Présentation
Lors de la création du spectacle
La Java des Mémoires… Quel titre… Quel porte-bonheur…
On peut le prendre dans tous les sens… sous toutes ses formes, c'est du rêve… de l'évasion… où la nostalgie n'est qu'un des personnages, et pas des principaux. On s'attend à tout, tout est possible… tout est permis.
Dans notre éternelle fringale de surprise, ce titre n'évoque que du bon … que du beau.
La Java des Mémoires, c'est 15 représentations prévues … voilà 10 ans … dans notre Théâtre de Poche de Monclar, qui sont devenues des centaines à Paris, en France et dans les pays francophones, et ce pour plusieurs centaines de milliers de spectateurs.
La Java des Mémoires… du rêve… et toujours du rêve.
Quand j'ai décidé - dix ans déjà - de créer ce spectacle pour Philippe Candelon, un de mes artistes fétiches, je ne savais pas les portes que cette aventure nous ouvrirait. Lui non plus…
On en a presque oublié qu'il est acteur, tant ce rôle lui a amené des changements fondamentaux de carrière, et partant, dans la mienne et celle de notre compagnie.
Pour mémoire, il est le premier rôle des "Années Twist", des "Z'Années Zazous", de "La Fièvre des Années 80", de "La Vie Parisienne" à Bercy en 1997 … et de 50 émissions de télé sur TF1, "Les Années Tubes".
Pour cette reprise, je m'entoure d'une nouvelle équipe de jeunes loups. Vous les avez découverts dans La Fièvre des Années 80 et dans Les Années tubes, (Ils en étaient les piliers). Leur évolution est trop étonnante pour que je ne me sois pas une fois de plus retourné vers eux. C'est Caroline Devismes, Lucy Harrison, Hervé Domingues, Stéphane Jacques et Thomas Boissy.
De la création, nous retrouverons l'incontournable Yves Bouquet, ce fabuleux accordéoniste, ce phénomène incroyable aux inoubliables rouflaquettes qui a marqué de son aura cette création … et bien sûr, je ne risquais pas de me passer de la pétulante personnalité de Catherine Delourtet, cette superbe femme qui, entre autres talents, donne à la gouaille une classe inattendue.
L'idée de reprendre La Java des Mémoires est d'Hélène Martini et de Georges Terrey qui ont souhaité fêter les dix ans de ce spectacle dans leur théâtre légendaire : les Folies Bergère.
Entre eux et nous, depuis des années, c'est une belle histoire. Tous nos spectacles musicaux créés chez eux ont été nommés aux Molières; (nous l'avons eu pour les Années Twist en 95).
De plus, beaucoup de spectateurs qui nous ont découverts par la suite, ont souhaité que notre Java soit remontée. Pourquoi remonter La Java des Mémoires ? Parce que j'étais… que je suis… et resterai un infatigable passionné… et qu'un passionné qui se respecte ne peut se lasser des histoires d'amour.
Roger Louret
Avril 2002
A l'injuste anathème "Français, vous avez la mémoire courte", Roger Louret réplique : "Français, vous avez la mémoire qui chante".
Et de nous proposer, preuves à l'appui, un passionnant spectacle musical et théâtral à partir de chansons germées dans les sillons labourés par l'histoire des années 30-40 et dont les fleurs persistent à s'épanouir au jardin du souvenir.
Rengaines populaires, ritournelles enrubannées, tranches de vie saignantes, hymnes engagés, refrains dansants, il faut de tout pour punaiser une époque au décrochez-moi-ça du vécu vrai d'avant-hier. Cinq jeunes comédiens chanteurs s'y emploient avec humour, intelligence et talent sur des bouffées d'accordéon, ressuscitant ici un refrain, là un couplet, voire un simple bout rimé, suivant un subtil enchaînement qui ne doit rien au hasard.
Car, bien entendu, on joue ici en virtuose du décalage entre la réalité d'un monde en plein chambardement et l'image frelatée qu'en offre sa chanson populaire. Il est des télescopages redoutables (le "Tout va très bien madame la Marquise" au son du canon), des dérapages férocement humoristiques ("Maréchal nous voilà" entrelardant le bêtifiant "Lycée Papillon" de Ray Ventura !), des têtes à queue impressionnants d'inconscience…
Illusion collective ou volonté tourbillonnante de prolonger le mirage des flonflons à paillettes pour couvrir le grondement des tambours de l'horreur ? On méditera tout à loisir sur le paradoxe qui fait que plus une époque est sombre et plus les chansons qu'elle secrète sont gaies.
Jean Macabies
Le Figaro - Vendredi 19 Juin 1992
32, rue Richer 75009 Paris