectacle.

Pierre Bastien

  • L'objet et moi

Au sein de la compagnie Andrayas s’invente un langage où les objets quittent leur statut de «corps étranger» pour devenir des prolongements de l’acteur. Un langage où les différences du corps et des objets pactisent pour faire surgir une vision nouvelle du geste. Les objets ainsi manipulés, dégagent l’impression de perdre leur poids et d’être soumis à d’autres lois que la gravité.

Dans ce projet, cette recherche trouve un écho évident.

Comment le dialogue entre corps charnel et objets inertes est-il possible ?

Pour y parvenir, un travail physique intense est nécessaire et s’articule sur deux niveaux : s’éduquer à la privation (d’un membre ou d’une partie du corps). L’acteur est mis en constante situation d’empêchement : il improvise des chutes au sol, sans ses mains, il marche avec des genoux indissociables, il porte un objet sans l’utilisation de ses bras, etc. Ce type de contrainte suscite une créativité physique compensatoire inédite. De la privation naît l’originalité d’un vocabulaire corporel d’urgence et de nécessité.

S’adapter à l’objet

Munis de ce réflexe constant d’adaptation à la privation, l’acteur va pouvoir intégrer la manipulation d’objets. Il n’évolue pas autour des objets, mais les adopte comme partenaires vitaux de ses mouvements.

Il révèle par l’esthétisme de sa gestuelle ce qu’ils lui imposent comme contraintes physiques. Se mettre au niveau de l’objet, simplifier son corps par une maîtrise rythmique et articulaire, c’est permettre à l’objet d’apparaître dans l’espace poétique comme un être vivant.

C’est permettre que cette petite porte s’entrouvre, par laquelle jaillit cette musicalité de mouvement de l’objet, sa mélodie secrète.

Markus Schmid

  • La presse en parle

« Un spectacle physique et plastique étonnant sur l’enfermement et l’évasion. D’une grande beauté. » Les Inrockuptibles

« Avec Ici, Jérôme Thomas a construit une œuvre inclassable, faite de corps et d’objets sous pression qui conservent une étincelle libertaire. On pourrait y voir une métaphore de l’art. » Libération

« L’humour pince sans rire s’invite sans un mot, et la beauté malgré tout passe en contrebande dans les territoires de l’imagination. Ici s’achève sur des images plastiquement saisissantes, dignes du cinéma expressionniste. » Les Trois Coups

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Spectacle terminé depuis le samedi 14 avril 2012

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