D'après Dante Alighieri, Ossip Mandelstam, Primo Levi…
Ossip Mandelstam, né en 1891, fit ses études à Paris, Heidelberg et Saint-Petersbourg. Il publie ses premiers vers en 1910 et fonde avec Goumilov et Akhmatova le mouvement poétique de l'acméisme opposé aux symbolistes. Sa poésie se fonde sur une sorte de "nostalgie de la culture mondiale" très influencée par la Méditerranée. Vraisemblablement trahi pour avoir lu en privé un de ses poèmes dénonçant "l'ogre du kremlin", il est arrêté une première fois en 1934 et exilé à Voronej où il écrit ses fameux "cahiers". En 1938 il disparaît dans le Goulag. Le poète Joseph Brodsky, prix Nobel, a écrit de lui qu'il était l'un des plus grands poètes de tous les temps.
Lire Dante mène au constat vertigineux qu'il a tout inventé, même le théâtre moderne (post-hellénique) en se projetant, avec son maître Virgile, devant l'immense représentation de souffrants, des punis, des pénitents. Si l'on fouille cette modernité qui défie le temps, on découvrira dans sa poésie des éclats de cette matière brute soumise à d'infinies métamorphoses avec laquelle il cerne l'insaisissable. La poétique de Dante conduit à la sonorité, au verbe, à l'image. La Divine Comédie est une énorme caisse de résonance dans laquelle vibrent les échos de plusieurs écritures contemporaines. Elle livre à travers chacune de ses fibres, une composante scénographique, dramaturgique et musicale. Nous sommes en quelque sorte à l'origine de la représentation figurative projetée dans l'espace. Plus qu'une musique de théâtre, la partition d'Elena Kats-Chernin sert de fil conducteur entre le récit et le chant lyrique, entre la musique des sphères et les bruits de l'enfer. Quand on parle de la Divine Comédie, on pense toujours à l'enfer. Découvrons aussi le purgatoire et le paradis, Mandelstam disait qu'elle était une machine pour capter l'avenir. Sondons le terrain du présent, les heurts, les ruptures du monde actuel et frappons aux portes de la Divine Comédie pour écouter l'écho qui nous en revient.
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