Années soixante, l’écrivain Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais débattent, ferraillent, se lancent des défis. Ils s’inventent des séminaires, des jeux d’écriture, des ultimatums d’où naissent des bijoux littéraires. Avec quelques autres, ils s’imposent des contraintes ludiques et impossibles. Une forme est née, alliage entre les maths et le verbe.
C’est l’Oulipo, Ouvroir de littérature potentielle, groupe de poètes qui raffolent des règles à transgresser, d’un sport assis et à encre dont jaillissent des pépites. Pour membres et maestros illustres, ils ont Georges Perec, Italo Calvino, Jacques Roubaud et quelques authentiques scientifiques.
Le Rond-Point est l’une de leurs antichambres, ils y jouent régulièrement. À la table, en direct, devant le public et montre en main, ils s’adonnent aux rafraîchissements de la langue. Ils en révèlent les saveurs, car « il n’y a pas que la langue de boeuf, ou de vipère, ou de boa » à déguster. En cinq séances thématiques distinctes, imprévisibles, Marcel Bénabou, Paul Fournel, Hervé Le Tellier, Olivier Salon et leurs invités oulipiens et musiciens triturent, assaisonnent et agencent texticules, matchs de mots, épices et autres sucreries verbales. Avec des musiciens et des surprises, ils donnent du goût au plaisir de la prose et vivifient une poésie truculente. Cinq orgies oulipiennes en cinq soirées différentes, pour magnifier l’art et les jeux oulipiques.
Pierre Notte
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