Si Philippe Genty est marionnettiste, danseur, acteur, musicien, plasticien, il est surtout un fabuleux illusionniste qui parcourt de grandes fresques mythiques. Il décortique l’humanité et nous plonge au coeur de l’inconscient avec finesse et subtilité. Avec lui, les images en perpétuelle métamorphose font naître des paysages surréalistes dans lesquels l’humour et l’enchantement côtoient la cruauté et le désespoir.
Créé en 1992 à Paris, Ne m’oublie pas a fait le tour du monde. Philippe Genty et Mary Underwood ont décidé de le reprendre avec des jeunes artistes de l’Université North-Trondelag, à Verdal, en Norvège.
À travers d’incroyables odyssées visuelles, un groupe d’individus traverse le monde et s’immisce au pays des rêves, au pays des grandes étendues arctiques, au milieu des glaces peut-être éternelles… Là, où s’évapore le temps…
Corps dansés, mêlés, fusion, vertige, les corps se confrontent à la matière dans des situations aux limites de l’inconcevable. Rencontres impossibles qui fissurent nos certitudes, ouvrent des portes sur des tableaux où la raison s’abandonne à des images insondables.
La ligne mélodique de René Aubry nous plonge dans les effluves du passé et nous entraîne dans un mouvement obsédant comme dans une spirale de plus en plus hypnotique.
Danse, théâtre, chant et marionnettes se rencontrent et conjuguent le sublime et l’irréel.
« Clarisse, une chimpanzé de taille humaine en robe longue, va porter un regard interrogatif sur des figures humaines qu’elle fait surgir comme des spectres d’un passé dont ne sait s’il est individuel ou collectif. Les rôles sont inversés, elle est de l’autre côté d’une cage fictive, sa présence permanente accentue l’absurdité des comportements dérisoires et pathétiques de ces humains.
De l’obscurité surgit un paysage de neige. Il recouvre les souvenirs des morts tandis qu’un homme tire, de façon répétitive, un traîneau. Ce sentiment de répétition, on le retrouve aussi avec les mannequins, sosies des interprètes. La fixité de leur visage si proche de ceux des acteurs leur donne un aspect morbide, la relation entre les deux fait surgir un trouble temporel, les mannequins figés dans l’éternité, face aux humains éphémères.
Ces humains qui tentent pathétiquement de leur transmettre une vie comme si leur propre vie en dépendait. Curieusement cette confrontation nous fait redécouvrir la vie humaine comme si elle nous était soudain inconnue, sa fragilité, la complexité de ses mouvements.
René Aubry crée un climat de transe envoûtante. La ligne mélodique nous plonge dans les effluves du passé tandis que la structure répétitive nous entraîne dans un mouvement obsédant comme le rythme lancinant des roues d’un train à l’intérieur duquel nous voyagerions, entraînés dans une spirale de plus en plus hypnotique, il nous fait appréhender des paysages intérieurs. Nous les découvrons pour la première fois, nous savons pourtant qu’ils sont là depuis toujours. Leur étrange familiarité est inquiétante.
Avec Mary, je découvre le corps dansé – fusion, vertige, répétition – la danse peut exprimer l’indicible, la danse interroge. Par instants, le corps transcende l’espace, le fait exploser quand il se confronte à la matière dans des situations aux limites de l’inconcevable. Ces rencontres impossibles fissurent nos certitudes, ouvrent des portes sur des paysages où la raison s’abandonne à des vertiges insondables. »
Philippe Genty
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt