Qu’est ce que Fiftyfourville ? La ville 54 ? Une performance qui tente de créer un univers miniature possédant sa logique spécifique. L’architecture invisible de cet espace défini par des corps réfléchit les modèles spatio-temporels qui organisent notre représentation du monde.
Trois conceptions s’affrontent : le labyrinthe, menant tantôt au centre, tantôt à la perte de sens ; le rhizome deleuzien qui défie les systèmes centralisés et tente de mettre en place une circulation d’états impermanents ; et enfin, en incise, le modèle centralisé que l’on trouve dans le film Alphaville de Jean-Luc Godard, au milieu duquel un automate dicte les sens de la vie des individus. La dérive des corps impliquée par le rhizome succède à des chemins labyrinthiques très construits, et peu à peu, une superstructure se dessine, faite de la rencontre de ces relations et de ces luttes, faisant dévier la circulation des états, des plans de vision. Le temps s’étire et enclenche un processus de mutation permanente.
Fiftyfourville nous met en face d’une expérience déroutante : confronter notre propre sens de la logique à un autre type de communication entre les corps, une communication silencieuse dont les codes nous sont inconnus, et qu’il nous faut déchiffrer sans l’aide du langage pour accéder à un espace mental plus grand.
Gilles Amalvi
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil