Si on connaît surtout l’œuvre de Maurice Maeterlinck pour son théâtre, il ne faudrait pas oublier que cet écrivait belge est l’auteur de nombreux essais dont La vie des abeilles ou encore Le trésor des humbles. C’est à partir d’un texte extrait de ce dernier recueil que Thomas Bouvet a choisi de construire son spectacle. Son titre, La Beauté intérieure, est en soi tout un programme.
Pour Maeterlinck, l’invisible, ce qui échappe à la perception directe et qui pourtant est susceptible de solliciter notre regard pour peu qu’on y accorde un regain d’attention, joue dans nos vies un rôle bien plus important qu’il n’y paraît de prime abord. La beauté n’explose nécessairement pas en pleine lumière, elle se tapit au contraire dans des recoins où il faut apprendre à la voir. Diplômé en physique fondamentale, Thomas Bouvet sait d’expérience que, pour employer les mots d’Héraclite, « nature aime se cacher ».
Dans le théâtre, il a découvert une autre façon de questionner le monde. Il s’empare aujourd’hui du texte de Maeterlinck pour en délivrer l’immense portée à la fois vibrante et mystérieuse, mêlant en un tout musique, avec la présence d’un chœur lyrique, et travail de haute précision sur les métamorphoses de l’espace. Le spectacle s’appuie sur une partition musicale créée collectivement. Assumée par quatre chanteurs, elle forme un contrepoint au texte parlé façonnant une œuvre où la voix, le chant, la musique, la lumière et la parole se conjuguent comme autant de moyens pour convoquer la beauté.
« Avec ce travail, un pas de plus dans son art est passé. La danse déforme l’espace, celui-ci se renverse dans les corps séparés, existe plus profondément quand ils sont enlacés, l’un avec l’autre, et l’un dans l’autre. Il y a de ces moments de grâce. » Elvira Hsissou, Le Souffleur
« Tout se passe comme si les comédiens prononçaient une partition, envisageable dans un second temps par les danseurs, récupérable par la guitare, et dépliable à l’infini. Tout s’engendre, se nourrit, vérifiant l’hypothèse d’un poème capable d’agir. De faire agir. D’être. » Marie Richeux, France Culture
Un point de départ. Une poésie, L’humanité d’August Stramm. Un espace bi frontal. Une comédienne, un comédien : les voix de cette humanité. Une danseuse, un danseur : les corps de cette humanité. Le corps des danseurs serait-il mené par la voix des comédiens ? Ou inversement ? Perdre connaissance dans la poétique de la langue, se laisser dépasser par la sensualité du son dans le creux de l'oreille.
Un tableau central : travailler sur une avancée lente, continue, inévitable de ces deux corps se mêlant, se confrontant, se découvrant ; une humanité qui perd son sang, qui trace son chemin accompagnée de ses voix. Explorer le sentiment amoureux dans sa violence, sa crudité, sa brutalité, sa douceur ou sa volupté. La langue d’August Stramm est basée sur une rigueur des sonorités, du rythme amenant l'auditeur à une expérience sensorielle et charnelle du poème. Il trouve dans sa recherche formelle et rythmique sur l’écriture l’expression de sa révolte contre les conventions.
Cette création prend naissance dans l’écho provoqué par la chair du mot et le mouvement chorégraphié des corps. C’est un dialogue que nous cherchons à produire entre les comédiens et les danseurs dans lequel chacun répond à la poésie grâce à son langage propre. Cette création est également l’occasion d’un nouveau laboratoire de recherche sur la langue et les univers esthétiques en peignant, sculptant les mots et les complexions humaines, en architecturant l’espace et le sens. Des âmes prennent la parole et dansent. Le mot est le support du sentiment et de l'émotion, le corps et la bouche en sont les résonateurs.
Thomas Bouvet
Après avoir écrit l’essentiel de son œuvre dramatique dans laquelle l’insondable, l’indicible, le mystérieux et le silence règnent, il écrit cet essai Le Trésor des humbles dont est issu La Beauté intérieure. Voilà le but de Maeterlinck : laisser la place, rendre sublime la plus petite chose, le plus petit mouvement, dans lequel l’attente, la mort ou le questionnement rentrent dans les interstices du temps suspendu. Cette quête du sublime dans l’infiniment petit, ce que Maeterlinck appelle le tragique quotidien, entre en opposition avec l’exceptionnel, ce qui constitue le théâtre d’action des grandes épopées.
D’après Maeterlinck, à l’intérieur de tout être, quel qu’il soit, au fond de lui, quelque chose se terre, audelà de nous et en nous. Ce quelque chose, ce serait l’âme. Les hommes communiquent par la parole et son sens souterrain, mais les âmes par le prisme multiple et protéiforme de la beauté. Elles se perçoivent et peuvent se rendre meilleures grâce à la beauté quand elle s’expose. Il loue sa mise au jour. Pour la faire apparaître il faut apprendre à se connaitre et accepter que toute beauté ait son revers d’obscurité. Maeterlinck est un auteur de la sensation, du frémissement et du plus petit tremblement dans la perception du monde. Alors des ténèbres du fond de l’être, la beauté se tait, prête à surgir et se révéler. De ces ténèbres, la parole vient la mettre à la lumière.
Après Endormis sous le ciel de Mario Batista où les ténèbres venaient provoquer chez le spectateur les sensations de peur et d’angoisse, ici, dans cette nouvelle recherche, elles viennent comme un point de départ, comme une page blanche en négatif où la lumière et la parole surgissent enveloppantes et douces. Du noir, la lumière émerge et les couleurs vont s’approcher comme un opaque brouillard tombant, et se réunir pour former le blanc.
Les ténèbres s’ouvrent, et les couleurs se déploient. Le texte, incarné par Thomas Bouvet, résonne comme un éloge de la beauté, aussi obscure soit-elle, aussi difficile soit-elle à convoquer. Mais c'est justement cette difficulté parfois extrême qui est belle à surmonter. Thomas Bouvet a régulièrement joué dans ses créations et dernièrement dans le monologue Endormis sous le ciel de Mario Batista. Il a choisi de dire ces mots de Maeterlinck qui deviennent, presque intimement, une sorte de manifeste de l'amour et de la beauté.
Accompagné par quatre chanteurs lyriques, c’est un versant moins connu de l’œuvre de Maurice Maeterlinck que présente Thomas Bouvet dans cette création d’un essai extrait du recueil Le Trésor des humbles. Voix parlée, chant, obscurité et lumière s’y conjuguent pour dévoiler la beauté dans ce qu’elle est de plus fragile.
Si on connaît surtout l’œuvre de Maurice Maeterlinck pour son théâtre, il ne faudrait pas oublier que cet écrivain belge est l’auteur de nombreux essais dont La vie des abeilles ou encore Le Trésor des humbles. C’est à partir d’un texte extrait de ce dernier recueil que Thomas Bouvet a choisi de construire son spectacle. Son titre, La Beauté intérieure, est en soi tout un programme. Pour Maeterlinck, l’invisible, ce qui échappe à la perception directe et qui pourtant est susceptible de solliciter notre regard pour peu qu’on y accorde un regain d’attention joue dans nos vies un rôle bien plus important qu’il n’y paraît de prime abord.
La beauté n’explose nécessairement pas en pleine lumière, elle se tapit au contraire dans des recoins où il faut apprendre à la voir. Diplômé en physique fondamentale, Thomas Bouvet sait d’expérience que, pour employer les mots d’Héraclite, « nature aime se cacher ». Dans le théâtre, il a découvert une autre façon de questionner le monde.
Il s’empare aujourd’hui du texte de Maeterlinck pour en délivrer l’immense portée à la fois vibrante et mystérieuse, mêlant en un tout musique, avec la présence d’un chœur lyrique, et travail de haute précision sur les métamorphoses de l’espace. Le spectacle s’appuie sur une partition musicale créée collectivement. Assumée par quatre chanteurs, elle forme un contrepoint au texte parlé façonnant une œuvre où la voix, le chant, la musique, la lumière et la parole se conjuguent comme autant de moyens pour convoquer la beauté.
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.