« Pour le collectionneur, (...) la possession est la relation la plus profonde que l’on puisse entretenir avec les choses : non qu’alors elles soient vivantes en lui, c’est lui-même au contraire qui habite en elles. » Walter Benjamin
Joseph Lewis rêvait d’être un autre. Tout au long de sa vie, il a collectionné des objets, scrupuleusement accumulés comme des morceaux d’identité qui racontent son histoire. Ces doubles de lui-même s’animent et l’entraînent dans un univers sombre et fantastique qui fait écho à celui de Kafka ou de Lewis Caroll. Une plongée dans la vie de ce collectionneur constamment en lutte pour conquérir son identité. À travers cette création, la compagnie Hippocampe poursuit son exploration de l’intime dans un univers entre réel et imaginaire.
« L’écriture de notre spectacle repose sur une « dramaturgie associative » qui ressemble à la quête d’identité du personnage des Collectionneurs : c’est un chemin labyrinthique qui se déploie comme un puzzle. Nous avons procédé pour la composition dramatique de notre pièce comme pour l’écriture d’une partition de mouvement, en recherchant les articulations, les causalités et les variations de rythmes. Nous avons créé les scènes indépendamment les unes des autres avant de trouver les résonances qui font émerger le fil du spectacle.
Notre processus de création se base sur un dialogue entre un travail de table, où nous accumulons les inspirations qui viennent nourrir l’imaginaire autour de la pièce, et une écriture réalisée sur le plateau. L’écriture de plateau fait coexister un travail de composition de partitions corporelles inspirées par une thématique, avec des improvisations proposées par les acteurs. Les thématiques se dégagent au fur et à mesure de l’avancement de l’écriture ; nous avons par exemple improvisé autour de collections immatérielles (douleurs, plaisirs, échecs, désirs, etc.). Un travail de manipulation des objets de nos collections (livres, poupées, montres, lapins, etc.) est venu nourrir nos partitions de mouvements. Dans ce processus, la parole est remplacée par un dialogue des corps entre eux et des corps avec les objets et l’espace qui suscite des images poétiques. Les actions deviennent « extra-quotidiennes » car elles sont recomposées, réarticulées et redynamisées grâce aux spécificités du mime. Ce travail sur la musicalité du mouvement sert à la construction de chaque scène, de la pièce dans son ensemble et enrichit le jeu. A l’intérieur de cette structure, le jeu permet de trouver la justesse et la vérité dans l’interprétation et de rencontrer le spectateur.
Le sens de nos spectacles se dévoile par les sensations et l’émotion plutôt que par le développement d’une narration. L’espace scénique du spectacle est un lieu de passage entre le réel et l’imaginaire. Il reflète l’espace mental des personnages. Transformé par la lumière et le déplacement des objets et des comédiens sur scène, il suggère une distorsion du temps et de l’espace. Les objets scéniques sont détournés de leur fonction et participent aux changements d’échelles. L’essentiel du décor est composé de trois caisses, mobiles, qui participent à la transformation de l’espace de jeu, devenant tour à tour bibliothèque, lit, cercueil, table de bureau, carton d’emballage pour poupées, etc.
Le personnage des Collectionneurs est représenté par un masque qui se démultiplie au cours du spectacle. L’idée du dédoublement et de la multiplicité des êtres à l’intérieur d’un seul et même individu prend forme à travers ce visage mystérieux porté par les comédiens à tour de rôle. Chacun incarne le collectionneur à sa manière, avec son propre corps ; il y a ainsi plusieurs Joseph sur le plateau. Nous allons intégrer une scène qui rassemblera 12 acteurs afin de renforcer l’idée de la démultiplication du personnage. Cette scène fait déjà l’objet d’actions artistiques en collaboration avec les théâtres qui accueillent le spectacle. »
Luis Torreão
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.