MurMure

du 9 janvier au 10 février 2008
1h40

MurMure

En août 2004, pendant une grève de la faim organisée par des détenus politiques palestiniens pour l’amélioration de leurs conditions de détention, Amira Hass entre en contact avec Mahmoud Al Safadi, grâce à un téléphone portable, illégal en prison. Ce texte de fiction irrévérencieux offre un regard décalé sur l’un des conflits les plus médiatiques du monde.

En août 2004, pendant une grève de la faim organisée par des détenus politiques palestiniens pour l’amélioration de leurs conditions de détention, Amira Hass entre en contact avec Mahmoud Al Safadi, grâce à un téléphone portable, illégal en prison.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, à raison de trois heures par jour, Amira Hass a pu s’entretenir, puis retranscrire ses conversations avec Mahmoud Al Safadi et ses codétenus. Ce dialogue entre deux personnalités exceptionnelles a duré cinq mois et offre un point de vue unique, de l’intérieur, non censuré par les autorités carcérales israéliennes.

Un livre fondé sur ces entretiens est en cours d’écriture par Amira Hass et Mahmoud Al Safadi. Gaël Chaillat et Ariel Cypel, les auteurs de la pièce, se sont saisi de ce matériau – avec l’accord des protagonistes – pour l’écriture de MurMure. Ils leur proposent de créer une fiction à partir de ces dialogues, un spectacle sous la forme d’une comédie clownesque.

Ce texte de fiction irrévérencieux offre un regard décalé sur l’un des conflits les plus médiatiques du monde.

  • Une comédie sur l'enfermement

Comment offrir, le temps d’une représentation théâtrale, un point de vue singulier sur les relations entre les protagonistes du conflit israélo-palestinien et mettre en lumière, par l’humour, certains mécanismes de comportement de ces deux sociétés profondément en crise ? En sachant que ce conflit est l’un des conflits les plus médiatisés au monde, comment amener les publics, palestiniens, israéliens et français à appréhender la même mise en scène, alors que les uns vivent ce conflit au quotidien et que les autres ne le connaissent qu’au travers des relations que diffusent les médias ?

L’écriture dramatique s’inspire de la réalité et toutes les situations et les histoires du spectacle MurMure sont inspirées de faits réels, desquels les fils de l’absurde, des situations comiques et de la satire sont tirés à l’excès, pour tricoter des actions théâtrales révélatrices, typiques, voire édifiantes.Amira Hass et Mahmoud Al Safadi rient ensemble et avec lucidité, de l’arbitraire qui les sépare alors que la faculté d’autodérision manque cruellement aux acteurs du conflit ; toujours prêts à présenter l’adversaire comme un monstre.

Candide est notre regard sur le monde de Mahmoud Al Safadi et d’Amira Hass. En prenant ses distances, ce regard, à l’aide du langage théâtral, fonde le socle d’un univers imaginaire, étrange et familier. Sur ces nouvelles bases, les folies humaines que le vi eux conflit nourrit sans cesse sont réduites à se consumer dans le rire. Un rire que les deux personnages principaux déploieront à la tête de toutes les haines à la fin du spectacle.

Dans toutes les prisons du monde les prisonniers cherchent par n’importe quels moyens - légaux ou illégaux - à entrer en contact avec le monde extérieur. L’apparition du téléphone portable a révolutionné leur vie et transformé la perception des prisonniers ; une fenêtre s’est ouverte sur le monde : « C’était le poumon par lequel nous respirions…».

Le récit que Mahmoud Al Safadi fait de l’intérieur de la prison grâce au téléphone est un point de vue unique, au quotidien, non censuré par les autorités carcérales israéliennes, de la vie des prisonniers politiques palestiniens. Ce récit nous invite à une réflexion plus générale sur la notion d’enfermement, en considérant ici l’enfermement de Mahmoud Al Safadi comme métaphorique de l’enfermement subit par la société palestinienne toute entière, entourée d’un « mur de protection ».

Mais cet enfermement carcéral est paradoxalement moins infernal qu’à l’extérieur de la prison où la circulation est impossible. De son coté, la société israélienne, elle aussi, en enfermant l’« adversaire », se mure dans un repli paranoïaque. Les barrières mentales dressées entre les deux communautés, le déni de l’autre et le repli ethnique, semblent être des maladies contagieuses, sans remède apparent.

Cette rencontre improbable est porteuse d’espoir, est possible parce que la journaliste, israélienne, et l’activiste, palestinien, sont chacun, à leur façon, en rupture avec leur propre société. Amira Hass vivant à Ramallah, est considérée par certains de ces concitoyens comme une proterroristes.

Son refus absolu d’assister comme seul témoin aux souffrances et aux injustices, enseignement qu’elle a reçu de ses parents rescapés de la Shoah, motive son engagement. Elle se définit d’ailleurs comme « culturellement Juive et sociologiquement Israélienne ». Mahmoud Al Safadi, de son côté, envisage sans concession les responsabilités des organisations palestiniennes et de leurs directions politiques dans la crise profonde de la société et se forge par l’étude, en prison, un point de vue sur la Shoah, question taboue dans la société palestinienne.

Cette conscience nouvelle l’amène à proposer à ses codétenus des conférences sur la destruction des Juifs d’Europe. Il cherche à faire évoluer le savoir de la société palestinienne, qui généralement refuse de reconnaître la tragédie de la Solution Finale.

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  • Historique d'une rencontre exemplaire

En 1989, lors de la première Intifada, un groupe d’une quarantaine de jeunes palestiniens « Résidents de Jérusalem » brûlent des voitures avec des cocktails Molotov. Mahmoud Zahara Al Safadi, 21 ans, leur leader, est arrêté par l’armée, torturé et condamné à 27 ans de prison, « pour une série de délits, dont le principal était d’être membre d’une organisation illégale et pour ses activités qui incluaient le jet de cocktail Molotov et l’incendie de véhicules à Jérusalem, lors de la première Intifada ».

C’est une condamnation pour l’exemple car les faits qui lui sont reprochés ne méritaient pas cette lourde peine. Les autorités israéliennes ont voulu dissuader la jeunesse arabe israélienne de Jérusalem d’imiter les actions de leurs frères à Gaza et en Cisjordanie, et contenir ainsi l’expansion de la première Intifada.

En prison, où l’appartenance à un groupe est incontournable, Mahmoud Al Safadi gravit les échelons de sa hiérarchie politique et devient en quelques années le porte-parole des détenus du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) dirigé par Georges Habache, un groupe politique nationaliste et laïc de résistance à l’occupation israélienne.

En 2004, après quinze ans d’enfermement, lors d’une grève de la faim pour dénoncer les conditions de détention et obtenir l’amélioration des conditions de vie des détenus, Amira HASS entre en contact avec lui par l’intermédiaire d’un téléphone portable, illégal en prison. A raison de une à trois heures de conversation quotidienne, elle s’est appliquée à transcrire, soit directement, ou juste dans les heures qui ont suivies, les propos échangés avec Mahmoud Zahara et ses co-détenus.

Malheureusement, quatre mois plus tard, tous les téléphones portables, qui avaient été introduits peu à peu au sein de la prison sont confisqués l’un après l’autre et leurs conversations s’arrêtent brusquement. Le fil entre Amira Hass et Mahmoud Zahara est maintenu alors par des lettres qu’ils s’échangent mais sous le contrôle de l’administration pénitentiaire. Mahmoud Zahara a été libéré le 5 Septembre 2006. Il vit à présent, chez lui, à Jérusalem-Est. Amira HASS est née en Israël au milieu des années cinquante. Ses parents, rescapés de la Shoah, militaient au Parti Communiste Israélien.

Depuis 1994, elle vit dans les territoires occupés où elle est la correspondante permanente du quotidien national Ha’aretz. Elle est la seule journaliste qui a choisi d’informer ses concitoyens sur le conflit depuis les territoires occupés. De 1994 à 1997, elle a vécu à Gaza pour couvrir les transferts de pouvoirs à l’Autorité Palestinienne et à publié un livre racontant son expérience : « Boire la mer à Gaza ». (La Fabrique 2001)

Depuis 1999, elle vit à Ramallah et a obtenu le World Press Freedom Award pour son travail à Ha’aretz. Elle est soutenue par plusieurs fondations internationales de renom. « Ma conviction a toujours été que l’histoire se trame dans le cours de la vie ordinaire bien plus que dans les cérémonies des gouvernants. » A.H.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 10 février 2008

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