Sacré, sucré, salé

du 8 au 26 mars 2016
1h15

Sacré, sucré, salé

Tour à tour maman juive, mère musulmane ou dame catholique, aujourd’hui c’est fête ! Alors elle coupe, touille, pétrit et raconte Esther et Mahomet, la Mer Rouge et l’Eucharistie... Parce que manger donne à penser, parce que les repas sont faits pour être partagés, et parce qu’il y a trop de points communs entre les trois monothéismes (à commencer par la sensualité !) pour les opposer. Une heure de jubilation culinaire et spirituelle... À table, spectateurs !
  • Jubilation culinaire et spirituelle

Tour à tour maman juive, mère musulmane ou dame catholique, aujourd’hui c’est fête ! Alors elle coupe, touille, pétrit et raconte Esther et Mahomet, la Mer Rouge et l’Eucharistie... Parce que manger donne à penser, parce que les repas sont faits pour être partagés, et parce qu’il y a trop de points communs entre les trois monothéismes (à commencer par la sensualité !) pour les opposer. Une heure de jubilation culinaire et spirituelle... À table, spectateurs !

  • Note d'intention

Une forme théâtrale multiple, empreinte de burlesque

Ma préoccupation constante a été : comment faire du théâtre avec quelque chose qui, à priori, relève plus de la conférence. Et petit à petit, au fil des répétitions, la scène s’est transformée en un espace de conte, de sketch, même de cinéma (avec un court extrait des 10 commandements de Cécil B De Mille, durant lequel les pains matsot de Pessah se transforment en popcorn), ou encore de liturgie, avec la Semaine Sainte. Le burlesque est très présent. Car ce spectacle raconte aussi que la « passion de croire » n’est pas tout à faire étrangère à la passion de jouer, et à l’état amoureux -et que croire n’est pas chose sans sensualité. Passion amoureuse, fantaisie imaginative du jeu, et élan mystique sont frères et soeurs : ils ont en commun le besoin de croire, et le ravissement -ou la béatitude-, qui côtoient intrinsèquement le burlesque.

Impliquer le public, convoquer les sens

J’avais envie de faire participer le public. Ainsi je questionne les spectateurs, je leur fais agiter des crécelles au nom d’Aman, le méchant, et pousser des cris de joie au nom de Mardochée, le gentil, durant l’évocation de la fête de Pourim ; ou encore « à la veille de Pessah » j’inspecte la salle avec une lampe de poche pour voir s’ils n’ont pas laissé des miettes de ce qu’ils ont mangé avant de venir... Il me paraissait surtout très important de faire participer les sens, car la nourriture est par nature sensuelle. J’avais envie que les spectateurs sortent du spectacle en ayant envie de manger : c’est pourquoi je tiens à leur offrir la chorba. Ainsi, j’ai voulu jouer avec l’odeur, le goût, mais aussi avec l’écoute, grâce à la musique qui est très présente, des chants du muezzin, et du son des cloches, aux chants de Yossele Rosenblatt, cantor ashkénaze des années 30, au violoncelle de Sonia Wieder Atherton, ou encore à une chanson extrêmement contemporaine de Daniel Darc, Sois sanctifié.

De sept à quatre-vingt-dix-sept ans !

C’est un spectacle très ludique, où les enfants sont tenus en haleine. Ils sont par ailleurs très sensibles à la notion du « sacré », comme à la symbolique des choses ou des récits. Ils aiment apprendre le sens des fêtes qu’ils traversent tout au long de l’année, et par là même, de ce qu’ils mangent.

Un autre regard sur la foi

J’espère aussi inviter à porter un autre regard sur la foi, dans une époque où le rapport à la religion en général et l’image qu’on a de celle des autres en particulier, sont devenus si négatifs et si galvaudés. Par-delà les déviances et les extrémismes passés et actuels, le rationalisme moderne a fragilisé notre rapport au sacré, en mettant à jour la relativité des valeurs et des croyances. Mais la nature de la religion est beaucoup plus complexe que la vision rationaliste ne voudrait nous le faire croire. Ce que ce spectacle raconte, c’est que notre rapport au sacré a toujours été profondément sensoriel. C’est aussi en elles-mêmes que les pratiques font sens. Les fêtes et leurs traditions culinaires sont aussi l’essence de la religion, parce qu’elles relient les hommes par l’observance d’une pratique commune, et par le plaisir et la joie partagés. L’une des étymologies du mot « religion », religare, signifie « relier ». Et l’une des étymologies du mot « manger » en hébreu signifie « Dieu se donne en totalité ». Ce sont aussi ces aspects que je souhaite restituer.

Parler de ce qui nous rassemble

Par sa nature, c’est un spectacle rassembleur, qui apprend beaucoup de choses sur ce qu’on mange, mais aussi sur ce qu’« ils » mangent. Les pratiques et coutumes de ces trois religions sont profondément reliées, et reposent sur un socle commun, dont elles ont hérité. En les abordant par leurs pratiques festives et culinaires, on trouve un moyen de mettre en avant ce qui les rapproche.

Un écho universel

Ce spectacle peut trouver un écho en chacun des spectateurs, qu’il soit croyant, athée ou agnostique. Parce que sa matière est d’abord universelle. Cette femme qui passe d’un récit et d’une religion à l’autre, d’un personnage à l’autre, est toujours mue par une même passion : celle de penser le monde, de l’organiser, de lui donner sens, et d’inscrire sa vie dans une histoire ou une continuité. Cette quête, bien qu’elle s’exprime différemment chez chacun de nous, est bien la plus universelle qui soit. Comme l’hommage rendu au jeûne spirituel, le rapprochement de la pensée et de la faim nous suggère que quelque chose les relie, que l’une est aussi vitale que l’autre, et que la quête de sens ne va pas sans les sens.

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Théâtre de l'Aquarium - La vie brève

La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris

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Spectacle terminé depuis le samedi 26 mars 2016

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