Voilà donc de retour Josef Nadj et son comparse Dominique Mercy, dans une pièce forcément culte puisqu’il s’agit d’un psaume. Alors que la musique voyage du Cambodge à l’Égypte, le chorégraphe polymorphe et le danseur emblématique de Pina Bausch composent ici une série de rituels mystérieux, entre farce, liturgie et superstition… Jumeaux et dissemblables, ils embarquent ensemble dans une galerie de tableaux drolatiques et grinçants, émouvants et rêveurs.
« Le voyage de Mercier et Camier, je peux le raconter si je veux, car j’étais avec eux tout le temps. Ce fut un voyage matériellement assez facile, sans mers ni frontières à franchir, à travers des régions peu accidentées, quoique désertiques par endroits. Ils restèrent chez eux, Mercier et Camier, ils eurent cette chance inestimable. Ils n’eurent pas à affronter, avec plus ou moins de bonheur, des mœurs étrangères, une langue, un code, un climat et une cuisine bizarres, dans un décor n’ayant que peu de rapports, au point de vue de la ressemblance, avec celui auquel l’âge tendre d’abord, ensuite l’âge mûr, les avaient endurcis. » Samuel Beckett, Mercier et Camier / Éditions de Minuit, 1970
Au départ, cela devait être un solo. Une commande passée en 1999 par Dominique Mercy au chorégraphe Josef Nadj, dans le cadre du Vif du sujet au Festival d’Avignon. “Dominique Mercy est très solitaire sur scène, et c’est cela qui fait qu’on le rejoint”, observait Jean Babilée. Peut-être Josef Nadj en pensa-t-il autant… Le solo devint un duo, entre deux artistes qui, n’ayant rien à se prouver, trouvèrent ensemble un moyen d’explorer et d’exposer leur fragilité, laissant de côté toute virtuosité, toute épate, rien que le plus tendre en partage.
Dans Petit Psaume du matin, leurs deux silhouettes hésitantes cheminent ensemble le temps d’un voyage qui semble sans destination. Parfois facétieux, parfois fourbus, parfois l’un s’effondre, l’autre le porte, parfois l’un s’effondre, l’autre le porte. Ils sont enfants, vieillards, animaux – une destinée qui s’accomplit comme une prophétie fameuse : sur quatre pattes, puis sur deux, puis sur trois… Et le solo devenu duo redevient ainsi un solo, tant les deux ne sont plus qu’un, pareillement chargés d’une mélancolie initiale et finale, d’une mélancolie finalement vitale. Selon Josef Nadj, “Il s’agit de prendre l’être même de l’autre comme un trésor fragile et précieux, qu’il faut protéger”.
Dans ce jeu entre passé et présent, on pourra convoquer ses souvenirs et s’en faire des nouveaux. Souvenirs de ce psaume à d’autres époques, mais aussi souvenirs de deux danseurs. On pourra ainsi revoir un instant Dominique Mercy s’envolant au-dessus du plateau couvert de fleurs de Nelken ou à terre parmi les chaises éparpillées du Café Müller, ou retrouver en pensée les silhouettes créées par Josef Nadj dans Canard Pékinois, les figures de glaise deWoyzeck, ou les voltigeurs du Cri du caméléon, que Paris quartier d’été présentait au Palais-royal en 1996.
On pourra aussi, au Centre culturel irlandais, remonter un fil d’associations et de souvenirs, de Mercy à Mercier, le héros de Samuel Beckett qui forme avec son comparse Camier un autre duo qui parle d’une seule voix. Deux silhouettes fragiles, émouvantes et grotesques, s’accompagnant et tentant de se soutenir, puis s’embarquant ensemble pour une improbable épopée. Ainsi, pour paraphraser Beckett, pourra-t-on dire ceci après Petit Psaume du matin : “Le voyage de Nadj et Mercy, je peux le raconter si je veux, car j’étais avec eux tout le temps.
incroyable et mouvent. parfait pour les amateurs de Beckett!
D'une beauté et légèreté incroyables. Les deux hommes s'ouvrent et montrent qui ils sont, des danseurs âgés, fatigués et plus faibles, ce qui les rend magnifiques. A en couper le souffle. La musique est parfaite, juste. Pour les amateurs de Beckett, on est plongé dans son art du début jusqu'à la fin.
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incroyable et mouvent. parfait pour les amateurs de Beckett!
D'une beauté et légèreté incroyables. Les deux hommes s'ouvrent et montrent qui ils sont, des danseurs âgés, fatigués et plus faibles, ce qui les rend magnifiques. A en couper le souffle. La musique est parfaite, juste. Pour les amateurs de Beckett, on est plongé dans son art du début jusqu'à la fin.
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