Présentation
Note d’intention
Adaptation
Scénographie et lumière
Costumes
Marionnette et ombres chinoises
Magie
Version jeune public à partir de 6 ans. Fidèle à la dimension populaire du projet de Rabelais, Pantagruel est un spectacle accessible à tous. Le masque, la marionnette, la magie et la vidéo participeront au ludisme du spectacle sur le plateau.
Pantagruel était dans une vieille légende un petit démon marin qui répand la soif, Rabelais en fait un géant bienveillant. Reprenant la structure du roman populaire médiéval, Alcofribas, le narrateur des faits et prouesses épouvantables de Pantagruel, conte sa petite enfance ; puis son éducation à travers la France où son père l’envoie profiter de l’éducation humaniste ; sa rencontre avec son alter ego Panurge ; ses exploits intellectuels ; ses faits d’armes contre les Dipsodes qui ont envahi l’Utopie, son pays natal ; et sa victoire sur le roi Anarche, les trois cent géants et le monstrueux Loup-Garou.
C’est à un carnaval de la langue que nous convie Rabelais. La dynamique carnavalesque fait cohabiter les contraires, inverse les valeurs dans un joyeux chaos. L’écriture rabelaisienne fonctionne sur ce mélange : des époques, des références, du savant et du populaire, du bas et du haut corporel. Il s’agit de tout renverser pour mieux comprendre le monde à l’endroit, de tout anéantir pour mieux renaître.
Fidèles à la dimension populaire du projet de Rabelais, nous avons créé un spectacle accessible à tous, dans lequel chacun peut se projeter dans la fable et s’interroger sur l’actualité des problématiques soulevées par ce roman écrit en 1536. Pantagruel, ce géant, au sens littéral comme au figuré, qui assoiffe tout le monde, nous invite
à goûter les joies de l’excès. Invités au banquet, spectateurs et comédiens goûteront ensemble à la renaissance d’une culture, aux énigmes langagières, à l’utopie d’une parole libre jusqu’à ce que le merveilleux les dépasse et les engloutisse dans les entrailles de notre héros.
Entraînés par un narrateur qui construit un lien concret entre le public et les personnages, les spectateurs deviennent acteurs.
Ils symbolisent successivement le peuple, l’assistance du procès, les juges d’un grand débat ou encore les convives du banquet. Considérant qu’une position
active éveille le regard et anime la réflexion, nous tentons de créer un véritable moment d’échange.
En utilisant le masque, la marionnette et la vidéo, nous cherchons à révéler et à actualiser le grotesque de l’oeuvre, c’est-à-dire son caractère subversif à l’égard des codes établis.
Les interrogations liées à la culture, au mélange des classes, à l’éducation, à la religion, à la justice ou encore à la guerre font directement écho à notre société. La question fondamentale, à travers les expériences que traversent les héros rabelaisiens, est celle de la liberté du sujet.
S’appuyant sur différentes translations en français moderne, notre adaptation scénique permet de conserver la langue joyeuse et hybride de Rabelais tout en
révélant sa théâtralité. Les nombreuses parties dialoguées sont seulement allégées pour rendre les conflits et le discours vivants. Nous avons choisi de fragmenter les parties de récits dans les répliques des personnages. Pour autant, le narrateur garantit la continuité de la fable et devient lui-même un personnage dans la dernière partie.
Nous avons cherché à restituer la chronologie de l’histoire et l’ensemble des thèmes tout en coupant les épisodes qui nous semblaient redondants. Notre adaptation repose sur un parti pris dramaturgique précis. François Rabelais développe deux visions antagonistes de l’homme. D’un coté, Pantagruel incarne l’utopie de l’humanisme et d’un mode de savoir nouveau. De l’autre, Panurge représente le héros populaire, farceur et voyou. Sa connaissance est directement liée aux commodités de la vie et à son amusement personnel. L’utopique et le pragmatique se complètent formant un couple légendaire. Pour révéler cette dissociation, nous avons choisi de diviser en deux parties distinctes les épisodes liés à l’éducation de Pantagruel et ceux qui relatent des moeurs et façons de Panurge. La deuxième partie, développement des « panurgeries », se conclue sur la rencontre des deux protagonistes, ouvrant une série d’aventures épiques qu’ils traverseront ensemble.
L’ espace se modèle avec des tissus. Un immense tissu blanc représente les jupes de la mère de Pantagruel à sa naissance. Ce même tissu deviendra la voile du bateau
de Pantagruel. L’espace ainsi dessiné prend un caractère onirique et permet de jouer avec la fluidité et la transparence des matières.
En partant de l’esthétique graphique de Rabelais (Les Songes drolatiques de Pantagruel ), de Brueghel l’ancien et de Bosh nous avons dessiné des silhouettes sans fioritures inspirées de cette fin de moyen-âge. Il s’agit davantage de donner une idée de cette époque, que de la reconstituer.
Dans les épisodes de Pantagruel, les couleurs sont chatoyantes, accentuant l’atmosphère utopique et fabuleuse autour du héros. Au contraire, les couleurs des personnages, dans les scènes liées à Panurge, sont plus terriennes (teintes de marron), exprimant une dimension populaire et plus réaliste. Des éléments plus contemporains viennent se greffer sur cette base.
En revisitant le genre épique, Rabelais cherche à renouer avec la forme légendaire des héros antiques. Les représentations populaires sont déformées, le gigantisme inverse l’échelle des valeurs du monde médiéval. Pour nous, c’est la renommée de Pantagruel qui en fait un géant. Le personnage est d’abord incarné par un acteur. Au début, nous sommes tous des Pantagruels potentiels. Grandissant à mesure que ses prouesses se succèdent, Pantagruel devient un personnage mythique, un idéal sans commune mesure avec le monde des hommes, une marionnette animée par les idéaux de l’auteur. Une fois la guerre gagnée, il grandit encore et devient une ombre gigantesque, jusqu’à ce qu’Alcofribas entre dans sa bouche. L’intérieur de Pantagruel est un monde équivalent en taille et en complexité au nôtre. Ce jeu entre l’infiniment grand et l’infiniment petit est développé tout au long du spectacle.
Le fidèle compagnon de Pantagruel, son alter ego, Panurge représente le héros populaire, farceur et voyou. Il est incroyablement doué pour jouer des tours et développe ainsi des capacités surnaturelles. Pour appuyer cette interprétation, le comédien qui incarne Panurge est magicien. Il réalise une série de tours, notamment dans les « Panurgeries ».
77, rue de Charonne 75011 Paris