Quelque part, juste avant la mort, il y a un cabaret pour ne pas sombrer dans l’oubli. On vient y épater son monde, une dernière fois. C’est immanquablement le dernier endroit où l’on vit. C’est là que moi je vous convie.
Ce serait un cabaret pour se mesurer à l’épreuve de l’oubli. Il faudrait épater son monde, contre l’oubli. On garderait ses meilleurs gags, contre l’oubli. On invoquerait Napoléon, contre l’oubli. Il y aurait un curé pour chanter quelque chose, contre l’oubli… Et puis, on annoncerait l’Oubli, en personne. Il y aurait un roulement de tambour, un coup de cymbale, et puis, monsieur Loyal qui oublierait la suite, et le spectacle qui menacerait de finir ainsi…
Il faudrait à tout prix trouver quelque chose avant de fermer boutique. Ce serait le dernier numéro, et à la fois le plus beau, le plus drôle, le plus surprenant ou même le plus mauvais… contre l’oubli !
J’ai voulu être au cabaret ou au cirque parce que c’est le genre d’endroit où plane l’idée de la mort. Les artistes viennent y jouer leur vie… au risque de la perdre. Et j’ai poussé l’idée jusqu’à son paroxysme. J’ai fait de mon cabaret un endroit où l’on meurt inévitablement.
Mon cabaret serait aussi le dernier endroit où l’on vit. Il fallait que ce soit divertissant au possible, ne renoncer à aucun contraste, aucune diversité, aucun inattendu, prouesse, pitrerie, simulacre... J’ai emprunté au cabaret son pouvoir attractif pour pouvoir imposer aussi la noirceur du propos.
Le héros est un clown, un dernier survivant qui se bagarre de toutes ses forces contre la marche du temps. La mort l’attend et lui il danse, il chante, il fait du violon, il estmagicien, il est Napoléon, il imite le canard, il a trois jambes, il fait l’office, il disparaît, il réapparaît, il est grotesque, bizarre, naïf, dangereux. Il est comme nous, il se démène comme un diable, tant qu’il en est encore temps !
J’ai repris des techniques classiques de cabaret ou de cirque en les modernisant (danse excentrique, scie et cloches musicales, minuscules instruments, gags de clown, présentation de curiosités…). Il y a des vrais numéros, séparés par des noirs, mais imbriqués dans une logique dramaturgique. Le spectacle avance vers la mort, lentement mais sûrement.
Hélène Ventoura
« Soeur lointaine de Chaplin, cette « Madame Loyal » extraordinaire émeut, distrait, tout en suscitant la réflexion. » Nathalie Simon, Le Figaro
« Elle a quelque chose, Hélène Ventoura, qui touche et fait mouche dans le registre de la cabarettiste mi-dépressive mi-potache. » Cathy Blisson, Télérama
« (...) femme-clown, sœur lointaine de Chaplin. Touchante et distrayante, la comédienne surprend avec un cabaret mortellement drôle. » Clémence Millet, 20 Minutes, 9 novembre 2009
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