Dès 6 ans.
Fantaisie lumineuse
Verbatim
Un album en musique
La presse
« Les boîtes à joujoux sont en effet des sortes de villes dans lesquelles les jouets vivent comme des personnes. Ou bien les villes ne sont peut-être que des boîtes à joujoux dans lesquelles les personnes vivent comme des jouets. » André Hellé
La Boîte à joujoux est une pantomime de Claude Debussy trop rarement représentée. L’oeuvre, composée à la veille de la Première Guerre mondiale, laisse filtrer les inquiétudes du compositeur. Le Piano Ambulant adapte l’oeuvre pour quatre musiciens et un cameraman bonimenteur qui filme en direct une sorte de cabinet des curiosités manipulé sous nos yeux. Musique et images réveillent alors la magie de cet étrange drame de la jalousie chez les joujoux.
« Des poupées dansaient : un soldat vit l’une d’elles et en devint amoureux : mais la poupée avait déjà donné son coeur à un polichinelle paresseux, frivole et querelleur. Alors les soldats et les polichinelles se livrèrent une grande bataille au cours de laquelle le pauvre petit soldat de bois fut fâcheusement blessé. Délaissée par le vilain polichinelle, la poupée recueillit le soldat, le soigna et l’aima : ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Le polichinelle frivole devint garde-champêtre. Et la vie continua dans la boîte à joujoux. » Extrait de la partition pour piano. Texte d’André Hellé.
Par Le Piano Ambulant.
Avec François Salès : manipulations, caméra et boniments
Christine Comtet : flûte, orgue indien, papier de verre…
Antoinette Lecampion : violon, alto, crécelle, mélodica…
Joël Schatzman : violoncelle, cymbale indienne
Sylvie Dauter : piano, carillon, kazoo…
Musique : Claude Debussy
Texte : André Hellé
Création lumière et scénographie : Pierre-Yves Boutrand
« Il a été question de monter La Boîte à joujoux à l’Opéra-Comique. C’est le parfait dessinateur Hellé qui a conçu les décors, la mise en scène. Mais il sera très difficile de réaliser ce projet ! L’Opéra-Comique n’est qu’un théâtre, et pour cette oeuvre il faudrait un tel cadre, de telles conditions de représentation ! Vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ? La Boîte à joujoux serait une pantomime sur la musique que j’ai écrite dans les albums de la Noël et du Jour de l’an, pour les enfants ! L’intrigue ? Oh ! très simple : un militaire de carton aime une poupée ; il tâche de le lui démontrer ; mais la belle le trompe avec un polichinelle. Vous voyez que c’est d’une simplicité… enfantine ! Seulement, pour rendre ça au théâtre ! Pour faire de la simplicité naturelle ! Pour laisser aux personnages leurs gestes anguleux de personnages de carton, leur apparence burlesque, leur caractère enfin, sans quoi la pièce n’a plus de raison d’être !… Je n’entrevois pas encore la possibilité de réaliser ce projet à l’Opéra-Comique. Mais rien n’est impossible, après tout. » Claude Debussy, Comoedia, 1er février 1914
En février 1913, le peintre et illustrateur (Le Rire, L’Assiette au beurre…) André Hellé (1871-1945) propose à Debussy de mettre en musique un album dont il était l’auteur des textes et des illustrations. Fasciné par l’univers des jouets, Hellé avait publié en 1908 un album intitulé Pauvres joujoux et aimait à fabriquer des jouets en bois. Debussy avait quant à lui composé ses fameux Children’s corner en 1908.
Enthousiasmé, le compositeur, qui affirmait qu’il « aim[ait] presque autant les images que la musique », se met à l’ouvrage alors qu’il compose ses Trois poèmes de Mallarmé. Il imagine un ballet pour marionnettes, qui, selon lui, « auront seules l’intelligence du texte et l’expression de la musique », alors qu’André Hellé souhaite que la pièce soit interprétée par des enfants. L’oeuvre ne se verra représentée par des marionnettes qu’en 1962 aux Pays-Bas.
La partition de piano est prête dès octobre 1913. De format oblongue, « à l’italienne », elle se présente comme un album pour enfants. Si l’oeuvre est destinée à la jeunesse, le jeu n’est pas adapté à de petites mains ! L’orchestration attendra 1917 et sera achevée par André Caplet (ancien élève et ami de Debussy) après la mort du compositeur (mars 1918). L’oeuvre est composée d’un Prélude (« Le sommeil de la boîte ») et de quatre tableaux : « Le magasin de jouets », « Le champ de bataille », « La bergerie à vendre » et « Après fortune faite ». La poupée est incarnée par un thème de valse « doux et gracieux » (déformé lorsque la poupée aura « considérablement grossi » à la fin du ballet), un motif « gentiment militaire » symbolise le soldat alors que le polichinelle est illustré par un motif vif.
Les emprunts à de célèbres pièces musicales – savantes ou populaires – sont nombreux et renforcent le caractère humoristique de l’oeuvre. On entend ainsi la fameuse « Marche nuptiale » du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, un extrait du Faust de Gounod, des motifs orientaux, des rythmes de danse populaire, ou encore Il pleut bergère !
Le ballet, chorégraphié par R. Quinault, est créé au Théâtre lyrique du Vaudeville le 10 décembre 1919, sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht, dans des décors et costumes de Hellé. L’oeuvre est reprise au Théâtre des Champs-Élysées par les Ballets suédois dès 1921.
La collaboration entre un artiste-illustrateur et un compositeur est tout à fait novatrice en ce début de XXe siècle. L’entreprise sera renouvelée, cette fois pour un public moins jeune, avec les Sports et divertissements d’Erik Satie et Charles Martin (1914) et, bien plus tard, avec L’Histoire de Babar, mise en musique par Poulenc (1940-1945).
« Moments de rêves comme les enfants et les grands les aiment. Morceaux de musiques lumineux, précieux, ciselés, évocateurs. La démarche de ces jeunes musiciens est généreuse, pour avoir décidé d’apporter leurs talents à proximité de lieux de vacances, avec la qualité des grandes salles des villes. » Marie-Ève Josselin, Le Dauphiné, 7 juillet 2004
« Une chariote de “marché”, des musiciens, un vieux lampadaire, un piano, un vidéoprojecteur dernier cri, des jouets sortis du grenier de grand-père : le décor est planté. Un professeur Nimbus, spécialiste en rêveries, nous montre ses poupées avec un attendrissement et une joie communicatives. Un malaise se glisse pourtant. Ces joujoux, aux tressautements fébriles ou à l’immobilité de cire nous ressemblent étrangement… Un spectacle déroutant et génial ! » Julian Boutin, Festival Les Nuits d’été, 2005
« Dessiner et faire construire une remorque susceptible d’embarquer un piano droit et quelques instruments et accessoires. Puis partir sur les routes pour faire de la musique là où on ne l’attend pas. C’est Le Piano Ambulant. Il n’en fallait pas plus à la petite troupe - entièrement issue des grands conservatoires - pour concocter des spectacles musicaux hors des sentiers battus. On pense à la Barraca de Federico Garcia-Lorca qui dispensait la bonne parole poétique sur les chemins de l’Andalousie. En tous cas il faut noter les passages du Piano Ambulant pour ne pas manquer ce grand bol de rêve dans le quotidien de nos concerts. » Philippe Andriot, Le Tout Lyon, 10 septembre 2005
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