Il est un mythe que Carmen (1875) a entretenu depuis plus d’un siècle : c’est celui que la femme gitane serait une sorte de femme absolue. Presque sorcière, orientale, jetant son dévolu sur des hommes quasi possédés, elle jouerait de ses charmes tantôt sincères tantôt vénéneux pour montrer que l’amour libre peut être plus fort que tout. Tout un programme…
Ce monde de superstitions est aussi celui de Manuel De Falla : dans L’Amour sorcier, la gitane Candela est hantée par le fantôme de son ancien amant. Pour pouvoir aimer librement un nouvel homme, elle réussit à détourner l’attention du fantôme vers une autre femme.
La musique de De Falla réussit à imprégner l’orchestre symphonique du charme capiteux du flamenco : rien d’étonnant finalement, car cette « gitanerie musicale » avait été écrite en 1915 pour Pastoria Imperio, considérée comme la plus grande danseuse de flamenco de son époque. Et l’on retrouve dans la célébrissime Danse rituelle du feu la puissance hypnotique de cet art, fait de déchirement et de séduction.
Manuel De Falla
L’Amour sorcier (35’)
Benjamin Britten
Four Sea interludes, extrait de Peter Grimes (17’)
Georges Bizet
Carmen, suites 1 et 2 (20’)
221, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris