Début juillet 44, tout foutait le camp.
Elle tourne Typhon sur Macao, joue Phèdre, passe ses nuits chez Maxim’s et dans les boîtes en vogue. Stella connaît la gloire dans les années quarante, avec son caniche Whisky et ses compromissions. Avec sa suivante, surtout ; une autre femme qui ne fréquente que l’ombre de la célébrité. Mylène, fille de concierge, condamnée à la face cachée du soleil, aux humiliations, crises de nerfs et caprices. Son amour, plus fort que tout mais déçu, traverse des accès de rage.
Avec Jean-Pierre Grédy, Pierre Barillet écrit dès 1946 un théâtre en or pour vedettes. Sophie Desmarets, Lauren Bacall, Ingrid Bergman, puis Catherine Frot ont joué Fleur de Cactus, Jacqueline Maillan Lily et Lily, Line Renaud Folle Amanda, Liv Ullmann 40 carats, et Catherine Deneuve Potiche au cinéma. Triomphe au Rond-Point en 2015 de L’Or et la Paille, orchestré par Jeanne Herry.
Écrivain, biographe, dramaturge hyperactif, Pierre Barillet a côtoyé Cocteau, Arletty, Dietrich. Il aborde dans son récit Quatre années sans relâche le rôle des artistes sous l’occupation. À quatre-vingt-treize ans, avec L’Ombre de Stella, il met en lumière ce même tabou. Acteur, cabarettiste, créateur travesti de Madame Raymonde, Denis D’Arcangelo se métamorphose, prend le rôle de l’amoureuse blessée. Le metteur en scène Thierry Harcourt, après le succès de The Servant au Poche, fait le portrait acidulé d’une femme partagée entre l’admiration et la haine.
« Le comédien se réinvente totalement en Mylène, personnage haut en couleur, certes, mais avant tout femme brisée. Evitant la caricature, il parvient en même temps à faire rire et à émouvoir, transcende les genres, pour incarner un monstre de nostalgie et de désespoir. Thierry Harcourt le dirige avec sobriété. » Philippe Chevilley, Les Echos, 22 mai 2017
« L’histoire est sincère, envoûtante et, du point de vue du sentiment humain exposé dans toute sa dimension, garde sa modernité la plus frappante. » Hadrien Volle, Sceneweb, 17 mai 2017
L’ombre et la lumière ! Ce concept est déjà théâtral et de ce fait me fascine. L’ambition assumée ou larvée, que choisir ? Le sentiment d’être resté dans l’ombre peut paraître comme un échec mais si de l’ombre les ficelles étaient tirées ?
Une vie, une époque, racontées par le prisme de Mylène Janvier, L’Ombre de Stella. Le talent de Pierre Barillet à dépeindre cette femme aux sentiments complexes, oscillant toujours entre humour et vérité tragique.
Toute cette période d’avant-guerre, des choix pris pendant l’occupation et de ses conséquences décrites minutieusement. Nous traversons le temps par un habile jeu de miroirs, le miroir aux alouettes ?
Avoir pour interprète Denis d’Arcangelo facilite le beau défi du metteur en scène que je suis. Aller au cœur de l’intrigue. Suivre les mots rares et précieux de Pierre Barillet et faire de ce monologue une fresque, une épopée. Beau challenge.
Thierry Harcourt
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris