A partir de 8 ans.
Vingt années passées sur le fil
La presse
Sept fildeféristes et un metteur en scène
Entretien avec Antoine Rigot, metteur en scène
Pour la première fois dans l’histoire du cirque, sept funambules hommes et femmes sont réunis dans un spectacle exclusif de fil dans lequel ils évoluent, seuls, en duo, à plusieurs.
L’histoire de ce spectacle commence en 2000… Lors d’un entraînement, Antoine Rigot, funambule emblématique, chute et se blesse. Six ans après ce grave accident, à partir des impressions qu’il a éprouvées durant ses vingt années passées sur le fil, il imagine un spectacle qui explore les émotions, les obstacles et les défis qui jalonnent l’existence. Sept fildeféristes talentueux, venus de toute l’Europe et d’Amérique du Nord, ont répondu à son invitation.
Accompagnés de trois musiciens, dans un décor de fils, positionnés à différentes hauteurs et qui rappellent une toile tissée, ils marchent, dansent, virevoltent : pour représenter la tristesse, le doute, l’amour ou la confiance. Ils enchaînent les voltiges et les cascades, comme lui autrefois. En se déplaçant sur leurs filins d’acier, ils témoignent tout à la fois de la douleur et de la douceur de vivre.
Une très belle évocation du parcours sur lequel chacun de nous chemine. Ne rêvons-nous pas tous d’être funambules de la vie ?
« Avec le Fil sous la Neige, la compagnie Les Colporteurs signe un spectacle exceptionnel qui est aussi un merveilleux hommage aux saltimbanques » Ariane Bavelier, Le Figaro, 13 décembre 2008
« Assurément une des plus belles création cirque de ces dernières années, car mue par la nécessité d'un homme qui, on le voit en lever de rideau, doit livrer combat à chaque pas contre le handicap » Maia Bouteillet, Libération, 16 décembre 2008
« Un chef d’œuvre » Les Echos
« Une toile magique pour un ballet aérien » Le Monde
« Sept funambules sur huit fils, tissés à différentes hauteurs, on n’avait jamais vu ça ! » Télérama
« La prise de risque et la virtuosité sont balayés par la force de l’émotion » La Terrasse
Il y a Molly Saudek qui, après l’accident d’Antoine Rigot, a considéré qu’un “monde sur les fils sans lui” n’était pas possible et qui, dans le spectacle, sur le fil, se libère du tissu dans lequel elle s’est enfermée, comme un papillon de sa chrysalide.
Comme elle, Julien Posada, qui a appris son métier d’un maître du cirque traditionnel et qui déploie aussi une grande “aisance dans la technique” incarne la virtuosité : tous deux volent sur le fil.
Florent Blondeau, l’homme des cascades, saute d’un fil à l’autre et “joue des déséquilibres” dans une version “free style” qui n’a pas sa pareille.
Dans un duo qui touche à la perfection, le couple Andreas Muntwyler et Ulla Tikka associe : de lui, la solidité et l’élégance, d’elle, une technique qui devient mélancolie.
Pour Sanja Kosonen, le fil, qu’elle traverse en tressant ses cheveux et avec sensibilité et une très grande simplicité, est indéniablement “sa maison”.
Quant à Agathe Olivier, la doyenne et la compagne d’Antoine Rigot dans la vie comme autrefois sur le fil, elle affiche “la sérénité de la maturité”, loin de la performance.
Des images que toutes et tous lui renvoient sur ce qu’il a été, Antoine Rigot dit modestement que pour être ce qu’ils sont, il aurait fallu qu’il “commence beaucoup plus tôt”.
Dans sa maison de Saint-Thomé en Ardèche, le funambule Antoine Rigot dévide son spectacle de fils — une première et un événement unique au monde — autant qu’il raconte son histoire.
Dans Le fil sous la neige, la mise en scène à laquelle il se livre donne corps et sens au fil, le sien, qu’un accident a rompu. D’après sa relation à la corde qu’il exhume de ses souvenirs grâce à l’écriture, sept funambules hommes et femmes, associés à la création du spectacle, enchaînent leurs figures au sein de ce qui, vu d’en bas ou d’en haut, apparaît comme une trame tissée.
Entrons directement dans le spectacle. Que se passe-t-il sous le chapiteau ? Que voit le spectateur ?
Le spectacle se déroule dans une arène complète. Il évolue sur un tissage de fils, installés en différentes hauteurs et en différents sens. Des supports terminent chacun de ces fils et leur offrent des appuis. Quand je me suis placé au-dessus de ce dispositif, j’ai eu le sentiment d’être en haut d’un édifice et d’observer la ville avec ses circulations et ses croisements naturels. Sur le fil, nous avons développé un univers de cohabitation où les uns et les autres s’observent et se témoignent de l’attention.
Vous avez choisi de parler de votre vie…
En partie. Les situations, que présentent les funambules, découlent effectivement de mes propres expériences sur le fil et dans la vie. Mon histoire a été le déclencheur d’une expression. Avec les funambules, j’ai partagé les sentiments que j’avais pu ressentir. Mais le spectacle va au-delà de mes propres impressions. Il est une réflexion sur le parcours, sur l’apprentissage d’un art et, d’une manière générale encore, sur l’existence. J’aime bien l’expression “être le funambule de sa vie” et je trouve qu’elle incarne aussi ce spectacle.
Entre direction et liberté, quel metteur en scène êtes-vous ?
Dans mon travail d’accompagnement des artistes, je ne suis pas directif. Je ne dis pas ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Mais j’entraîne les artistes dans un travail personnel d’écriture qui s’appuie sur ma réflexion et sur mes émotions. C’est en eux qu’ils doivent trouver des résonances avant que je commente les propositions qu’ils m’adressent. Ce travail d’écriture a supposé que chacun participe et s’engage. La démarche d’engagement était d’autant plus nécessaire que le spectacle n’est pas narratif, il ne comporte pas d’histoire avec un début et une fin. Les spectateurs n’ont pas de personnages à suivre. Ils découvrent des situations et des images.
Justement comment êtes-vous passés collectivement du souvenir à l’écriture, de l’histoire de l’un au spectacle de tous ?
Imaginons que nous soyons en train de travailler sur le doute. Je demande quatre mots à chacun. Ils sont mis en commun. A partir de tous les mots récoltés, nous imaginons des phrases, des poèmes proches des haïkus. Cette démarche et les textes qui en découlent sont l’un des liens avec Neige, le roman de Maxence Fermine dans lequel l’auteur choisit l’exercice du funambule comme métaphore à la quête du poète.
Ce roman nous a servi d’appui et de déclencheur. Dans Le Fil sous la neige, les sept fildeféristes imaginent un tableau qui provient de notre travail sur les mots. Nous trouvons une matière qui pourra ensuite nourrir le spectacle. Nous avons travaillé sur la douleur, la liberté, le refus, la chute, le contrôle de soi, l’insouciance, la confiance, la tendresse, l’amour… Toutes ces situations offrent des fragments de vie qui se superposent, s’entrecroisent, coexistent.
Bien avant ce temps de l’écriture qui est déjà un aboutissement, comment a commencé l’histoire du Fil sous la neige ?
Quelque temps après mon accident, de jeunes fildeféristes m’ont demandé de leur transmettre une part de ce que je savais et d’organiser des stages. J’ai hésité longtemps avant d’accepter. Mon approche, qui résultait notamment de ce que j’avais appris auprès d’Annie Fratellini, a consisté, non pas à gommer les défauts des uns et des autres, mais à m’en servir comme d’une richesse, comme d’une originalité.
Et au fur et à mesure que nous travaillions ensemble et que nous apprenions à nous connaître, je retrouvais à travers eux les émotions que j’avais éprouvées sur la “corde”.
Quel est le souvenir — en forme de résurgence — qui a été le plus marquant ?
Je me suis souvenu de ma première grande traversée en hauteur et de toutes les impressions qui l’accompagnaient. Ce jour-là, je n’ai pas pu partir tout de suite. Je me suis assis. J’ai pris le balancier. Et j’y suis allé après avoir écouté mon corps m’imposer son propre temps. Ce premier stage m’a donc permis de reconsidérer ce que j’avais vécu. Il m’a aussi montré que le travail de mise en scène était possible. Nous avions accroché une dizaine de fils dans les arbres. Les situations que nous avions imaginées pendant le stage et que nous avons jouées pour finir se sont avérées très parlantes.
L’écriture du Fil sous la neige s’est produite deux ans plus tard.
Les funambules arrivent avec des histoires et des techniques différentes. Comment faites-vous pour créer l’unité que vous recherchez ?
Avant même de nous lancer dans l’écriture, nous sommes obligés d’inventer un langage technique commun. Chacun a sa pratique qui a besoin de s’accorder à celle de l’autre. Le plus souvent, les numéros de fil sont des numéros en solo, intégrés à un spectacle, qui comprend lui-même bien d’autres prestations. Ici, la démarche consiste à réunir sept funambules, dans une configuration de tissage, pour un spectacle exclusif de fil. Elle suppose de bien se connaître, d’anticiper les gestes et les réactions, de se comprendre. C’est une question de sécurité pour chacun des artistes. Une onde de mouvement suffit quelquefois à créer le déséquilibre de l’autre et à le faire tomber. De la même manière qu’une onde d’énergie qui parvient jusqu’à eux contribue à ce qu’ils se sentent en confiance. Cette invention d’un vocabulaire commun, qui crée des réflexes d’entraide et de vigilance entre tous, est donc un gage d’unité du spectacle comme de sérénité pour chacun des fildeféristes.
Quelles sont vos craintes pendant la construction du spectacle ?
Que quelqu’un se blesse ! Pour la création, j’essaie d’éviter les clichés et, lorsqu’ils apparaissent, de les éliminer. Je n’aime pas les évidences. Quand nous travaillons individuellement un thème, nous avons tous des réflexes : survient un premier degré qui n’est pourtant pas l’histoire à raconter. Il faut en avoir conscience pour ne pas choisir la facilité et pour, au contraire, aller aux endroits de la création qui n’appartiennent qu’à cette histoire. Je passe mon temps à donner des rythmes et à nettoyer. Pour moi, l’artiste est au service de la situation. Il n’a pas à exploiter ce qui se passe.
Quand une partie du public rit, l’artiste a tendance à s’en emparer et, du coup, à oublier ceux qui ne rient pas. En validant une émotion du public, il le limite à une interprétation de la scène. Dès que le visage exprime ou surenchérit, la limite est posée. J’essaie toujours de me diriger de l’autre côté, pour donner de la liberté à tous les spectateurs.
Entre cirque traditionnel et cirque contemporain, où vous situez-vous ?
Entre les deux. Autrefois, la tradition voulait que l’artiste soit le technicien, que le technicien soit l’artiste. Mais le cirque a évolué. Ce n’est plus la même économie, ni les mêmes règles, ni cette vie où étaient réunis la famille et le métier… et qui faisaient le cirque, à la fois monstrueux et d’une grande générosité. Mais je porte cette histoire et j’y suis attaché.
Un excellent spectacle, l’esprit du cirque, la formidable technique, la proximité et convivialite, l’emotion, la possibilite de faire partie du rêve d’Antoine, un beau moment de vie Anne
Élégance, humour, poésie, émotion et musique. Tout est réuni pour s'envoler sur une planète le temps d'un spectacle d'une rare qualité.
Un moment de magie, où se mêlent virtuosité, burlesque et poésie. Nous avons vu ce spectacle avec des enfants, de 6 à 11 ans, qui ont tous aimé. Un petit chapiteau pour un moment en "huis clos" avec les artistes. Un très très beau et sensible projet qui prend forme sous nos yeux... en équilibre sur le fil de la vie. Bravo !
je viens d'assister à ce spectacle, ce soir, dans le cadre de "mettre en scène" à Rennes. j'ai oscillé entre sourire, émotion, admiration devant tant de technique, de légèretè et de poésie...de gravité aussi. une phrase m'est venue au cours de cette soirée ..."s'en est beau à nouer les tripes"
Pour 2 Notes
Un excellent spectacle, l’esprit du cirque, la formidable technique, la proximité et convivialite, l’emotion, la possibilite de faire partie du rêve d’Antoine, un beau moment de vie Anne
Élégance, humour, poésie, émotion et musique. Tout est réuni pour s'envoler sur une planète le temps d'un spectacle d'une rare qualité.
Un moment de magie, où se mêlent virtuosité, burlesque et poésie. Nous avons vu ce spectacle avec des enfants, de 6 à 11 ans, qui ont tous aimé. Un petit chapiteau pour un moment en "huis clos" avec les artistes. Un très très beau et sensible projet qui prend forme sous nos yeux... en équilibre sur le fil de la vie. Bravo !
je viens d'assister à ce spectacle, ce soir, dans le cadre de "mettre en scène" à Rennes. j'ai oscillé entre sourire, émotion, admiration devant tant de technique, de légèretè et de poésie...de gravité aussi. une phrase m'est venue au cours de cette soirée ..."s'en est beau à nouer les tripes"
y a pas à dire c'est fabuleux :)
Les Sablettes 83500 La Seyne-sur-Mer