« Que veut dire actes sans nom ? Ce sont des actions scélérates, des assassinats si violents que ni la langue ni le cœur n’osent le dire. Il leur est nécessaire de les garder en une silencieuse mémoire : la vieille odeur de sang est toujours là en embuscade. Mieux vaut en prendre conscience, avant qu’elle ne s’éveille.
Trop souvent refoulé, le tragique est indispensable pour nous sortir de l’indifférence. L’horreur se mêle sans cesse à la vie quotidienne, et, si nous ne voulons pas être asphyxiés, il nous faut réveiller notre conscience sociale.
Dans cet opéra, on ne parle ni de morts ni de massacre en particulier, mais de tous les morts, de tous les massacres sur lesquels repose l’humanité. Quand le mécanisme du pouvoir en soi devient une obsession, il broie toujours des vies humaines. Banco tombe assassiné dans une forêt. Celle-ci s’animera, des générations de victimes viendront prendre possession de Macbeth. »
Salvatore Sciarrino
décembre 2001
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris