Dans toute œuvre d’art, il entre quelque chose de l’enfance. Dans le cas de Beytna, ce quelque chose se situe au cœur même du processus créatif. En effet, Omar Rajeh a imaginé le concept très particulier de cette pièce en se nourrissant de moments précis (et précieux) de son enfance : chaque dimanche, toute sa famille avait l’habitude de se retrouver dans la maison des grands-parents pour manger, boire et danser – son grand-père, au sens de l’hospitalité très développé, insistant toujours pour inviter aussi des amis et gens de passage.
Aujourd’hui, le chorégraphe libanais perpétue ce rituel familial en le transposant sur scène et en l’accommodant à sa manière. Il convie ainsi quatre chorégraphes étrangers à se réunir avec lui autour d’une longue table : trois invités constants – le Togolais Anani Dodji Sanouvi, le Japonais Hiroaki Umeda, le Flamand Koen Augustijnen – et un invité-surprise, choisi dans chaque ville-étape. Se joignent en outre quatre musiciens palestiniens, le Trio Joubran – composé de trois frères oudistes – et le percussionniste Youssef Hbeisch.
Tous ensemble, ils vont non seulement partager un repas traditionnel libanais, préparé en direct par la mère d’Omar Rajeh, mais aussi – et surtout – partager leurs différences et leurs cultures en dialoguant, en riant, en dansant, en faisant de la musique. Invités eux aussi à boire et à manger sur scène à plusieurs reprises durant la représentation, les spectateurs font partie intégrante de cette pièce succulente (et truculente), dont la diversité n’a d’égale que la générosité.
« Pour son nouveau spectacle, Omar Rajeh […] met les petits plats dans les grands et les pieds dedans pour faire exploser les bouchons de la bonne humeur et du savoir bien vivre que la danse véhicule. » Rosita Boisseau, Le Monde
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