Et si la politique n’était qu’un spectacle ? Ou plutôt : et si le monde politique avouait franchement sa propension à faire de l’action publique un spectacle, usant sans fin de mise en scène ? Habituellement en activité dans les arts plastiques, Gaspard Delanoë a imaginé et écrit un spectacle qui décline l’une de ses obsessions : dévoiler les rapports récurrents entre le monde des arts et celui de la politique.
Loufoque et féroce, Je suis venue est un pastiche de conférence internationale. Sur scène, une femme, un homme, deux pupitres. Elle, s’exprimant en arabe, énonçant un plan de paix, entre utopie et réalisme froid. Lui, traduisant méthodiquement. Mais les mots et les symboles (un hymne, un drapeau...) ne suffisent pas.
Peut-on danser un plan de paix ? La conférence glisse alors vers un solo de flamenco. Yalda Younes (danseuse libanaise) interprète, puissante et grave, une partition choré-graphique écrite pour elle par Israel Galván, considéré comme le Nijinski du flamenco. Même s’il emprunte la voix de l’humour, Je suis venue suggère sans détours tout le drame et l’absurdité d’une réalité géopolitique.
94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris