Mona chante Rezvani

du 22 juin au 1 juillet 2000

Mona chante Rezvani

Faire découvrir aujourd'hui ces chansons, chansons d'amour improvisées pour sa femme, chansons pleines de fantaisie pour amuser ses amis, c'est un peu pénétrer dans l'intimité tendre et joyeuse de ce couple qui s'exila dans le midi, c'est chanter cet amour fou qui dure depuis 1950 quand Rezvani rencontre Lula un soir.

Livret
Texte Serge Rezvani
Texte Mona Heftre

Chansons de Rezvani interprétées par Mona Heftre accompagnée au piano par Gérard Daguerre. Un disque-livre produit par Actes Sud Sortie le 5 juin 2000. Cet ouvrage au format CD comprend : le parolier complet des 72 chansons écrites et mises en musique par Rezvani, le compact disque des vingt plus belles chansons d’amour interprétées par Mona Heftre accompagnée au piano par Gérard Daguerre.

Livret

La ligne de chance
Vague vague
Tantôt rouge tantôt bleu
Les mensonges
Le Tourbillon
Je ne suis fils de personne
La fenêtre à tabatière
A travers notre chambre
Jamais je ne t'ai dit...
Ni trop tôt ni trop tard
Notre folle jeunesse
Les mots de rien
Les mainssur les tempes
L'étoile du soir
Les autoroutes
Anonyme
Les wagons longs de lit
Tout morose
Bal à Boudoudioulasso
J'ai la mémoire qui flanche

Texte Serge Rezvani

Avant tout, je dois dire que la salle Gémier est un lieu qui, pour moi, se trouve déjà chargé de bien fortes émotions : c'est là que dans les années 70 la compagnie Vincent-Jourdheuil créait ma première pièce Capitaine Schelle, capitaine Eçço. Qu'aujourd'hui donc - trente ans après - Mona Heftre ressuscite, dans cette même salle, tant de chansons faisant partie de "notre folle jeunesse" me fait remercier ces sortes de contradictions du temps qu'invente parfois la vie. Par le talent si rare et merveilleux de Mona j'ai eu la félicité de découvrir, oui, moi, leur auteur ! ces chansons qui s'étaient comme assoupies dans ma mémoire. Jamais mes mots n'ont été habités avec tant d'intelligence et de sensibilité ! Seuls les grands artistes, ces funambules de l'art, prennent le risque d'être "simples" et y réussissent. C'est ici le cas. Je saisis ici l’occasion pour dire merci au chant de Mona, ainsi qu'à Gérard Daguerre dont le piano apporte un surcroît de fraîcheur à cette voix que Lula et moi aimons et admirons.

Ces chansons, que Mona Heftre chante aujourd’hui si merveilleusement, datent des années soixante. Leurs paroles et leurs musiques sont venues ensemble, dans un même mouvement de félicité, en contrepoint des jours vécus avec celle qui les a inspirées – et que dans mes romans autobiographiques j’ai nommée Lula.

Pour la plupart, d’ailleurs, ces chansons sont un peu comme le journal chanté de ma vie avec elle, la femme de ma vie. Elles nous disent. Elles disent l’émoi de la première rencontre ; l’émoi de se découvrir et d’avoir le privilège de vivre ensemble.

Donc elles seraient en quelque sorte un chant naturel venu de lui-même avec facilité, bonheur, facétie. Je les ai composées sans y penser vraiment, la musique portant les mots, poussé presque malgré moi par le besoin vital de fixer mes émotions, de dire sur un mode inattendu – venant du peintre que j’étais – mon amour pour cette femme... et aussi par la joie de partager ces moments de félicité avec les amis qui nous entouraient.

Ainsi elles ont prolongé, sans que je m’en rende compte sur le moment, ces années de mon enfance russe où le chant jaillissait spontanément comme une forme d’expression naturelle et même indispensable à ces déplacés qui, de cette manière, fixaient ces fameux "rires parmi les larmes" de la nostalgie d’un monde perdu. Voilà pourquoi certaines de ces chansons disent les rires et les larmes d’un présent que l’on sait déjà irremplaçable et lui aussi continuellement perdu.

Après trente années d’une sorte de légère amnésie envers elles, aujourd’hui qu’elles sont chantées avec tant d’intelligence et de sensibilité par Mona, j’ai la joie surprenante de les recevoir telles des chansons jamais entendues, et surtout, aussi neuves que si elles étaient d’un autre que moi.

Et en même temps, je me retrouve subitement plongé dans le climat délicat des émotions intimes qui m’ont poussé à les composer, comme si, après ces trente années de vie et de création passées loin de ces chansons, elles me revenaient pour se superposer exactement à mon aujourd’hui avec la présence d’un parfum qui vous emplirait soudain non seulement de sa senteur mais aussi de tout ce que ce parfum a, en quelque sorte, coloré autour de lui par sa subtilité.

Telle est la force d’une chanson ! Je mesure là à quel point elle peut retenir en elle "le temps perdu" dans toute sa fraîcheur. Oui, ces chansons sont avant tout des moments d’existence. Elles furent improvisées et à la fois "travaillées" dans cette fraîcheur du sensible. Pendant la dizaine d’années où je les composai, jamais je n’aurais pensé qu’elles dépasseraient le cercle de ceux auxquels je les dévoilais par amitié et par jeu. François Truffaut et, grâce à lui, Jeanne Moreau furent leurs divulgateurs amicaux.

En les redécouvrant aujourd’hui, dans la si profonde interprétation de Mona, je m’étonne d’y trouver à travers cette profondeur, comme ébauchés, la plupart des thèmes qui par la suite se sont élargis chez moi au théâtre, aux écrits autobiographiques et, pour finir, aux romans.

Et ce que je trouve exceptionnel dans cette rencontre entre Mona et mes textes-musiques, c’est l’extraordinaire simplicité – je pèse le mot dans sa sublime dignité –, oui, ce que je trouve unique dans cette toute nouvelle création qu’en fait Mona, c’est la simplicité d’art qui ressort de son travail de chanteuse et de comédienne – car pour atteindre si profond à l’émotion, pour remplir chaque mot, chaque inflexion "d’indicible", il faut avoir cette "âme" – ainsi a-t-on nommé le mystérieux sortilège de la simplicité – que l’on attend principalement de certaines interprétations des lieder de Schubert, par exemple. En cela, Mona est soutenue par le subtil et schumannien pianiste Gérard Daguerre qui, lui aussi, a su aller à cette limpidité tellement rare aujourd’hui dans l’art si particulier de ce que l’on a nommé : la chanson.

Serge Rezvani

P.-S. : Si au moment de la première divulgation de mes chansons je m’étais décidé à prendre Bassiak pour pseudonyme, c’était dans le souci de garder un certain retrait... et donc autant que possible éviter d’entrer dans la "profession" d’auteur-compositeur, avec tous les engagements médiatiques que cela pouvait supposer à l’époque de Jules et Jim ou de Pierrot le Fou. Bien sûr, aujourd’hui, je revendique avec bonheur, et en mon nom d’écrivain, ces prémices d’une écriture autobiographique et romanesque plus poussée qui, depuis, a si bien rempli ma vie.

Texte Mona Heftre

Pendant la présentation de Noir et blanc, récital cinématogaphique présenté dans le cadre du Centenaire du Cinéma en 1994, je cherchais des chansons de films.

Dans Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, Anna Karina chantonne, en virevoltant autour de Belmondo qui la suit des yeux amoureusement, une jolie chanson légère, presque enfantine sur l’éternité de l’amour. Cette chanson, Jamais je ne t’ai dit que je t’aimerai toujours, ô mon amour, m’a immédiatement conquise. L’auteur en est un certain Bassiak.

Bassiak, pseudonyme de Rezvani, est un poète, un peintre, un écrivain et un auteur de théâtre, que j’ai depuis lu et relu. Des Années Lula au Testament amoureux, il parle de l’amour fou qui l’unit à sa femme Lula.

Il a écrit quelque soixante-dix chansons dont il dit lui-même : " ...Ce sont des moments de vie, venus dans l’amusement, toutes furent improvisées pour le plaisir, ce sont des chansons d’amateur, pas une seule ne fut composée dans un but, ni pour qui que ce soit, plusieurs d’entres elles comme le Tourbillon ou La mémoire qui flanche (chantées par Jeanne Moreau), ont été intégrées dans des films, ce fut une bonne surprise. "

Faire découvrir aujourd’hui ces chansons, chansons d’amour improvisées pour sa femme, chansons pleines de fantaisie pour amuser ses amis, c’est un peu pénétrer dans l’intimité de ce couple qui s’exila dans le midi, c’est chanter cet amour fou qui dure depuis 1950 quand Rezvani rencontre Lula un soir de décembre à Paris.

Mona Heftre 

Sélection d’avis du public

ni trop tot ni trop tard Par Jean claude T. - 4 décembre 2018 à 20h48

une des plus belles chansons du répertoire français hélas trop méconnue interprétée magistralement par Mona

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ni trop tot ni trop tard Par Jean claude T. (1 avis) - 4 décembre 2018 à 20h48

une des plus belles chansons du répertoire français hélas trop méconnue interprétée magistralement par Mona

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Spectacle terminé depuis le samedi 1er juillet 2000

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