Ce matin, je me suis levé heureux comme un lapin. Le chien du voisin n’a pas encore aboyé, signe répétitivement chronique m’indiquant qu’il est dehors. Ses maîtres dorment encore, le cabot doit être rempli de pisse.
Il lui en arrive de belles, des histoires pas ordinaires… À force de regarder autour de lui Moustic voit le monde autrement. Autrement, c’est-à-dire tel qu’il est dans la vie de tous les jours - celle qu’on ne voit pas justement parce qu’on l’a devant les yeux. Jules-Édouard Moustic a le don de l’observation. L’oeil vif, l’oreille fine, les sens en éveil. À force de présenter quotidiennement le journal d’un pays imaginaire, la présipauté de Groland, il darde sur notre quotidien un oeil aiguisé. À sa façon, il sait prendre de la distance et noter des détails inaperçus sur lesquels il ne manque pas d’exercer son esprit critique. Alors, observant le monde, il s’observe lui-même au passage et constate autour de lui, partout, un jeunisme qui fait rage.
Or, dit-il, « en tant qu’ancien jeune, pour ma part je vieillis ». Est-ce normal ? Faut-il s’en inquiéter ? Il ne voudrait pas passer, quand même, pour un de ces vieux râleurs donneurs de leçons dont il se gausse lui-même régulièrement. Sauf que depuis un certain temps, quand il regarde un boîtier de cd, il a du mal à lire ce qui est écrit dessus. Sur le moment, c’est vexant. Puis on s’y fait. Alors voilà, face à la « juvénitude » ambiante, il l’affirme sans complexe : « c’est vrai, je suis vieux comme l’actrice, là. Mais si ! Oooh ! La blonde qui est mariée avec l’autre, là. Roooh ».
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris