Fasciné par la Révolution hongroise de 1848 et nationaliste convaincu, Béla Bartók n’a eu de cesse de compiler la musique populaire hongroise. Il se fait connaître avec Kossuth, poème symphonique à la gloire d’un héros du peuple… Mais l’exaltation patriotique de Bartók sait, comme celles de Prokofiev et Chostakovitch, se teinter d’ironie. En 1937-38, Bartók a abandonné les fresques épiques et compose à la demande de son ami, le violoniste Zoltan Székely, un concerto d’une extrême virtuosité.
Au même moment, à la grande époque de la Russie soviétique, la musique fait partie de la propagande destinée à glorifier le nouvel ordre communiste et empreinte à nouveau au folklore. D’où ces pages pleines d’élan qui, encore aujourd’hui, fascinent par leur capacité à s’adresser au peuple autant qu’aux connaisseurs. Prokofiev avait choisi d’être parmi les « héros compositeurs » qui mettaient leur talent au service d’une Russie engagée dans l’effort de guerre contre le fascisme. Sa cantate Alexandre Nevsky est à l’origine une musique destinée à accompagner le magnifique film d’Eisenstein. On y raconte au Moyen Âge la lutte du peuple russe résistant à l’invasion des cruels chevaliers allemands. La musique est un chef-d’œuvre absolu de style épique : le chœur et l’orchestre se joignent dans un grand élan collectif pour symboliser l’ardeur du peuple russe.
Dimitri Chostakovitch choisit quant à lui une autre manière de s’adresser à tous en inventant, comme dans sa Suite de ballet n° 1, un style proche du divertissement : ce que les compositeurs de son temps définissaient comme une musique « légèrement sérieuse » ou « sérieusement légère »…
Dimitri Chostakovitch : Suite de ballet n° 1
Béla Bartok : Concerto pour violon et orchestre n° 2
Serge Prokofiev : Alexandre Nevsky - cantate op. 78
Lumière sur le concert à 19h, salle Pleyel : conférence gratuite réservée aux spectateurs.
252 rue du faubourg Saint-Honoré 75008 Paris