Divas de nuit, coiffeuses de jour, parfois clandestines et toujours solidaires, être une femme transgenre à Abidjan, c’est vivre au quotidien comme dans un ring de boxe. Avec Prophétique (on est déjà né.es), Nadia Beugré écoute ce qu’elles ont à dire dans une société qui fait semblant de ne pas les voir.
Nadia Beugré s’intéresse de près aux marginalisés, aux « échoués » ou aux « rêveurs » comme elle se plaît à les appeler. Marquant un retour dans sa ville d’origine, la chorégraphe s’est rapprochée des membres de la communauté transféminine d’Abidjan. La société les appelle « les folles » et préférerait les ignorer. Mais dans le quartier de Yopougon, tout le monde les connaît. Elles sont les reines des nuits de la ville ivoirienne, tressent dans les salons de coiffure, sont parfois clandestines mais toujours terriblement solidaires. Pour des invisibles, elles prennent « une place folle », rappelle la chorégraphe qui a partagé leur quotidien et vu leurs manières d’enflammer les clubs, puisant dans les énergies du voguing et du coupé-décalé. Dans un espace sans attribution, en transition perpétuelle, six interprètes, professionnels ou non, d’Abidjan et d’Europe, se font les porte-voix de leurs luttes et les corps de leurs danses. Elles racontent l’histoire de ces existences prophétiques qui, depuis les périphéries, fabriquent d’autres centres.
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