"Rien n’est plus drôle que le malheur […] Si, si, c’est la chose la plus comique au monde." Samuel Beckett, Fin de Partie
Si vous pensiez être quittes de toutes ces sornettes
Si à vous on ne la fait pas
Si vous aviez l’impression d’avoir fait le plus dur
de tenir le bon bout
Si vous croyez encore que
pierre qui roule n’amasse pas mousse
que tel père tel fils et
qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras
Si vous envisagiez une petite sortie au théâtre
pour vous en payer une bonne tranche
après une dure journée
Si vous espériez enfin vous en sortir à si bon compte…
Vous risquez d’être surpris.
Par la compagnie Tu n’Etais pas mon Premier Choix.
Tout d’abord, pourquoi ce titre, On va tous mourir ?
Parce qu’on va tous mourir. Vous, moi, tout le monde. On va tous mourir.
Parlez-nous de ce spectacle, qu’y trouvera-t-on ?
Une certaine folie, je crois. Dans la forme, c’est une succession de séquences, de saynètes, même si ce
n’est pas simplement ça mais je ne peux pas tout dévoiler non plus, laissons planer un peu de mystère,
voulez-vous ? Sur le fond, je peux en revanche vous dire tout ce qu’on n’y trouvera pas : aucune parodie,
ni d’émissions de télé, ni d’autre chose ; pas non plus de billet d’humeur sur la dernière conquête féminine du
président de la République, ou d’état des lieux sur la misère sentimentale des trentenaires célibataires à Paris. Il
me semble en revanche que nous développons, et j'avance ceci avec une incroyable arrogance et une prétention
décomplexée, un univers qui nous est vraiment propre, fait d’humour noir, absurde, burlesque, d’un humour qui
peut aussi bien s’appuyer sur le texte que sur le visuel, mais surtout, et j’insiste là-dessus, d’un humour qui fait
rire.
Vous interdisez-vous certains thèmes, vous imposez-vous des limites à ne pas franchir ?
Surtout pas, nous ne nous interdisons rien. Je crois vraiment qu’il faut s’empresser de rire de tout, en
particulier dans une époque qui cherche à polir le langage, à l’aplanir. Abordons tous les thèmes, la vieillesse,
les handicaps, le racisme, et bien sûr la mort, omniprésente dans ce spectacle. Rire de ces sujets, c’estévidemment les exorciser, leur enfiler une tenue de carnaval pour mieux les démasquer. Les deux seuls
critères qui retiennent notre attention sont l’efficacité, la cohérence par rapport à notre univers, et l’originalité.
Ce qui fait trois. Est-ce drôle ? Est-ce que cela nous ressemble ? Est-ce qu’on ne l’a pas déjà vu cent fois ?
Pouvez-vous nous exposer votre conception du théâtre, et du rire au théâtre en particulier ?
Pff… Ce que je pense, c’est que le théâtre ne doit pas être cathartique, comme on l’entend parfois, il ne doit
pas servir à se dédouaner de ses émotions, mais au contraire le spectateur doit ressortir de la salle rechargé,
requinqué et armé pour affronter la bêtise et le caractère implacable, répétitif de la vie. L’acte théâtral, et
l’humour précisément, devrait être le détonateur d’une réaction en chaîne qui entraînerait à son tour ce
spectateur à développer ce que l’on pourrait appeler un rire de contre-attaque, un rire lucide, salvateur, celui
qui sème des fleurs dans les trous de nez de la Camarde, pour paraphraser Brassens. Le rire nous venge de la
bêtise et de la médiocrité du monde. « Voyez comme le bourreau a l’air sot avec sa hache quand le
condamné se fend la gueule sur le billot », a écrit Éric Chevillard, un auteur qui s’y connaît, en humour
vengeur. Le théâtre doit ouvrir des brèches dans le quotidien, dans la vie "normale". Au théâtre, on peut
créer un univers pour ensuite le manipuler à sa guise, voire le détruire et en recréer un autre, comme un
enfant enfermé dans sa chambre avec ses jouets, c’est un terrain de jeu infini.
Avez-vous des influences marquées, des modèles, dans le domaine de l’humour
Je pourrais bien sûr vous citer en vrac quelques noms glorieux comme les Monty Pythons, Pierre Desproges,
Guy Bedos ou Roland Dubillard, mais j’ose espérer que ce que nous proposons n’est pas qu’une simple
hybridation laborieuse de l’oeuvre de ces prestigieux prédécesseurs, et de tant d’autres d’ailleurs. Je préfère
penser qu’au-delà de l’influence qu’auraient ces artistes sur nous, si nous aimons leur travail c’est que nous nous
retrouvons dans leurs oeuvres, nous nous y reconnaissons, y rencontrant des frères d’armes, un cousinage, et
peut-être aussi une légitimité quant à notre propre démarche. Et puis ce qu’ils ont accompli n’est plus à faire,
il ne nous reste donc plus qu’à tracer notre propre sillon dans le champ déjà maintes fois labouré de l’humour
et de la fantaisie théâtrale…
Merci beaucoup.
C’est moi.
Entretien réalisé par le metteur en scène seul chez lui face à un miroir.
J'ai vu ce spectacle par hasard avec mon épouse au théâtre les Enfants Terribles, nous avions adoré! De l'humour jamais facile dans une mise en scène étonnante et intelligente, on en redemande, c'est tellement rare! Je recommande ce spectacle atypique à tout le monde, cette troupe gagne à être connue, à mon avis.
J'ai vu ce spectacle par hasard avec mon épouse au théâtre les Enfants Terribles, nous avions adoré! De l'humour jamais facile dans une mise en scène étonnante et intelligente, on en redemande, c'est tellement rare! Je recommande ce spectacle atypique à tout le monde, cette troupe gagne à être connue, à mon avis.
8, rue de Nesle 75006 Paris