L'homme à l'orchestre

du 20 décembre 2002 au 25 janvier 2003

L'homme à l'orchestre

Récit théâtral et musical tout public accessible à partir de 8 ans.

Présentation
Notes du metteur en scène
L’homme à l’orchestre...

Récit théâtral et musical tout public accessible à partir de 8 ans. Un homme se réveille, le matin avec un orchestre au pied de son lit... Ne parvenant à s'en débarrasser, il se voit accompagné par cette bruyante et encombrante excroissance... Il comprend peu à peu que les instruments interprètent ses sentiments et ses pensées les plus intimes... 

Une absurde "descente aux enfers" commence alors pour lui: il perd travail, ami, logement... Il ne parvient même pas à mendier... donne-t'on l'aumône à quelqu'un entouré d'un orchestre? ni même à se jeter dans la Seine... trop de spectateurs viennent applaudir les instruments qui lui jouent une dernière aubade....

Si l'homme à l'orchestre apparaît comme un récit jouant de l'humour et de l'absurde, il vise également à des objectifs pédagogiques musicaux...

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Que se passerait-il si un incident, une apparition non désirée s’imposait à nous et révélait notre imaginaire et notre sensibilité ? Le texte de Louis Cervin raconte comment un homme des plus communs se voit flanqué d’un orchestre qui le suit en tous lieux... La peur de cette irruption bruyante et colorée le pousse à s’en défaire au plus vite ... Mais l’orchestre le poursuit et envahit sa vie et le projette hors d’un quotidien monotone et commode... Il perd tout : appartement, travail, ami, pour se retrouver au bord du suicide. La musique tout en l’acculant à la solitude, le rattrape et le sauve... il se rend compte qu’elle l’accompagne dans toute sa vie émotionnelle et recèle une indispensable beauté... Il apprendra peu à peu à l’apprivoiser et à la partager...

La mise en scène consiste à marquer et mettre en valeur le dialogue entre le monde réel et le monde imaginaire ; le quotidien et le monde du sensible. D’abord, dans un contexte d’une routine souvent incolore : cycle, actes sans cesse répétés, le comédien entrera peu à peu dans le monde de l’orchestre : monde de musique et d’images. 
Dans un premier temps, le spectateur percevra l’irruption de ces images à travers le regard du personnage lui-même, qui pense que tout ce qui lui arrive est le fruit d’hallucinations, de la fatigue ou du rêve.
Mais peu à peu, cette interpénétration se soldera par la victoire du monde du sensible qui contaminera peu à peu la réalité ... Même si durant toute une partie du texte - la plus comique - l’irruption de l’orchestre ne se déroule pas sans heurts, ni sans dégâts... 
Le monde réel devient ainsi de plus en plus irréel musique et dessin deviennent de plus en plus présents.... 
Ce Crescendo ne s’arrêtera qu’avec l’image particulièrement émouvante et apaisante de la solitude du personnage... seul, avec son orchestre dans le squat - possible métaphore de l’artiste. Avant une dernière partie marquant une sorte d’harmonie : le partage de l’orchestre avec autrui.

Pour soutenir ces propos, une collaboration étroite se nouera entre vidéaste, dessinateur et compositeur. Dans un espace noir et vide apparaîtront comédien, images et musique. D’abord seul, l’acteur, avec sa simplicité de narrateur subira une prise de pouvoir progressive du monde de l’imaginaire. Peu à peu dessins, musique, images dicteront leur loi et contamineront son jeu... le comédien dialoguera, évoluera avec l’écran, parlera selon les rythmes de la composition... jusqu'à l’apaisement final...

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Conte musical pour comédien et sept instruments

Un homme entre lentement sur scène. Il regarde avec inquiétude derrière lui... on entend une phrase musicale dans le lointain.

Est-ce que l’on sait pourquoi... 
Est-ce que l’on sait pourquoi un matin, sans raison, on s’éveille avec un orchestre au pied de son lit.
Et quand je dis orchestre... je devrais parler d’un petit ensemble, d’une vague formation... d’un embryon d’harmonie qui au lever du jour...
Mais je vais trop vite... Il faut raconter cette histoire avec précision, donner tous les détails, revenir à ce matin, à ce matin, il y a déjà une semaine...
Je finissais doucement ma nuit... je savourais les derniers instants d’un repos bien mérité : la veille, un ami m’avait invité à une fête qui avait duré jusqu'à l’aube, mariage, départ, retour, aménagement, déménagement... je ne m’en rappelle plus... ce dont je me souviens par contre, c’est que nous avons passé une de ces soirées, comme on en connaît peu ; nous avons chanté, nous avons dansé... et puis nous avons ri, et encore dansé, et chanté, dansé et ri, ri et dansé... bref, je rêvais encore, ce matin-là quand... (quelques notes de musique semblent déjà illustrer le récit, un orchestre entre doucement sur scène)... quand ce bouquet d’instruments me réveille en fanfare... On aurait pu s’attendre à une douce mélodie... non... lui, me lance aux oreilles un large roulement de tambour... une série d’accords retentissants... J’en suis presque tombé de mon lit (l’orchestre se souvient)

Bien sûr, je grogne un peu, place un oreiller au-dessus de ma tête, lui crie quelques injures, siffle, geint... en vain... les vents continuent à souffler, les tambours battent de plus belle... et pour me faire plaisir sûrement, voilà que l’orchestre entonne une ode au lever du jour. 

On aurait dit qu’il parlait, qu’il me disait... je ne sais pas : « le soleil, déjà haut dans le ciel attend votre réveil ! »... une phrase du même genre... du moins ce fut mon sentiment... je veux dire... qu’il parle comme vous et moi... sauf que ce matin-là, j’avais surtout l’impression d’entendre une perruche, un mainate, un perroquet... un de ces oiseaux bavards et grognon. Comme je ne me réveillais pas, il répétait, répétait sa chanson reprenant à peine sa respiration... (note 1)

Qu’auriez-vous fait à ma place ? Moi, j’ai jeté sur lui tout ce que j’avais à portée de main : oreiller, livre, chaussure, lampe de chevet, téléphone, bocal à poissons rouges, tirelire, photographies de ma grand-mère, tout... Rien à faire : il continuait à jouer, imperturbable, détachant chacune de ses notes, appuyant chacun de ses accords.

Comme j’ai bon caractère, je préfère les ignorer tous autant qu’ils sont, violon, violoncelle, trompette, clarinette, hautbois ou tambourins... Je décide qu’il s’agit d’un rêve, d’un mirage, du soleil qui me tape dans les yeux, au pire d’une légère hallucination parce que j’ai un peu trop mangé ou trop bu, hier soir... Il me suffit de sortir du lit, de m’éveiller et tous ces fantômes disparaîtront comme ils sont apparus... 
De toute façon, je n’ai plus le temps de me poser de questions, il est l’heure de faire un brin de toilette et de sauter dans mes vêtements... j’entre dans ma salle de bain, certain que tout ce capharnaüm ne sera plus qu’un mauvais souvenir une fois mieux réveillé... Je me déshabille, baille à deux ou trois reprises, ouvre tout grand les robinets, courageusement, me passe un peu d’eau sur le visage. Je commence déjà à rire en repensant à cet orchestre, au pied de mon lit... quelle idée ... on perd facilement la tête, tout de même !.. 
Mais alors que je me penche sur le lavabo, une brève mélodie retentit : un ragtime boiteux, aussi désarticulé que mes mouvements, aussi grinçant que mes articulations au réveil, avant ma petite gymnastique matinale. 
Et le plus incroyable, c’est que chaque accord suit le mouvement de mon gant de toilette, le va et vient de ma brosse à dents, les allers - retours de mon beau peigne en bois. (l’orchestre rejoue le ragtime)
Je me précipite dans la cuisine : un bon café aura raison de toutes ces visions... un café bien fort... et je n’entendrais plus rien !.. La journée reprendra son cours... Je descendrai dans la rue, discuterai un moment avec ma voisine, Madame Bécarre, traverserai le parc, lirai mon journal sur un banc, je donnerai un peu de pain aux moineaux, puis tranquillement j’irai au travail et déjeunerai dans mon restaurant préféré... Aujourd’hui, pour me remettre de mes émotions, je prendrai même une énorme soupe fumante et deux, non trois parts de leur meilleur gâteau... tant pis pour le régime !

Mais alors que j’avale en tremblant ma tasse de café, j'entends derrière moi une sorte de frémissement : la flûte lance quelques notes joyeuses, reprises par le violon puis le saxophone... On dirait que l’orchestre a lui aussi vraiment fini de s’éveiller : il joue de plus en plus fort, de plus en plus gaiement, faisant résonner dans toute la maison un vibrant allegro, une mélodie pleine de passion... 
Je ne me souviens pas de tout ce qui s’est passé à ce moment-là... Ce dont je suis certain, c’est que j’ai crié, j’ai crié, crié jusqu'à en perdre la voix... L’orchestre en a presque arrêté de jouer... Et quand, aphone, je me suis tu, épuisé et en nage, je l’ai aperçu, recroquevillé dans un coin... Il répétait sa mélodie tout doucement, piano, pianissimo... J’ai voulu en profiter, pousser un peu mon avantage. J’ai pris mon air le plus sombre ; je l’ai regardé, l’air revêche, le sourcil froncé, l’œil noir... Lui, n’en menait pas large ; il se faisait tout petit dans un coin de la cuisine et ne lançait plus que quelques notes de temps en temps ; et encore des notes pas bien sonores presque des soupirs... J’étais impressionnant, je le regardais avec colère, la tête dressée, les poings serrés...

C’est à ce moment-là que j’ai fait une belle bêtise. Devant tous ces instruments, serrés les uns contre les autres, pavillon ou archet baissés, j’ai souri ! Leurs petites mines, leurs airs penauds, confus m’avaient attendri. Et puis, c’était la faute de ce tuba, tout rond, tout brillant, aussi large que haut, lui qui d’habitude a une voix si grave, il n’osait plus jouer... on n’entendait plus que le léger cliquetis de ses clefs qui s’entrechoquaient... et un filet de son, tout fluet, tout tremblotant... 
J’ai souri ! (alors que justement, il sourit, l’orchestre recommence à jouer joyeusement. Il poursuivra sa mélodie un petit moment) 
Si j’étais resté ferme, si j’avais gardé un air menaçant peut-être seraient-ils partis... peut-être ma vie aurait-elle repris son cours... mais j’avais souri, tout benêt que je suis ; et eux, tout heureux, pouvaient se redresser, s’ébrouer, s’accorder. Un si par là, un la par ci... je veux dire... Ils pouvaient recommencer à jouer à pleine voix! Mezzo Forte... Et plus de sourdine, plus de piano... Forte... les instruments s’en donnaient à cœur joie... Forte... Fortissimo... J’ai appris tous ces termes, tous leurs mots, depuis ce matin-là... Piano... Pianissimo... Forte... Fortissimo (le comédien doit élever la voix, l’orchestre effectuant ces nuances. Il chante presque - note n° 2). 

Moi, certain à présent que je ne rêvais pas, certain qu’ils resteraient autour de moi, je commençais à m’inquiéter un peu... Je n’avais rien demandé ! Je n’avais rien fait ! Que me voulaient-ils, à la fin ? Pourquoi m’avaient-ils choisi, moi ? Tout ce que je voulais, c’était passer la même journée que celle d’hier, d’avant-hier, d’avant-avant-hier, d’avant-avant-avant-hier... une journée aussi tranquille, aussi ennuyeuse que d’habitude... pas ce cauchemar assourdissant.
Pour dire la vérité, je tremblais comme une feuille, malgré les efforts des instruments les plus doux, les plus délicats... ils s’étaient approchés et jouaient doucement contre mon oreille. Ils faisaient de beaux efforts, tous autant qu’ils étaient, vents, cordes, percussions... ils cherchaient à me rassurer... en... je ne sais comment dire... on aurait juré qu’ils me racontaient des histoires... qu’ils me disaient un poème... qu’ils... enfin... je ne sais ce qui m’a pris, j’ai fondu en larmes... (note n°3) un peu rassuré, je me suis approché leur ai parlé pour la première fois, je leur ai demandé pourquoi ils ne me quittaient plus d’une semelle, pourquoi ils restaient là devant moi... mais j’avais beau les regarder, les interroger, ils ne répondaient rien, ils continuaient de jouer, ils continuaient... soufflant, frappant, vibrant, frottant sans s’arrêter... 

Suffit ! Cela avait assez duré ! Je me suis bouché les oreilles, et tout s’est brusquement calmé... j’allais revenir à moi... (en effet la musique cesse rapidement)... 
Comme l’heure avait tournée, il me fallait partir au travail sans me retourner, sans penser à ces visions, et le soir, à mon retour, bien sûr tout serait rentré dans l’ordre... mes idées en place, et les orchestres dans leurs salles de concert... Je lace mes chaussures, jette une veste sur mes épaules, sur un large... comment dit - on déjà ? un large crescendo... Eh ! Voilà que je parle comme eux... Sans regarder derrière moi, je sors de mon appartement et cours vers l’ascenseur.

Vingt minutes que j’y suis resté bloqué ! Une corde, un archet, je ne sais quoi s’était coincé dans la grille... Les instruments m’entouraient toujours et j’avais trop vite fermé la porte...
Heureusement la concierge alertée par mes appels et les trilles des flûtes était arrivée en courant. Vingt minutes de retard de plus ! Et un quart d’heure encore pour la réanimer... elle avait mal supporté de voir un tuba, un violoncelle et quatre timbales sortir derrière moi !

Le temps de dévaler l'escalier, nous nous retrouvons dans la rue, en bas de l’immeuble. Nous avançons d’abord lentement. L’orchestre marque joyeusement le rythme de mes pas ; les gens se retournent à notre passage, et me saluent avec courtoisie, impressionnés par notre cortège. Monsieur Da Capo, le pharmacien se met même à applaudir , croyant suivre un défilé... un ou deux chiens aboient et courent joyeusement devant nous... j’en aurais bien profité pour me balader un peu dans le quartier... je ne sais pas... passer à la boulangerie, au café dire bonjour à mes amis, ou lancer un petit coucou à mon banquier. 
Il fallait plutôt se presser et rejoindre mon arrêt de bus ; l’heure avait tourné. J’accélère le pas, courant presque, poussant l’orchestre d’un largo à un adagio, d’un andante à un moderato, d’un allegro à un allegretto, d’un presto à un press... à un prestissimo... (le comédien et l’orchestre se sont accordés pour effectuer une véritable et spectaculaire accélération - note n°4).

A peine arrivé à la station, je saute souplement sur le marchepied et salue M. Capella, le conducteur du bus 440. Une mélodie un peu... aigre retentit: dans ma hâte, j’avais oublié ce qui avançait lentement derrière moi... et si M. Capella sourit en voyant la flûte ou violon, il fait la moue devant le saxophone ou le violoncelle... 
Alors que les instruments grimpent un à un dans l’autocar, il s’impatiente et commence à ronchonner : l’orchestre un peu emprunté, ne sait comment entrer... où s’installer... comment s’asseoir... 
Comme le temps passe, les gens soufflent et soupirent... leurs pieds se mettent à frapper le sol avec nervosité ; une dame proteste contre ces êtres venus d’on ne sait où qui vous dérangent, vous bousculent et vous retardent sans aucun savoir-vivre... un homme se lève et commence à se plaindre... 
Heureusement, les premiers instruments à être entrés, décident de jouer pour encourager les autres - je ne sais plus exactement quoi - une sorte de ritournelle obsédante, pour accélérer le mouvement. Devant cette bonne volonté manifeste, ces efforts méritoires, les passagers se calment un peu, et observent plus patiemment les efforts de l’orchestre pour entrer... Je les assure que nous allons partir dans quelques instants.. Sauf que... Sauf que les timbales ne parviennent pas à passer la porte. 
C’en était trop ! Le conducteur menace de démarrer à l’instant, applaudi par l’ensemble des passagers. J’allais me lever, m’interposer : ces pauvres instruments prenaient quand même le bus pour la première fois... J’aurais vu avec curiosité Monsieur Capella abandonner son bus pour conduire un orchestre symphonique ou même un orchestre de chambre... 
Je me préparais à lui dire franchement le fond de ma pensée quand j’entendis une vilaine mélodie venir des quatre coins du bus... l’orchestre protestait... il grondait... ânonnait des petites mélodies, des petites phrases ironiques... presque des éclats de rires, méchants, sardoniques.... Il fallait trouver une solution au plus vite... avant que la situation ne dégénère. 
Je me creusais la tête quand un jeune homme se lança contre les tambours, les bourrant de grands coups de poing et d’épaule, les poussant à l’intérieur... la porte pouvait enfin se fermer... 
Aussitôt, nous nous tassons tous au fond du véhicule et le bus démarre... L’orchestre entonne une chanson un peu jazz pour fêter l’événement. Ma voisine, emportée par le mouvement, pose son sac sur mes genoux, claque des doigts en mesure, esquisse quelques pas de danse... nous parcourons un bon kilomètre dans une vraie ambiance de fête.

Notre joie n’allait pourtant pas durer. Après quelques arrêts, les passagers commencent à s’agiter... Si, de bon gré, ils avaient accepté de rester debout, de se serrer un peu pour laisser leurs places habituelles aux instruments, ils voulaient sortir au moment désiré... Mais essayez donc de passer par dessus un xylophone ou entre les cordes d’une contrebasse !... 
Quelques personnes se contentent de protester, mais un vieux monsieur plus pressé que les autres, décide d’agir vigoureusement... il prend son parapluie et commence à pousser un violoncelle récalcitrant.
Qu’avait-il fait ? ! De toute part, on entend comme des grondements sourds, des accords menaçants. L’orchestre ne voulait plus céder le passage ! (il revit ce moment, seul, d’abord, puis rejoint par l’orchestre.)
Moi, je fais comme si je ne remarquais rien.... je regarde par la fenêtre, je tousse, je me gratte le menton et le haut du crâne, alors que la situation vire au drame ! Le vieux monsieur, rendu furieux par la résistance des cordes, attaque, frappe le violoncelle de son parapluie et pousse des cris de... de toréador... l’orchestre répond de plus en plus fort: un air affreux retentit, sinistre, terrifiant. Les autres passagers se font tous petits... une jolie dame en robe rouge, de peur, me tombe sur les genoux... 
Surpris, je pousse un cri, la flûte, bloquée à mes côtés sursaute à son tour puis couine comme un petit chien. Ce qui fait pleurer un gamin, et un violon, tous deux recroquevillés au fond du bus... (note n°5)
L’homme au parapluie, lui, se moque de tout ce vacarme, des grondements de la contrebasse, du saxophone ou de la trompette. Il poursuit son avancée vers la porte... en agitant énergiquement son parapluie dans tous les sens... il progresse peu à peu vers la sortie. S’il avait seulement regardé autour de lui, il aurait remarqué que l’orchestre faisait déjà de son mieux pour le laisser passer : tous les instruments s’étaient collés aux parois de l’autobus, juchés les uns sur les autres, la flûte sur le tuba, le violon sur la contrebasse. 
Enfin, on entend un énorme fracas : la porte s’ouvre et le vieil homme triomphant descend de l’autobus.
Je me lève aussitôt, le souffle coupé... il faut descendre à mon tour, pour éviter un nouvel incident... je me précipite vers la porte, faisant de grands gestes derrière moi, pour que l’orchestre ne rate pas l’arrêt...
Je finirai mon trajet à pied... en baissant la tête, nous passerons peut-être inaperçus... sauf que l’orchestre refusait de se taire... Le vieil homme en passant la porte avait par accident brisé les deux baguettes d’une timbale et une corde du violoncelle...
A cause d’une pauvre corde de violoncelle et de deux baguettes de vieux bois... on aurait dit que tout l’orchestre pleurait ! 

Le pire restait pourtant à venir ! 
De plus en plus en retard, je me précipite dans le bel immeuble où je travaille depuis un peu plus de quatorze ans deux mois, trois semaines, et six jours... Je m’installe à ma place le plus discrètement possible et attaque fébrilement mes tâches de la journée; mais il ne faut pas plus d’une demi-heure pour que tous mes collègues m’entourent et me harcèlent de questions. Pourquoi une flûte repose-t-elle sur ton épaule ? Et pourquoi une trompette se cache-t-elle sous ton bureau ? Et puis que fais-tu avec un violon qui sort de ton placard ? Nous parlons tous les deux dans tous les sens... je veux dire l’orchestre et moi... J’essaye d’expliquer la présence de tous ces instruments, je raconte nos récentes aventures, l’orchestre lancent ses mélodies dans tous les sens... je dois avouer que notre auditoire semblait captivé... nous cherchons à tout raconter... même Monsieur Octave Staccato, notre chef-comptable, qui ne m’avait jamais adressé la parole, écoute bouche bée, la main amicalement posée sur la contrebasse. 

Tout à notre récit, nous ne remarquons pas la furieuse cavalcade qui s’approche rapidement... Monsieur Canard, notre directeur, arrive en trombe, l’air sombre et féroce. D’un grand geste, il m’ordonne de le suivre dans son bureau où malgré mes supplications, on me donne une heure pour régler ma situation, et débarrasser le plancher de toute personne étrangère au service. J’essaye de m’expliquer calmement, mais Monsieur Canard ne veut rien entendre. Il refuse d’un cri toutes mes excuses ; il reste sourd à toutes mes demandes. 
Aussitôt, les cordes se mettent à gronder à mes côtés... L’orchestre veut m’encourager, me signaler son soutien. (note n°5bis)
D’un petit geste de la main, je lui demande de se taire... inutile d’envenimer la situation... Je grimace un petit sourire et voilà mon orchestre qui entame une sérénade pour calmer notre directeur courroucé.

Mon orchestre !.. Je n’écoute plus, je n’entends plus les reproches du petit Monsieur Canard qui hurle maintenant à perdre haleine - vous avez remarqué les gens qui hurlent sont souvent tout petits... Je n’écoute plus rien : je sens mon orchestre qui vibre à mes côtés... je viens de comprendre, tous ces instruments, ces magnifiques instruments interprètent tout ce que je sens : nous jouons à l’unisson, nous tenons le même vibrato... ils ont décidé de suivre chacun de mes mouvements, de m’accompagner partout où j’irai:... Ils... comment dire ?.. Ils transforment chacune de mes pensées, chacun de mes sentiments en notes de musique, en rythme, en mélodies... J’en suis fier... j’en suis tout retourné... J’ai envie d’applaudir et d’embrasser tout le monde, même Monsieur Canard.
Du moins, au début... Parce qu’après m’avoir raccompagné jusqu'à mon bureau... 

Mais je dois raconter tout cela avec un minimum de précision... 
Il faut d’abord que vous sachiez que lors de ma quatrième petite pause du matin - pour mieux me concentrer, j’ai en effet l’habitude de prendre une pause ou deux toutes les demi-heures... A la quatrième pause donc, durant un repos bref et mérité... ils... (l’orchestre joue une berceuse)... Ils ont décidé de m’aider à m’endormir... et de jouer une délicate berceuse. Ils pensaient bien faire et ils ont soigné leur morceau. D’abord en solo pour ne pas alerter mes collègues, ils se sont pris au jeu : un alto a rejoint le violon, une flûte s’est ajoutée au duo, puis une clarinette aux trois instruments... et ainsi de suite... nous sommes passés du quatuor au quintette, du quintette au sextuor, du sextuor au... pour qu’à la fin, je sois bercé comme je ne l’ai jamais été... que je navigue sur un nuage bleuté empli de centaines de mélodies.. (note n°6) A mon réveil, je fus pourtant surpris par la présence de mes collègues tout autour de moi : ravis, ils écoutaient en battant doucement la mesure... pendant que Monsieur Canard, lui, battait violemment du pied sur le sol.

L’affaire fut rapidement expédiée. Dix minutes plus tard, deux gardiens venaient nous raccompagner à la porte. Moi, je pleurais un peu alors que les vents entonnaient une lamentation à fondre en larmes. Il y eut bien deux ou trois personnes pour me lancer un petit signe de la main. Mais la plupart de mes collègues baissaient le nez sur leur bureau pendant que je rangeais mes affaires. Je sortais déjà de l’immeuble quand un des gardiens vint me chuchoter à l’oreille: « mon pauvre ami, on vous regrettera et lui aussi, on l’aimait bien votre orchestre, il a mis de l’ambiance, toute la matinée, pour vous dire, après que vous vous soyez endormi, il a voulu nous faire plaisir. Il nous a joué des valses, des tangos... Rassurez-vous ! Nous ferons très attention à ne rien abîmer en le jetant dehors, ni cordes, ni peaux, ni chevalets, ni clefs, ni pavillons... et revenez nous voir quand vous voudrez, à partir de cinq, six heures, dès que Monsieur Canard sera sorti. Nous organiserons une belle soirée. »
Les quelques jours qui ont suivi ont été pour moi un véritable calvaire : après mon travail, j’ai perdu mon logement. Mes voisins ne les supportaient plus... je veux dire mes voisins ne supportaient plus la trompette, ou les tambours qui se faisaient entendre à toute heure du jour ou de la nuit... Du matin au soir, l’immeuble retentissait suivant mes humeurs ; lorsque je riais, tout le monde en profitait jusqu'à la rue. Vous avez déjà essayé de ne plus vous amuser ! de ne plus vous énerver ! Je ratais une mayonnaise, on entendait mon orchestre deux immeubles plus loin... Je recevais une facture, on le savait de l’autre côté de la rue... Et si on venait se plaindre, il faisait fuir mes visiteurs ; il leur lançait aux oreilles presque un hurlement... un allegro furioso... il leur répondait ! Mon voisin, frappe avant-hier à la porte, il n’était pas cinq heures du matin ; un cauchemar m’avait réveillé : « C’est pas bientôt fini. Votre... ce... tous ces instruments... là... ne cessent de jouer depuis une demi-heure ! Laissez donc dormir les honnêtes gens ! ». Il s’énerve et défonce presque la porte, alors que les roulements de tambours deviennent assourdissants. Il crie pour couvrir les croches et les double-croches des percussions, le violon et la contrebasse couvrent sa voix de pizzicati retentissants... 

Finalement, plus on venait se plaindre, plus il devenait bavard. Et impossible de l’enfermer. Le soir, si j’étais parvenu à le faire entrer dans un placard ou un débarras, je l’entendais pleurer et appeler à perdre haleine... 

Et pensez à mes amis... imaginez nos discussions entrecoupées par leurs interventions, nos soirées accompagnées de suites, de sonates, de trios, de symphonies. Et puis, il ne sait pas s’arrêter, au lieu de se taire, de se faire tout petit, il en rajoute, interprète tout son répertoire... il suffit qu’une clarinette lance deux-trois notes, le violon veut s’y mettre et puis la flûte, la clarinette... les cordes commencent, les bois répondent... il entonne un air et le développe fièrement en plusieurs variations... une danse et puis une autre... à deux temps pour une marche, à trois temps pour une valse... (l’orchestre en donne un exemple) (note n°7)

Et pour les... je veux dire... il suffit qu’une... que je veuille parler à... parler à une jeune fille... pour que... 
Nous discutons tranquillement au café... la radio diffuse une de ces chansons que tout le monde adore... (l’orchestre entonne un rap, une danse très rythmée) nous sourions... nous faisons doucement connaissance... Et voilà qu’aussitôt le violon s’accorde, le hautbois, la flûte, le piccolo... Ils viennent jouer autour de nous, l’air qu’on vient d’entendre à la radio, mais de manière romantique... abominablement romantique. J’ai beau faire semblant de ne pas les entendre, j’ai beau tousser à m’écorcher la gorge pour couvrir l’orchestre... toutes les têtes se tournent vers moi... je n’ai qu’une envie, trouver un trou de souris pour m’y précipiter... la demoiselle, elle, devient toute rouge... Non, je préfère rester tout seul. (note n°8)

Bien sûr, j’ai réfléchi à la manière de profiter de tous ces instruments ! Pourquoi ne pas aller dans un café, par exemple et y mettre un peu d’ambiance... je me ferai quelques amis, nous serons les vedettes de la soirée, et - qui sait ? les gens nous apprécieront assez pour que je retrouverai aussitôt un travail ! Mais que faire d’un orchestre qui joue ce qui lui passe... ou plutôt ce qui me passe par la tête... Il suffit d’une pensée triste et voilà tous les violons qui lancent des accords dissonants, les vents qui descendent leurs gammes en sombres legatos... 

J’ai même essayé en désespoir de cause, de faire la plonge, mais nous nous ennuyons tellement qu’il cherchait par tous les moyens une idée pour passer le temps : fugue, canon. A chaque assiette, il reprenait une mélodie... une assiette, la mélodie une première fois, au saxophone par exemple, une deuxième assiette, la mélodie au violon, une troisième, à la clarinette... ainsi de suite... un peu comme « un kilomètre à pied... ça use...ça use... » :(L’orchestre lance un canon, sur les recommandations presque chantées du comédien. Note n°9). Le restaurant se vidait : les clients venaient tous s’installer dans les cuisines pour nous écouter.

J’ai continué à chercher du travail ici et là... mais le cœur n’y était plus... Lorsque vous entrez avec une tripotée d’instruments derrière vous, on vous regarde d’un drôle d’air. On vous demande de faire attention à la décoration ou aux meubles, on vous dit : « nous ne sommes pas une brocante, ni une salle d’attente, Monsieur, laissez donc vos affaires dehors. On ne vous les volera pas... si vous en amenez un de plus ici, nous allons étouffer. ou encore... nous avons quelques bibelots et des objets fragiles ici, la prochaine fois, amenez donc un crocodile, un éléphant ou un cheval... » 

Il y a quelques jours, je suis allé sur les marchés, certain qu’il y mettrait un peu d’animation, que les gens apprécieraient de faire leurs courses en musique. J’avais demandé à mon grand oncle, Monsieur Rubato, de cueillir quelques légumes : carottes, navets, poireaux, pommes de terre, potirons. J’étais arrivé très tôt sur la place de la ville, certain que tout se passerait bien : pendant que je vantais mes navets, mes carottes... « ils sont beaux, ils sont frais, ils sentent bon, mes poireaux, mes oignons, mes pommes de terre.»... l’autre, là travaillait à l’unisson... un compliment, un bel arpège, un argument, quelques accords bien tournés... un trémolo... une trille, un... un je ne sais quoi... sauf qu’un matin, emporté par l’élan, je me suis déchaîné... et lui, s’est surpassé... on arrivait de partout pour nous écouter, on s’accrochait à mon étalage, on voulait à tout prix mes navets, mes potirons... Et dans la cohue, dans l’enthousiasme, on oubliait de me payer.
A la fin, comme il ne restait plus rien, j’ai arrêté les marchés.

Je l’ai amené dans une école de musique... là au moins, on ne l’aurait pas remarqué... il aurait pu se montrer utile... mais, voyez-vous, à part jouer, il ne sait rien faire : il ne parle pas, il ne sait pas placer ce qu’il joue sur une portée... vous savez ces cinq lignes sur lesquelles, on trouve toutes les notes de la gamme : do, ré, mi, fa, sol, la, si, lui ne les connaît pas. Comme, il travaille d’instinct, il ne dessine ni clef de sol, celles des instruments aigus, ni clef de fa celle des instruments les plus graves. (l’orchestre accompagne ces paroles de grands mouvements d’ensemble, graves ou aigus. Note n°10). 

Ensuite, plutôt que revivre des moments aussi difficiles... j’ai décidé de ne plus rien tenter... je ne me présentais plus aux entretiens pour retrouver du travail, l’orchestre m’aurait accompagné !.. Me sentant inquiet, aux premières questions, il serait devenu insistant, suppliant, aux premières remarques, il se serait agité, aurait lancé une série de roulements de tambours, d’accords discordants.

Je préférais rester dans une vieille maison abandonnée près de la gare, derrière... Toute la journée, on pouvait me trouver là-bas prostré, lui qui jouait doucement à mes côtés. Oui... nous étions passés des fanfares, des grands accords majeurs victorieux, aux refrains les plus sombres, les plus tristes. (L’orchestre entonne une même mélodie sur les deux modes. note n°11) Do majeur à do mineur ; la majeur à la bémol mineur ! Assis l’un à côté de l’autre, nous nous plaignons ensemble, nous nous lamentons de concert...

Je ne pouvais même pas faire la manche ; essayez donc de demander un franc ou deux avec tout un orchestre derrière vous. Même s’il entonne une chansonnette, on vous regarde avec méfiance, on cherche plutôt à vous voler un tuba ou un hautbois qu’à vous donner une petite pièce. 

Et difficile de perdre tout un orchestre... je suis bien allé d’une porte à l’autre, courant, zigzaguant, pensant qu’il se mettrait à suivre quelqu’un dans la rue mais il ne me quittait pas d’une semelle... Dès que mes instruments me perdaient de vue, ils se plaignaient à fendre l’âme... ils lançaient des notes tellement déchirantes qu’il se trouvait toujours une bonne âme pour me les ramener, le sourcil froncé, le front plissé: "vous n'avez pas honte de les abandonner. Pourquoi ne pas les attacher, comme un pauvre chien avant les vacances, pendant que vous y êtes!"... Et puis, impossible de s’en débarrasser par la force, un coup de baguette ou d’archet est vite attrapé... C’est qu’il paraît tellement fort, tellement puissant mon orchestre.

Il y a quelques jours, j’ai même tenté de le faire boire ! Mais il continuait à jouer envers et contre tout... sauf que cette fois, il interprétait n’importe quoi, entonnant une java quand j’avais le cœur gros, un blues quand j’avais envie de rire...

Il y a trois jours, j’en avais même décidé de me jeter dans la Seine...
Je m’étais habillé d’une vieille veste noire et j’avais choisi un endroit où j’aimais me promener... Avant de me jeter à l’eau, j’avais bien sûr écrit une jolie lettre à mes amis et mes parents. Il ne me restait plus qu’à plonger, sauf que... tout autour de moi, une foule épaisse s’était installée : pour accompagner mes derniers instants, l’orchestre alternait une marche funèbre et mes morceaux préférés pour m’accompagner dans mes derniers instants : java, rumba, boléro. Un couplet plein de gaieté, un refrain à fendre l’âme. Tout le monde s’était approché du quai, pour regarder, et applaudir. (note n°12)

Finalement, il ne me restait qu’une solution: partir dans un désert, une steppe, une savane... loin, enfin... Je préparais déjà mes bagages, sourd aux horribles plaintes, aux tristes mélodies que l’orchestre me lançait à l’oreille quand un jeune homme vint frapper à ma porte : « excusez-moi, Monsieur. Nous vous observons depuis un moment, ma mère et moi, vous et toute cette bande... tous ces instruments. Ils vous suivent à la trace, jouent quand vous marchez, quand vous parlez, quand vous respirez ; ne pourriez-vous nous accompagner, les amener jusque chez nous... ma sœur... on ne sait quelle est sa maladie... elle maigrit, elle dépérit... Elle aime la musique ; vous lui donnerez un peu de joie, de distraction...»

Et seuls devant la jeune femme si triste, si pâle, nous avons joué comme jamais, enchaînant arias, fugues, suites et ritournelles. Deux nuits entières, la flûte et la trompette ont soufflé... Deux nuits entières, nous lui avons dit tout ce qui nous passait par la tête. La jeune femme semblait guérie, elle souriait, elle était remise - à moins qu’épuisée, ne pouvant plus nous supporter, elle ne soit en hâte sortie de son lit.

Depuis, on nous invite de plus en plus souvent à dîner... D’abord, il ne mange pas beaucoup, et puis il se tient bien. Lorsque les discussions s’enlisent... quand un vieil oncle, un grand-père a du mal à raconter une histoire, à donner un peu de vie à ses souvenirs... Cela n’a plus d’importance avec lui... il accompagne les récits leur donne tout le relief qu’il faut. L’oncle, le grand-père parle d’un loup, d’une toute petite voix, lui fait trembler toute la maison. Il parle d’hiver, de tornade ou de vent... la flûte, le saxophone, la trompette soufflent et tout le monde commence à frissonner. En deux accords, deux phrases mélodiques, il vous peint tous les paysages, tous les personnages que vous voulez. (note n° 13, l’orchestre donne une série d’exemples). Alors bien sûr, le grand-père, l’oncle se redressent tout fiers, et nous réinvitent dès le lendemain.

Depuis, on nous appelle dans toute la France... Il y a toujours des enfants tristes à faire rire, des familles à réconcilier, des jeunes enfants à rassurer, des voisins fâchés, des anciens oubliés. 
Hier, nous avons même fait pleurer un grand gaillard, la terreur du quartier.

Maintenant, j’aimerais vous apprendre un petit secret, le dernier... parce qu’on nous attend : l’orchestre va s’agrandir, son répertoire se développer : nous avons rencontré un ensemble tzigane... un ensemble tzigane suivant une jeune fille du nom de... mais cela est une autre histoire. Nous vous la conterons avec nos deux orchestres dès que nous le pourrons... dès que vous aurez un peu de temps.

En attendant, nous allons partir tous deux doucement à pied, en jouant une valse, un menuet ou un blues... je ne le sais pas encore...

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Spectacle terminé depuis le samedi 25 janvier 2003

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