Sur scène, un champ de tiges d’acier. C’est un amas de pieds de micros.
Derrière un monticule d’instruments de musique, de câbles et de branchements, les danseurs émergent. Les mains saisissent les outils, le son naît comme la lumière des branchements. La transe devient possible. La chair se connecte aux machines, les membres s’emmêlent et font corps avec les instruments.
Événement du Festival d’Avignon en 2010, épopée lyrique et drôle, Micro, écrit pour cinq danseurs / rockeurs dont Pierre Rigal lui-même, raconte la confusion des corps en prise avec un rock convulsif, organique, tripal et tribal.
Micro est une sorte de concert physique, un opéra microscopique qui met en scène des créatures pré-musicales. Elles surgissent peu à peu d’un paysage instrumental mouvant. L’électricité, comme une hémoglobine sonore, envahit l’espace et connecte les éléments entre eux. Dans un corps à corps charnel avec les instruments, ces monstres absurdes se transforment peu à peu et cherchent, comme des chiens en chasse, les sons dont ils pourront se nourrir. L’énergie adolescente du rock rattrape peu à peu les étranges bêtes de scène. Convulsive, drôle ou démoniaque, la transe les emporte dans un voyage qui flirte avec les frontières musicales. Sur leur chemin elles croiseront quelques douces ballades pour les apaiser et retarder leur survoltage définitif. Leur mythologie est terre à terre, brute, technique ou organique mais aussi pleine d’humour et de poésie. Micro raconte comment corps et musique interagissent, comment les vibrations de l’air et celles de la chair se connectent. L’être humain est un animal musical, le rocker est un monstre musical.
Tout le travail de composition sonore et visuelle de cette pièce est initié par des contraintes inhabituelles. En effet, ce sont de nouvelles règles de gestion de l’espace et des objets, en particulier des instruments de musique et du système de diffusion, qui devront s’appliquer. Les acteurs-musiciens doivent être eux aussi mobiles par rapport aux instruments. Ils jouent dans des positions dites inappropriées, en mouvement et en déplacement.
Toute la géographie académique du concert se trouve bouleversée et cette nouvelle donne contribue à faire percevoir autrement la musique au spectateur. Il associe à la génération du son le mouvement qui en est la source. C’est pourquoi dans Micro la musique certes s’entend, mais aussi elle se voit. En poussant le principe à son paroxysme et grâce à l’implication physique des performeurs nous pourrons par instants « recevoir » la musique sans l’entendre : le spectateur voit la musique dans le silence.
Pierre Rigal
« Une variation chorégraphique captivante qui prend pour thème le concert rock. » Le Figaroscope
« Une fois les amplis branchés, ouverture magistrale, le laboratoire de sons s'affole. Électrique ! » Les Inrockuptibles
« Et ça chauffe, et ça se bouge sec. Rigal se pose au croisement du concert, de la performance et de la danse. Avec vigueur ! » Télérama
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