Cette guerre est violente, elle est enivrée de plaisir et de drôlerie.
Neuf créatures à poils longs et soyeux, et aux yeux rouges, évoluent dans une rêverie lunaire. Distorsion du temps et de l’espace. Des êtres hybrides s’y déplacent. Robots, pompiers, monstres élégants ou animaux d’un conte atmosphérique, ils avancent, explorent le monde. Les voilà livrés sur ce plateau des opérations aux inévitables confrontations qui constituent et polluent toute civilisation.
Jeu d’enfant ou guerre tragique, expériences savantes ou manèges ludiques, les créatures expérimentent ces relations qu’on dit humaines dans un fascinant ballet. Épreuves, danses des corps manipulés ou dominateurs, les guerres se font, défont les hommes, et l’harmonie surgit. « Après cela, la civilisation doit alors vivre ou survivre sur le théâtre physique et mental de ces opérations », dit l’artiste.
Bête de scène, sportif spécialiste des 400 mètres et 400 mètres haies, Pierre Rigal a tout juste trente-neuf ans. Après Érection, Arrêts de jeu, Press, Asphalte, ou Que serai-je serai-je, il crée Micro à Londres, puis au Festival d’Avignon en 2010. À Séoul en septembre 2012, il présente au LG Arts Center ce Théâtre des opérations avec neuf danseurs coréens.
Spectacle ou performance, Théâtre des opérations donne un sens inédit au plateau, au théâtre, au corps et aux outils qui le représentent. Ici, la guerre, à la fois évidente et mystérieuse, devient charnelle. Elle se fait corps, se meut, respire et vit. Elle prend forme, et les corps eux-mêmes deviennent des appareils de combat ou des machines à rêver, avant de former des tableaux tremblants d’une humanité absolue.
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