Profitant d’une vente promotionnelle dans une grande surface de la région parisienne, Jacques et Odile se sont acheté un couple d’amis. De « vrais amis », en chair et en os, sympathiques, un peu flatteurs et toujours prêts à tout pour égayer leurs soirées. Mais rapidement une certaine lassitude s’installe et Jacques et Odile se montrent de plus en plus exigeants ; jusqu’au jour où...
Les Amis du placard est ma neuvième pièce. Après les monstres historiques (Picrochole, Richard III, Néron) ou mythique (Satan) et les monstres de série B (Docteur Antonopoulos, le Baron Sadik, Fantômas) c’est un couple de monstres dont les méfaits ne dépassent pas les murs de leur pavillon de banlieue qui sont cette fois les « héros ». Odile et Jacques sont des monstres du quotidien, de ceux que l’on peut croiser au supermarché ou en allant chercher ses enfants à l’école. Des monstres dont aucun livre d’histoire ne fera jamais mention. Des monstres qui n’auront même pas l’honneur de passer au tribunal de police, mais qui sont d’autant plus effrayants qu’ils nous ressemblent. Ils sont aussi monstrueusement drôles car en donnant libre cours, sans complexe, à leurs plus vils instincts, ils nous libèrent de cet angélisme pesant auquel, jour après jour, nous nous contraignons et que nous aimerions bien abandonner de temps en temps pour assassiner, qui son voisin, qui son patron, voire sa belle-mère, son mari, sa femme ou ses enfants. Oui, en chacun de nous sommeille un monstre qui ne demande qu’à se réveiller. Nous le rappeler de temps en temps ne peut pas nous faire de mal.
Gabor Rassov
Tout a un prix, c'est sûr. Et si quelque chose a un prix, vous trouverez toujours quelqu'un pour le vendre... et pour l’acheter. Télé-achat, grands distributeurs, internet ! Mais peut-on vraiment tout s'offrir ? L'amitié a-t-elle un prix ? Quel est le prix d'une amitié sincère et profonde ? Peut-on s'offrir une amitié de 20 ans ? Parabole cruelle et satyrique, Les amis du placard est d'abord une comédie. Mais elle met aussi en évidence la violence des rapports humains quand l'une des parties prend le pouvoir sur l'autre. C'est une comédie au goût amer qui laisse un sentiment d'injustice. Comme découvrir que l’on n’a pas été aimé pour soi-même. Que notre soif de pouvoir – qui a fait de nous des êtres vils et creux – ne peut masquer la solitude. Quand nous comprenons que ces témoignages d’amour ne sont rien d’autre qu’un intérêt évident pour les quelques miettes de pouvoir tombées de notre table. C'est dans ce rapport de cruauté que je souhaite monter le spectacle. Du parvenu qui s'est choisi une femme stupide pour mieux briller, au mari qui porte le poids de son incapacité à subvenir aux besoins de son couple ; en passant par ces épouses, l'une obéissante et soumise par éducation, l'autre prête à tout pour améliorer son existence. Ce sont des êtres seuls qui se jouent la comédie de l'amitié. Nous avons fait un travail profond sur l'authenticité des personnages, car si la mise en abîme est simple, le rapport des personnages est la vraie clef du succès de notre spectacle. C'est dans le silence qu'apparaîtra la fragilité, la douleur, l'humanité de ces personnes. Ainsi la réponse sera évidente.
Patrick Courtois
77 rue de Montreuil 75011 Paris