Dès 7 ans.
Monsieur est un éleveur prospère, propriétaire de belles chèvres au pelage varié. Il n’a qu’un seul objectif dans la vie : vivre heureux avec ses chèvres. Mais Monsieur a un problème : son voisin, le loup, voyou vagabond qui lui n’a qu’un seul but, séduire ses chèvres. Et il y parvient avec trop de facilité. Un jour pourtant, de retour d’un lointain voyage, Monsieur ramène Blanchette : une « vache » pas comme les autres. L’un et l’autre ont décidé de tout mettre en œuvre pour l’avoir en exclusivité. Mais c’est sans compter sur la curiosité, la peur de l’ennui et la soif de liberté de Blanchette, et le loup qui n’a pas dit son dernier mot…
L’écriture de cette pièce s’inscrit dans le diptyque de théâtre jeune public que José Pliya a amorcé avec sa précédente création Mon petit poucet. Il s’est ici appuyé sur son expérience de père pour centrer sa pièce sur la quête identitaire et le désir d’émancipation qui questionnent l’adolescence. Dans le « paradis » qu’a été son enfance, La chèvre de M. Seguin a été la première histoire qui lui a fait toucher du doigt, inconsciemment et confusément, le sens du tragique, cette faculté à savoir dès le début, que ça finira mal. Dans cette adaptation, l’auteur a voulu décliner un trio d’amour, de désir et d’obsession. Trois figures du tragique.
D'après le conte d'Alphonse Daudet, La Chèvre de Monsieur Seguin.
Celle de Monsieur tout d’abord. Dont la figure lui a été fortement inspirée d’un personnage du chef d’œuvre de l’écrivain ivoirien, Ahmadou Kourouma Les soleils des indépendances, et du peuple de pasteurs nomade sahélo-saharien - les peulhs - éleveurs de vaches, considérées comme un animal de prestige. Monsieur est donc un noble, un aristocrate, enfermé dans la lâcheté, la peur, le mensonge et l’irrésolution. Il est prisonnier de sa position sociale et entretient une relation complexe avec son bétail.
Celle du loup ensuite. Dans la pièce il est le séducteur, le mauvais garçon, le voyou vagabond, objet de tous les fantasmes et de toutes les projections. Monsieur le craint, mais ne peut se passer de sa présence. En effet, en mangeant ses chèvres, le loup incarne l’assouvissement, la consommation, au sens propre, la transgression du tabou qui est interdit à Monsieur.
Celle de Blanchette enfin qui représente la pureté de l’enfance. C’est la joie, l’enthousiasme, les rires aux éclats. Elle est victime d’un mensonge fondateur : celui de Monsie qui lui fait croire, depuis sa prime enfance qu’elle est une « vache » et non pas une chèvre.
C’est sur cette croyance qu’elle se construit, qu’elle construit son rapport au monde. Le paradoxe veut que Monsieur, qui l’aime plus que tout et qui veut la protéger presque malgré elle, soit à l’origine de cette trahison. Tandis que le Loup, son bourreau, sera le révélateur de sa vérité. Blanchette se retrouve ainsi précipitée dans la complexité de sa vie adulte. Face à cette violence, elle choisit, tout comme Iphigénie, son destin tragique, trouvant dans la mort sa liberté.
José Pliya a fait le choix d’une scénographie épurée : un plancher et un mur blancs, avec dans le mur, une porte, ouvrant sur un trou noir, mystérieux. L’animalité, représentée par une série d’accessoires et de masques, fera signe et sens. Le jeu des acteurs empruntera aux attitudes et comportements bestiaux, un travail sur « l’humanimalité ».
BLANCHETTE : Je ne suis pas une chèvre…
MONSIEUR : Tu n’es pas une chèvre.
BLANCHETTE : Moi, je suis une vache !
MONSIEUR : Toi tu es la plus belle des vaches.
BLANCHETTE : Moi, je suis Blanchette, la vache de Monsieur et je n’ai peur de personne !
MONSIEUR : Toi tu es ma Blanchette, ma précieuse vache, bien sage, bien obéissante et qui m’a promis de ne jamais écouter les carabistouilles des voisins-menteurs. Parole de vache ?
BLANCHETTE : Parole de vache !
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