Pièce pour sept danseurs et deux musiciens
La musique
La Madâ'a est née du désir de provoquer une rencontre entre la danse et le Oud (luth Arabe), instrument emblématique de la musique Arabo-andalouse. Nous avons rencontré le musicien compositeur Samir Joubran (jeune virtuose palestinien) qui développe dans la plus grande complicité avec ses frères (Wissam et Adnan), une musique d'une rare intensité qui conjugue modernité et retour aux sources les plus anciennes. Pour La Madâ'a, sa musique (jouée en directe) et la danse sont en dialogue constant mettant en jeu la tradition, l'improvisation et l'innovation.
La Madâ'a vient dans notre parcours en écho lointain à la pièce Wasla. Nous étions alors partis nous immerger dans la médina de Tunis, pour réveiller et sonder les "traces mémoires" liées aux origines. Pour ce nouveau spectacle, nous privilégions une approche plus abstraite renouant avec notre première pièce Husais, source et fondement de notre collaboration.
Nous sommes accompagnés de cinq interprètes venant d'horizons divers (la Tunisie, le Maroc, la Palestine, l'Italie, la France). Certains fidèles depuis des années comme Anne Foucher, Moustapha Ziane, Philippe Chosson, d'autres comme Laura Simi que nous retrouvons, Hafiz Dhaou que nous découvrons.
Ensemble nous avons travaillé sur des qualités de corps en perpétuelles transformations, jouant sur la densité du geste, du temps et de l'espace, déclinant la figure de l'entrelacs. Nous avons tenté des jeux d'écriture, à partir de matériaux gestuels initiaux, en faisant varier les paramètres liés à la composition du mouvement (instantanée, improvisée). Nous avons ainsi fait naître une danse réactive et impulsive, une danse ponctuée de plein et de délié, dont la pulsation se développe en alternant des rythmes complexes et des arythmies. Une danse d'où jaillit une énergie calligraphique irriguant des corps en métamorphose, suscitant d'ondoyantes visions et d'imprévisibles étrangetés. Des corps plongés dans la blancheur de l'espace suspendu de Frédéric Casanova (scénographe) et baignés dans la lumière zénithale de Xavier Lazarini. Des corps qui puisent dans la mémoire immémoriale d'un temps d'où revenir, d'un temps à venir.
Héla Fattoumi, Eric Lamoureux - Septembre 2004
Ce projet avec la Compagnie Fattoumi-Lamoureux évoque pour moi l'océan vers lequel nous nous dirigeons tous, danseurs et musiciens, à la manière des rivières qui évoluent au grès des obstacles qu'elles rencontrent et qui finissent par se rejoindre dans l'océan jamais rempli.
Du mouvement des vagues naît le rythme de la vie.
J'ai rencontré en Héla Fattoumi et Eric Lamoureux des partenaires ayant la même vision que moi de la musique : libre, improvisée, sans carcan. J'ai toujours voulu voir ma musique prendre forme. La Madâ'a me permet de réaliser ce rêve.
Samir Joubran
17, boulevard Jourdan 75014 Paris