A partir de 8 ans
Le voyage sans fin d’un clan, d’une famille tzigane. Ces nomades vont, légers, au gré du vent, sans attache. Le quotidien, le hasard des rencontres qu’ils font en chemin, font échos à cinq fables de La Fontaine auxquelles ils prêtent alors leur voix. Ce glissement de lieu et de temps donne vie, à travers des situations très contemporaines, à un loup, un chien, une cigale, une fourmi, d’ici et maintenant.
J’ai voulu un spectacle gai, visuel, qui invite à porter un autre regard sur notre société, en allant en explorer les marges, en s’intéressant à l’Autre, aux nomades, aux gens du voyage. J’ai souhaité, sans en faire l'apologie, parler de ce peuple qui vit différemment, parler de sa richesse, de son peu d'intérêt pour l'«avoir» et de sa grande fierté d’«être». Un clan, une famille dans un espace-temps indéfini, hier, aujourd’hui ou demain.
4 personnages : la mère, ses deux fils et une belle-fille. Les quatre comédiens interprètent également d’autres personnages extérieurs au clan.
Les scènes du quotidien se répètent, ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait d’autres. Les déplacements, l’installation du camp, les repas... rythment la vie du clan. S’y révèlent leurs habitudes, les liens qui les unissent et la relation au monde extérieur.
L'espace scénique est vide. La vidéo illustre la diversité des lieux traversés par le clan. La direction de jeu des comédiens est burlesque, drôle, parfois surréaliste et, je l’espère, émouvante. Sur scène se mêlent mime, tableaux vivants, textes et chants.
La musique, comme la danse et le chant, fait partie intégrante de la culture tzigane. Elle est présente dans la vie de tous les jours et à n’importe quel moment de la journée. Elle chante l’amour, la joie, la souffrance, elle offre toute la beauté, la richesse et la diversité de la culture tzigane. Les comédiens interprètent des chants traditionnels et des partitions originales créées pour le spectacle
Les images filmées tiennent une place essentielle dans le spectacle. Elles rendent possible des changements de décors et de lieux très rapides. Elles traduisent la notion de perpétuel mouvement du clan nomade. Le support visuel transporte le public aux quatre coins du monde. La vidéo est partenaire-acteur : les comédiens évoluent dans ces décors-paysages, jouent avec l’image et se retrouvent parfois personnages dans l’écran.
Le théâtre aime les paradoxes. Ils invitent à la réflexion. J’ai désiré associer à cet univers gitan un auteur du 17e siècle, amoureux du beau langage. Les fables de La Fontaine sont très théâtrales : elles sont construites comme de véritables saynètes. Ces apologues sont des concentrés des spécimens variés que rassemble l’humanité. Comme Molière, Shakespeare… en croquant l’homme de son époque, il peint davantage encore l’homme universel, mettant en lumière ses caractéristiques intrinsèques, ses perpétuels travers.
Il analyse avec justesse les rapports humains en faisant souvent l’aveu d’une cruauté difficile à maîtriser. Nous n’avons pas changé. L’homme ne peut être parfait, il restera à tout jamais bête, bête humaine, ou tout simplement bêtement humain.
Aujourd’hui encore, dans le miroir que nous tendent les fables, nous pouvons nous reconnaître. Elles sont politiques. La Fontaine décrit sans complaisance les lois qui régissent la société, donnant tous pouvoirs aux forts et asservissant les faibles.
Les tziganes, les nomades appartiennent à la catégorie des faibles, ils n’ont pas accès au pouvoir. Ce sont des cigales qui chantent, insouciantes du lendemain. D’ailleurs, le mot « tzigane » ne rime-t-il pas avec « cigale » ?
6, avenue Maurice Ravel 75012 Paris