Le passage à la position debout
Les dispositifs scéniques
Le son
La presse en parle
erection : n f (lat. erectio). Litt. Action d'élever, de construire : l'érection d'une statue. || Litt. Institution, établissement : l'érection d'un tribunal. || Physiol. Etat de gonflement de certains tissus organiques, de certains organes, en particulier le pénis, en état de turgescence.
Un homme, étendu au sol, va raconter la longue histoire de son passage de la position couchée à la position debout.
L'Homme-animal
A travers ce mouvement progressif qui mène de la position horizontale à la position verticale, c'est l'histoire de l'évolution des espèces qui semble être soulevée. Batracien, quadrupède, puis bipède, l'homme se dresse enfin. Le geste du danseur subit les contraintes organiques dictées par la nécessité darwinienne de s'élever. Non sans hésitation ni difficulté. Le danseur analyse au fur et à mesure les voies qu'il doit emprunter pour s'ériger. Il découvre les limites ou les progrès de ses capacités musculaires et osseuses, il contourne les problèmes d'équilibre et de coordination. Et c'est en sujet vivant qu'il parviendra peut-être à se dresser.
L'Homme-individu
Parallèlement, le chemin qu'emprunte le danseur vers la position verticale s'apparente à une expérience condensée de la vie d'un individu (et en l'occurrence d'un individu masculin). Marche à quatre pattes du bébé, premiers pas d'un petit garçon, course d'un adolescent, marche d'un adulte ; autant d'états et de mouvements qui traversent ce parcours d'élévation. Même si le fantasme d'une courbe de croissance uniforme et constante n'est qu'illusion, les grandes étapes de la vie se dessinent tout de même. A chaque palier franchi avec lenteur, avec force, avec facilité ou avec faiblesse... les questions se posent avec de plus en plus de précision : qu'est-ce que devenir un homme ? Qu'est-ce que la virilité ?
L'Homme-social
S'il doit s'élever, l'individu le fait sous la surveillance des regards. Devoir d'ascension sociale, devoir de respectabilité, devoir de force, devoir de performance sexuelle. Devenir un homme impose des obligations. Et ces obligations provoquent peut-être des contradictions, des souffrances ou des folies.
Et puis s'élever, s'ériger, se dresser, c'est aussi par extension de langage, s'opposer, se révolter, combattre. Avec ou sans succès. Le geste de l'élévation appartient au danseur mais aussi au groupe dont ce dernier est le membre.
Mouvements
L'idée chorégraphique de cette pièce est extrêmement minimale : il s'agit de passer de la position couchée à la position debout. Cependant, malgré la radicalité de cette proposition de recherche, le chemin qu'empruntera le danseur se décomposera en diverses directions. En effet, pour cet individu ou cette créature, selon les points de vue, chaque palier franchi sera systématiquement une nouvelle étape de remise en question. L'objectif à chaque instant est de s'élever jusqu'au palier suivant, sans forcément connaître l'objectif de la position finale, la position debout. Le danseur n'échappera donc pas aux fausses pistes, aux déséquilibres, aux fatigues musculaires, aux impasses physiologiques... Les gestes du corps sont à la recherche des moyens de l'ascension.
Le spectateur assiste, à travers les mouvements du corps du danseur, à la résolution empirique, et parfois absurde, d'un problème.
Premier dispositif : vidéo comme scénographie et lumière
Qu'il soit un homme-individu ou un homme-animal, le danseur suit les logiques et les enchaînements internes qui s'offrent à lui. Mais, en plus de ces forces introspectives, il est guidé par des influences externes. Son environnement et le groupe auquel il appartient (par extension, les spectateurs) déterminent son développement. Il va s'adapter à l'évolution de son espace, il va conquérir des territoires.
C'est à travers la scénographie (éléments d'influences extérieures) que cette idée peut être développée.
Il s'agit sur un espace vierge, sur un sol totalement blanc, de créer un espace de lumière grâce à une projection vidéo « zénithale ». L'espace, que devra s'approprier le danseur, se modifiera ; tant en terme de couleurs, de graphismes, de textures, de formes, que de proportions et de mouvements.
Tout en s'adaptant à cet environnement, l'individu-créature construira peu à peu son ascension. A chaque instant, ce sol mouvant implique une réaction, un ajustement et par-là même, agit sur le geste du danseur.
La vidéo est détournée de son exploitation première et cumule alors, dans ce cadre précis, deux nouvelles fonctions. D'une part, elle est utilisée comme instrument de lumière. Lumière extrêmement riche puisque de couleurs et de formes variables à l'infini.
Et d'autre part, la vidéo est aussi exploitée comme scénographie et architecture puisque elle délimite l'espace de jeu et permet son évolution.
Deuxième dispositif : hologrammes vivants
Le danseur progresse dans son ascension. Il finit par s'ériger. L'espèce animale devient l'Homme. L'individu devient un homme. Que peut-il se produire une fois arrivé à ce stade ? Vers quoi se dirige l'être humain ? Comment cet adulte va-t-il mûrir ? L'espèce humaine sera-t-elle modifiée génétiquement ? Sera-t-elle cybernétique et électronique ? Va-t-elle disparaître ? Va-t-elle pouvoir voler ? Après ce long chemin, cet adulte avait-il imaginé être l'homme qu'il est devenu ? Comment cet homme va-t-il péricliter ? Comment va-t-il se diriger vers la mort.
A cet instant, la position debout ouvre un champ infini de questionnement. Le dispositif scénographique et lumineux doit alors évoluer. Un deuxième type de projection vidéo apparaît. Il s'agit alors d'envoyer sur le danseur (et uniquement sur le danseur) sa propre image, créant ainsi un effet « hologramme ». La confrontation spatiale du sujet avec sa représentation vidéo autorise des distorsions chorégraphiques troublantes. Cet animal fluorescent et électrique devient-il un super-Homme. Devient-il un cyborg ? En voyant sa propre image sortir de son propre corps, l'individu regarde-t-il son âme s'animer et donc sa propre mort apparaître ?
Dans le contexte du premier dispositif, le corps s'inscrit dans la vidéo. C'est donc l'extérieur qui dicte l'espace à occuper et qui détermine les gestes. A l'inverse, dans le contexte du deuxième dispositif, la vidéo s'inscrit dans le corps. Ce dernier devient source de lumière et espace de jeu. L'intérieur anime le danseur.
Le son joue en direct avec le danseur, comme s'il était lui-même un acteur. Ainsi le son influence le geste du danseur mais réciproquement, le danseur peut influencer le son.
Cette création originale se compose principalement d'éléments électroniques. Cependant, par intermittence, à la manière d'un leitmotiv, des éléments instrumentaux à base de guitare électrique, viennent accompagner le danseur. Et au fur et à mesure de l'ascension, ce leitmotiv se renforce. Des strates sonores supplémentaires viennent l'alimenter. Finalement, l'accumulation des couches et des nappes aboutit à une tension sonore maximale.
« Avec son compagnon de fortune, Aurélien Bory, metteur en scène, Pierre Rigal peuple son univers étrange d'images brouillées, sans oubier d'emprunter au quotidien les gestes d'une chorégraphie somme toute minimaliste. Voici Pierre Rigal multiple à la grâce inouïe. » Les Inrokuptibles
À voir également Press et Suites absentes.
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