Caroline a épousé Valentin, homme d’affaires avisé qui plaît beaucoup aux dames, ce qui désespère son épouse. Pour faire face à de futures obligations, le couple a décidé de s’attacher les services d’une gouvernante. Et c'est ainsi que débarque Josépha, femme enjouée, à la cinquantaine avenante qui va vite réaliser qu’elle n’est pas venue dans cette maison par hasard. En fait de vacances, Josépha a rendez-vous avec son passé.
L’inoubliable "Marie-Pervenche" trouve un rôle à sa mesure dans une comédie tout en nuance à la fois drôle et sensible.
Ne pas se fier aux gens simples, « clairs comme de l’eau de roche », aux êtres qui n’ont rien à cacher. Se donner la peine de s’arrêter, de les regarder plus attentivement, de deviner les richesses, la complexité, les secrets, les blessures gentiment dissimulées derrière une façade lisse et sans histoires. C’est ma « Josépha », femme populaire, enjouée, cocasse, amoureuse du cinéma, qui passe ses dimanches à la Foire du Trône. Rien à cacher.
Elle n’a jamais rien dit de son amour trahi, de sa vie sans enfant, de sa solitude. Elle se tait, met sa vie entre parenthèses, par pudeur, par élégance. Ne pas exposer ses sentiments, ne pas céder au laisser-aller. Se taire et continuer de dispenser sa belle humeur comme si de rien n’était. Yves Pignot a été séduit par la pièce. Danièle Evenou s’est emparée de Josépha, de sa drôlerie, de son humanité, de ses mystères. Belle rencontre ! J’ai beaucoup de chance.
Dany Laurent
Le plaisir de la direction d’acteurs ! Ma motivation première pour mettre en scène une pièce de théâtre, c’est l’atmosphère qui se dégage de l’oeuvre. J’avais déjà mis en scène une pièce de Dany Laurent : Comme en 14. J’ai retrouvé dans Les vacances de Josépha la fluidité du langage, l’humanité du propos, le dessin précis et cocasse des caractères, et la philosophie populaire du bon sens du personnage central dans les réparties qui l’accompagnent.
Josépha est un personnage comme on les aime au théâtre, un mélange de notre bonne culture moliéresque, entre Sganarelle et Scapin, Dorine et Toinette, un personnage qui, face aux difficultés, redresse les manches et n’accepte pas la fatalité. On aimerait lui ressembler, l’aider, en la voyant se dépatouiller dans ce qui serait pour nous des situations impossibles ; et la voilà qui nous fait rire, qui s’adresse à nous, nous prend à témoin du drame qui se déroule sous nos yeux, nous rend complice de tout ce qu’elle entreprend pour arranger les choses ; nous la suivons et nous rions de la voir faire, un rire forcément tendre puisque nous sommes devenus sa famille, un rire humain, un rire haut et même parfois un éclat de rire. Nous nous attachons tellement à cette Josépha que nous la voudrions invincible, rebelle au chagrin, et quand la peine vient la toucher, dès la première atteinte elle nous fait passer du rire aux larmes.
Il restait donc à trouver la comédienne qui incarnerait le mieux Josépha, et c’est Danièle Evenou qui s’est tout de suite imposée à mon esprit comme une évidence. Sans elle, je n’aurais certainement pas monté la pièce. Je sentais qu’il y aurait rencontre entre elle et ce personnage, et je savais (pour avoir déjà travaillé avec Danièle) que je saurais lui servir humblement de guide afin qu’elle incarne au mieux cette femme simple qui fait de ses vacances un moment exceptionnel.
La mise en scène des Vacances de Josépha repose essentiellement sur la direction d’acteurs où chacun doit être à sa place, être en situation, travailler dans la vérité, construire des personnages complexes et non des clichés. Il fallait donc que Jean-Baptiste Martin et Julia Duchaussoy jouent à fond leur partition, lui odieux à souhait, elle désespérée et assassine, afin de faire passer Les vacances de Josépha dans les marécages d’un couple déchiré aux ambiances survoltées. C’est bien sincèrement et chaleureusement, que je les remercie du plaisir intense qu’ils m’ont donné à les diriger tous les trois.
Yves Pignot
6, rue de la Gaîté 75014 Paris