Après Vaslav Nijinsky et Isadora Duncan, Christophe Fiat poursuit son « histoire légendaire de la danse » en s'attaquant à la figure de Rudolf Noureev – qualifié par un journaliste de Pop Star Dancer. C'est à partir de ce point de fusion entre le mythe et la société du spectacle que l'écrivain et performer s'en saisit : en cernant ce lieu imaginaire où Noureev rejoint Marylin Monroe et les boîtes de soupe Campbell dans l'iconographie pop de Wharhol – où le génie du danseur et la mise en scène de sa propre vie forment un nœud indissociable.
Pour aborder la légende dorée de cette figure excessive – icône gay, transfuge venu s'installer en France pour fuir l'URSS, qui a fait du ballet classique un objet de consommation équivalent au concert de rock – la performance va déplier les constructions idéologiques qui sous-tendent la fable, et creuser les facettes paradoxales de cette question : comment remettre en route la fabrique de l'imaginaire collectif ? Est-il possible d'arracher une figure isolée à la totalité constituée par la culture de masse ?
Sur scène, un duo – constitué par Soanny Fay, chanteuse baroque, et Christophe Fiat, lisant devant un micro, une guitare électrique à la main. Duo musical, duo chorégraphique – rythmé par la traversée, où le corps reste travaillé par une tension du sens et du geste, entre théâtralité et refus de « faire semblant ». La marche devient un entre-deux, qui dans un même élan questionne l'état de la représentation contemporaine, et creuse un écart critique avec la virtuosité des mouvements de Noureev.
Navigant entre différentes trames de discours, timbres de voix, l'histoire qui nous est racontée emprunte à l’épopée son flux de phrases, son flot d’images – mais aussi sa capacité à faire retour sur le présent et à décoder l’actualité. Autour d'eux, les visuels de Louise Armand forment un décor minimaliste qui répercute et réinterprète le texte lu, ouvrant pour le spectateur de nouvelles zones de croisement et de friction. Oscillant entre esthétique rock, poésie sonore et marche funèbre, Rudolph Noureev is dead ! prend la forme d'une interpellation, qui ouvre un espace réflexif pour penser « ce pays / Dont on partage / Les clichés et les mythes / Avec le monde entier »*.
Gilles Amalvi
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)