« Pourquoi Yves Montand ? Pourquoi aujourd'hui ? Vingt-cinq ans après sa disparition, que nous reste-t-il de lui ? Une silhouette longiligne et souple, vêtue de noir, les échos d'une voix reconnaissable entre mille, un vibrato particulier, un répertoire considérable, des rencontres avec les plus grands poètes et compositeurs de son temps, une longue carrière d'acteur de cinéma, un engagement politique, des femmes, Simone Signoret, Edith Piaf, Marilyn Monroe, une popularité immense.
J'ai demandé à Christian Schiaretti, le directeur du TNP de Villeurbanne de concevoir et de mettre en scène un spectacle en chansons autour de cette icône du XXème siècle. À partir des personnages qui l'auront accompagné, des rencontres qu'il aura faites pendant toute sa vie, nous tenterons d'esquisser, entre textes, poésies et musique, le portrait d'un homme qui, issu du monde ouvrier, et par la seule force de son ambition et de son talent, a su laisser derrière lui une réelle œuvre : ce répertoire, précisément, dont il a été à l'origine. Une trentaine de chansons arrangées par Bruno Fontaine, six musiciens sur scène, et un acteur qui chante évoquant, sans jamais vouloir l'imiter, un chanteur devenu acteur. » Lambert Wilson
« Le dialogue avec Lambert est nourri depuis des années par notre envie de travailler ensemble. Beckett, Shakespeare ont été évoqué mais il n’est pas aisé d’arrêter un calendrier avec un artiste très demandé au cinéma et sur les scènes de music-hall. Le théâtre vit sur un autre rythme. Une opportunité s’est présentée. Lambert a enregistré le répertoire de Montand et ses producteurs ont évidemment souhaité qu’un large public puisse partager « en live » cet enchantement.
Rapidement, avec Lambert et Bruno Fontaine, son pianiste, nous avons écarté l’idée de jouer de notre professionnalisme pour « régler » un tour de chant. Montand ne peut être réduit, ni enfermé, à un répertoire. C’est avant tout un homme, une histoire, des rencontres, des engagements. La somme d’une certaine France. Une France où l’immigré était accueilli. Une France où l’ascenseur social pouvait propulser le fils d’un prolétaire italien sur les plus grandes scènes du monde. Une France où la conscience politique ne s’amollissait pas dans le confort et la renommée, au contraire. Une France qui pouvait rêver de l’Amérique. Une France qui aimait de cœur ses artistes pour ce qu’ils osaient être et dire... Une France où le peuple en chœur, chantait, fredonnait ce que ses poètes et ses interprètes de l’époque avaient concocté. Il était celui qui ne cessait de monter, au point que Montand s’est substitué à Ivo Livi.
Pour cette figure immense : souple, joyeuse, canaille, frondeuse, franche, nous avons usé des ressorts du théâtre pour la faire venir, pour qu’elle traverse la scène, et nous avec. Lambert Wilson, je l’ai imaginé, souhaité en évocateur, en passeur. La nostalgie redevient alors ce qu’elle est, une pudeur secrète. Montand n’est plus derrière mais devant nous et nous dialoguons avec lui. On le sent sourire, et cela nous porte. » Christian Schiaretti
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