En avant-première des représentations de Cardillac, un concert consacré au répertoire allemand de la première partie du XXe siècle, qui permettra de découvrir une œuvre moins connue : Das Marienleben de Paul Hindemith.
Au programme :
Richard Strauss : Metamorphosen
Paul Hindemith : Das Marienleben
Gustav Mahler : Symphonie n°4 en sol majeur
Composées du 13 mars au 12 avril 1945, les Métamorphoses furent créées le 25 janvier 1946 à la Tonhalle de Zurich. La vie musicale de Richard Strauss était alors essentiellement derrière lui. Capriccio (1942) avait permis au compositeur de renouer avec le style du Chevalier à la rose. Les Métamorphoses le ramenèrent à l’un de ses genres de prédilection : le poème symphonique. Les grands poèmes symphoniques de Strauss appartiennent tous à sa première période.
Les Métamorphoses sont une œuvre tardive : Strauss avait 80 ans lorsqu’il écrivit ce monument de concentration, de rigueur et de sobriété, si éloigné de ses habituelles orgies sonores et orchestrales. L’œuvre se présente comme un long adagio. Écrit pour 23 cordes, l’ouvrage déroule sans répit une ligne continue de presque une demi-heure, d’un profond pessimisme.
En octobre 1943, un bombardement détruit l’ancien Opéra de Munich. Pour Richard Strauss, c’est une tragédie personnelle : « La plus grande catastrophe de ma vie, je suis anéanti », dira-t-il. C’est de cette douleur que naîtront les Métamorphoses, méditation funèbre sur le deuil de Munich. C’est aussi l’adieu à une culture musicale abolie en même temps que l’évocation d’un monde en transformation. Sur la partition autographe figurent ces simples mots : « In Memoriam »…
Ce cycle de 15 lieder pour soprano et piano sur des poèmes de Rilke fut composé par Paul Hindemith en 1922-23, puis remanié entre les années 1936 et 1948. En 1938, puis en 1948, Hindemith orchestra certains des lieder. Ceux que nous entendrons au cours de ce concert sont : Geburt Mariä - (Naissance de Marie), Geburt Christi - (Naissance du Christ), Vor der Passion - (Avant la Passion) et Vom Tode Mariä III (Sur la mort de Marie III).
Hindemith emploie des formes strictes (passacaille, thème et variations), une écriture souvent modale et pentatonique, des motifs mélodiques imprégnés de chant grégorien, un contrepoint linéaire, austère, qui accentuent la spiritualité de ces pages, quasi exemptes de figuralisme, effusions lyriques et sentiments dramatiques.
1. Bedächtig. Nicht eilen (Allegro)
2. In Gemächlicher Bewegung. Ohne Hast
3. Ruhevoll (Adagio)
4. Sehr behaglich - « Das himmlische Leben »
Chaque symphonie de Mahler est une plaque tournante et un nouveau point de départ par rapport aux précédentes. La Quatrième Symphonie, composée en 1900, trois ans après que Mahler a été nommé directeur de l’Opéra de Vienne, est en quelque sorte l'aboutissement logique de la Troisième, qui retrace la construction du monde : pierre, monde animal, sphère humaine, limbe divine.
La Quatrième est, logiquement, l'épilogue dans le Ciel, « Das himmlische Leben ». Mahler utilise dans le quatrième mouvement un texte extrait des poésies populaires allemandes collectées au XIXe siècle par Achim von Arnim et Clemens Brentano (Mahler avait tiré de ces poèmes les chants du cycle Das Knaben Wunderhorn). Le Lied « Das himmlische Leben » n'est en rien illustratif, il est en rapport étroit avec la structure d'ensemble des trois mouvements précédents. On trouve dans la partition une indication du compositeur précisant que la partie vocale doit être chantée « avec le caractère serein de l'enfant, sans aucune parodie ».
Lors de sa création à Munich en 1901, sous la direction du compositeur, l'ouvrage fut mal accueilli par la critique qui n'y vit que des choses « grotesques », « comiques », et se moqua des « plaisanteries instrumentales », comme ce violon solo accordé un ton trop haut comme un crin-crin grinçant qui donne au deuxième mouvement l'allure d'une danse satanique : « Partout un étalage de toutes les blagues orchestrales possibles pour rehausser une abomination stylistique, difforme et anéantie par tous ces détails spirituels... » Lors de la création française en 1914, Vincent d'Indy se débarrassa d'un trait de plume de la Quatrième Symphonie en écrivant qu'il s'agissait d'une « musique pour Alhambras ou Moulins-Rouges, pas pour des salles de concerts symphoniques ».
Peut-être la Quatrième Symphonie demandait-elle alors trop au public. Mahler surprenait déjà par la dimension restreinte de l'ouvrage : moins d'une heure (à peine plus longtemps que le premier mouvement de la Troisième !), quatre mouvements traditionnels, suppression des trombones et du tuba, plus de choeur. Mahler a cherché, indéniablement, une nouvelle approche : « Atteindre la routine ne sert à personne ; pour faire quelque chose de nouveau, il faut réapprendre du début. Rester éternellement un débutant ! »
Place de la Bastille 75012 Paris
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