Roland Petit - Le rendez-vous / Le loup / Le jeune homme et la mort

Une oeuvre fascinante
Les ballets
Une trilogie mythique

• Une oeuvre fascinante

Créateur intarissable, à l’écoute de son temps, curieux et audacieux, Roland Petit a bâti une oeuvre d’une richesse et d’une innovation fascinantes. Dès ses débuts de chorégraphe, avec Le Rendez-vous et Le Jeune homme et la Mort, il sollicite les artistes les plus inventifs de son époque : Jacques Prévert et Jean Cocteau, Brassaï, Georges Wakhévitch ou encore Pablo Picasso. Ces collaborations artistiques se poursuivront tout au long de son parcours comme en témoigne, plus tard, Le Loup qui réunit l’écrivain Jean Anouilh, le peintre Jean Carzou et l’un des plus grands compositeurs actuels, Henri Dutilleux.

Trois ballets, où l’amour côtoie la mort, sont réunis l’espace de ces représentations et traduisent toute la poésie, la théâtralité et la sensualité propres à l’univers de ce chorégraphe majeur du XXe siècle.

Avec Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre Colonne, Direction musicale Yannis Pouspourikas.

• Les ballets

Le rendez-vous
Musique : Joseph Kosma
Chorégraphie : Roland Petit
Argument : Jacques Prévert
Rideau de scène : Pablo Picasso
Décors : Brassaï
Costumes : Mayo

Le loup
Argument : Jean Anouilh et Georges Neveu
Musique : Henri Dutilleux
Chorégraphie : Roland Petit
Décors et costumes : Carzou

Le jeune homme et la mort
Argument : Jean Cocteau
Musique : Johann Sebastian Bach, Passacaille en do mineur
Chorégraphie : Roland Petit
Décors : Georges Wakhévitch
Costumes : Karinska

• Une trilogie mythique

Après avoir réalisé treize créations et transmis neuf de ses œuvres au répertoire du Ballet de l’Opéra, Roland Petit revient au Palais Garnier. Le chorégraphe, si habile à créer des atmosphères picturales et littéraires, nous offre ici le meilleur du Paris artistique du milieu du XXe siècle : une trilogie mythique où il excelle dans l’art du récit, dévoilant dans un langage contemporain des personnages forts et des univers poétiques incomparables.

Le rendez-vous, créé en 1945 sur un poème de Jacques Prévert évoque le Paris bohème de l’après-guerre. Dans un bal où se croise le petit peuple des rues, un jeune homme fier et libre rêve d’un moment de fête où il pourra laisser éclater sa joie de vivre. Mais il rencontre un tout autre destin, emporté malgré lui dans une danse macabre aux accents expressionnistes. Comme Les Forains, première pièce porte-bonheur du tout jeune Ballet des Champs-Elysées, Le Rendez-vous est l’occasion pour Roland Petit de rassembler les talents les plus inventifs de son temps, poursuivant ainsi l’idéal des Ballets Russes. Outre Pablo Picasso, ancien compagnon des aventures de Diaghilev, le chorégraphe s’ouvre aux amis de Jacques Prévert : le photographe Brassaï, ainsi que le compositeur Joseph Kosma et le costumier Mayo qui ont œuvré avec le poète sur les mêmes plateaux de cinéma. Rien de très prémédité cependant. Les créations des Ballets des Champs-Elysées se montent avec peu de moyens, beaucoup d’improvisation et de bonne humeur. Si le succès est le fruit d’un travail collectif, où les danseurs - formés auprès des meilleurs maîtres français et russes - tiennent une grande part, il souligne aussi la soif de neuf du public d’après-guerre.

Le Jeune homme et la mort, créé en 1946, s’inscrit dans le même sillage. Sur un livret de Jean Cocteau, des décors et costumes de Georges Wakhévitch et une musique de Jean-Sébastien Bach, Roland Petit dessine une autre ronde tragique qui emporte cette fois-ci un jeune peintre délaissé dans son atelier par une étrange femme au visage double. Ce ballet qui dévoile si bien la poésie existentialiste des toits de Paris établira la renommée de Roland Petit autant que le talent époustouflant de Jean Babilée, immortalisé dans sa salopette bleue.

Enfin, Le Loup, conçu 1953 sur un livret de Jean Anouilh, une musique d’Henri Dutilleux et des décors de Carzou, propose une variante tragique de La Belle et la Bête, conte cruel et tendre dans lequel une jeune femme, reniée par son mari, mourra pour l’amour d’un loup, un loup peu commun, capable de se hausser au statut d’humain par la grandeur de son âme. L’écriture ciselée et vive de la danse épouse à la perfection la tension dramatique de ce ballet chargé de mystère, véritable méditation philosophique sur l’essence de l’être.

Plus d’un demi-siècle après leur création, Le Rendez-vous, Le Jeune homme et la mort et Le Loup brillent comme autant de soleils noirs dans l’histoire de la danse et des arts.

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