Il est à la guitare ce que Michel Gondry fut au clip. Un inventeur baroque doublé d’un poète lunaire. Avec son instrument abracadabrantesque, le Sarde bâtit un folklore idéal stupéfiant de beauté vénéneuse.
Un bref name-dropping suffit pour apprécier la dimension de Paolo Angeli. Quand on sait que gravitent autour de lui des figures libres de la guitare comme Pat Metheny ou Fred Frith, on comprend sur le champ qu’il ne se sert pas de sa six-cordes comme tout le monde. Conteur sonique, il a imaginé un instrument à la hauteur de ses ambitions : une guitare sarde préparée. Dix-huit cordes, une allure de violoncelle, des martelets, pédaliers et des hélices : un joujou extra qui fait crac boum hue avec lequel il réinvente les mélodies de Björk, génère un blues méditerranéen ou malaxe baroque et free. Une fabuleuse collision entre avant-garde savante et tradition populaire.
Le baptême de feu d’un trio inédit qui risque de marquer l’année 2013 de son empreinte frémissante. Ou quand un jeune accordéoniste funambule pousse son instrument dans ses retranchements les plus féconds.
Quand un jeune musicien détonne dans le paysage jazzistique, les grands noms se transmettent la bonne nouvelle. Après avoir été transféré dans les clubs selects de Daniel Humair et Youn Sun Nah, Vincent Peirani sort ce printemps son premier album, Thrillbox. Preuve de son aura grandissante, il s’adjoint les précieux services du prodige allemand du clavier Michael Wollny et de la contrebasse voltigeuse du complice d’Aldo Romano ou d’Erik Truffaz, Michel Benita. Et comme un symbole, il invite un autre détonateur de boîte à frissons, Michel Portal. Plus qu’un parrain de luxe, « un semblable, un frère », tant Vincent Peirani partage avec son aîné l’amour des chemins de traverse.
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