L’histoire est celle d’une singulière aventure, d’une histoire vraie, racontée dans le roman de Noëlle Châtelet. Elle y raconte la métamorphose de Paul, né hermaphrodite et baptisé Denise par ses parents, qui ne rêve que d’une chose : être un homme. Malgré les traitements, répétés et violents, son désir ne cessera pas. Contre tous, il ira de tout son être jusqu’au bout.
La Compagnie Vahram Zaryan développe le mime contemporain et a présenté à l’Atelier du Plateau son précédent spectacle Mater replik. Elle s’engageait déjà dans ce travail entièrement gestuel où le corps joue avec la vidéo, le son et la lumière.
Se saisissant de la lutte de Paul contre la société et lui-même, la compagnie met en lumière, au-delà de la question du genre, celle de l’ambigüité incarnée au travers de cette histoire.
Librement inspiré du roman de Noëlle Châtelet.
L’écriture du spectacle est pluridisciplinaire : le roman nous permet d’avoir une ligne de narration. Chaque chapitre est transformé en action simple et concrète, mais métaphorique. Le texte lui-même ne sera présent qu’à travers les images et le geste.
Le roman est entièrement traduit à la première personne. Le spectacle se focalise sur ce que Paul dit de ses propres émotions en fonction des évènements. Ce sont les pensées intimes de Paul qui font la trame de la narration. Ainsi les autres personnages, les descriptions, tout ce qui est extérieure aux pensées de Paul est relayé au même plan, lequel est plus ou moins réel. Si bien que, lorsque le texte surgira, il surgira de l’extérieur, rompant le cours intérieurs de ses pensées qui sont traitées comme des actions sur la scène. Le spectacle est avant tout visuel et gestuel et le texte surgit ou ponctue certains moments.
La vidéo et le son raconteront à part entière leur propre version de l’histoire. Les vidéos viennent appuyées certains moments intérieures : elles sont comme une formation en image d’éléments extérieurs. Ceux-ci sont réorganisés par le personnage pour donner une forme à des forces qui ont une emprise sur lui. Ces vidéos sont à la fois des scènes, mais surtout des formations de forces qui ont un impact sur le corps de l’interprète ou subissent de sa part des transformations.
Nous jouerons aussi sur une répétition travestie de nombreux éléments, des artistes sur scène. Le personnage est ainsi différent et toujours le même, présent de nombreuses façons sur scène. Chaque version est soit totalement isolée, soit elles dialoguent ensembles. Nous ferons apparaître une foule de Paul possibles en ayant pour origine un corps, celui de l’interprète principal, Vahram Zaryan.
Outre l’utilisation détournée de sons concrets et quotidiens enregistrés dans la rue, deux voix se feront échos pendant le spectacle. Une voix de haute-contre et une voix de basse. A priori elles pourraient signifier le masculin et le féminin du personnage. Nous jouerons aussi avec les graves du haute-contre et dans les aigues de la basse. Nous ne ferons pas toujours surgir ces voix en les associant aux sexes qu’elles sont censées représenter.
La présence de voix intérieures signifie aussi le déchirement identitaire. La voix hautecontre sera présente en live sur le plateau, et c’est Karen Hakobian, chanteur lyrique et contemporain, qui sera sur scène, jouant Paul, un autre Paul. La voix de basse sera quand à elle enregistrée et elle surgira de différents endroits et objets.
A partir de la contrainte d’adaptation au jeu corporel, et en partant du principe que la scénographie devait proposer une matière, une nourriture pour la création, il semblait logique d’imaginer pour la scénographie une forme modulable, évolutive. Nous sommes donc partis au départ sur un plateau constitué d’éléments mobiles, pouvant êtres assemblés et déformés par les interprètes, dessinant des espaces différents selon leur manipulation. Cette forme permettait en plus de rester dans une scénographie abstraite et épurée, sans connotation de lieu, d’époque et de société, ce qui était important dans le projet et sa dramaturgie ; il fallait rester dans des espaces symboliques pour laisser la place à la recherche identitaire de Paul. A partir de cette première direction, nous avons commencé à chercher comment créer différents espaces de jeu, en intégrant aussi les projections vidéo, très importantes dans le projet. L’idée était d’offrir des surfaces multiples et changeantes aux projections vidéo, permettant de créer différents décors numériques.
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