Mon dernier spectacle !

Reine, une actrice en mal de gloire, décide de s’offrir un adieu triomphal à la scène : ce sera « son dernier spectacle », un spectacle total dans lequel tout lui est permis avec pour seule limite l’écoulement d’un sablier. Elle y jouera les plus grands rôles du répertoire, ceux qu’elle a toujours rêvé d’incarner (de Juliette à Hermione en passant par Cyrano) ; elle chantera et dansera, exultant de ce dernier cadeau offert à son public adoré.

A ces côtés, Wilfried, son fidèle assistant aux allures de Buster Keaton, la soutient et lui donne la réplique, aidé dans sa tâche par son étrange petite sœur violoniste, la fantomatique Inga. De leur bonne volonté dépend la réussite du pari fou de Reine… Attention, le compte a rebours va commencer !

Ce spectacle, co-écrit par Karine Casati et Laurent Lethiais, est l’aboutissement d’un travail d’écriture et de plateau qui explore les zones d’intersection entre le clown et la tragédie. Le clown, comme le héros tragique, court à la catastrophe. Parce qu’il fait un pied de nez à la sagesse et à la logique et surtout, parce qu’il essaie de faire plier le monde concret, de le soumettre à sa démesure, le clown va forcément « dans le mur ».

Comme le héros tragique, c’est parce qu’il exerce sa liberté en niant les forces de la nature ou du destin que le clown choit. Mais sa chute est grande. Dans Mon dernier spectacle !, c’est dans l’acte théâtral même que Reine, la comédienne, va exercer cette liberté. Pas de limites, pas de renoncement, pas de code ou de registre à respecter. Mais à quel prix ? Non seulement le geste de Reine précipite sa chute, mais l’amour de son assistant étouffe à ses côtés, tandis qu’Inga, le troisième personnage, cherche désespérément la sortie du théâtre, pour ne pas mourir asphyxiée sur les planches.

Par-delà la question de l’artiste et de sa difficulté d’être au monde, c’est la question du rêve et du renoncement que ce spectacle soulève.