Aurélien Bory invente des univers théâtraux où les arts de la scène flirtent avec la science, les mathématiques et la géométrie : Plan B, Plus ou moins l’infini, Les Sept planches de la ruse…, autant de rêveries poétiques sur l’espace et la lumière, qui mêlent danse, théâtre, acrobatie et arts visuels. Sans objet est une pièce pour deux acteurs et un robot industriel. La magie se construit autour du dialogue entre le « mécanique » et le « vivant ». Qu’ont à se dire l’homme et la machine, en dehors des tâches qui les occupent habituellement ? Sorti de son contexte industriel, le robot devient inutile. Et si dans sa fonction perdue, il nous rappelait la nature de l’art : être absolument sans objet ?
Au point de départ d’un spectacle je cherche toujours à répondre à deux questions : « De quoi s’agit-il ? Et à quoi bon ? » Dans le même temps j’imagine l’espace scénique. La scénographie a toujours été centrale dans mes spectacles. Elle n’a pas une fonction décorative, mais une fonction d’action. Elle agit sur l’acteur, et réciproquement. La scène n’est-elle pas l’art de l’espace ?
Avec Sans objet j’ai voulu introduire sur scène un robot industriel ayant la force de déplacer des éléments de décor aussi bien que des acteurs. La machine devient un protagoniste à part entière. Il s’agit d’un bras articulé, mécanique. On va l’utiliser comme une « marionnette » – un être 100 % technologique – dans son dialogue avec un homme contemporain ordinaire. Ces personnages sont obligés de cohabiter sur scène, dans l’impossibilité de s’ignorer. C’est comme si l’homme d’aujourd’hui était composé de deux facettes : il est encore du côté de l’humain, mais de plus en plus dans la technologie. Ce rapport entre l’homme et la machine est en pleine évolution. Il ne s’agit pas de le juger, mais de le constater. Le robot est arrivé dans le monde industriel dans les années 70 ; l’idée est de l’extraire de son milieu en le plaçant sur scène. Ainsi, bascule-t-il dans le champ de l’art, de l’inutilité. Il devient « sans objet », acteur.
De tout temps on a tenté de franchir la frontière du vivant et du non vivant au travers de l’imaginaire : ainsi en est-il des objets auxquels on prête une âme, du mythe de la statue qui s’anime, ou encore de bien des ressorts de la science fiction...
Aurélien Bory
Par la cie 111.
« Aurélien Bory a le don de muer de simples reflets en jubilatoire dispositif multimédia aux accents cinématographiques, ou de révéler d’inouïes qualités sculpturales, visuelles ou sonores chez une bête bâche en plastique noir. Très applaudi, le spectacle vaut assurément le détour. » Emmanuelle Jardonnet, Le Monde, 16 juillet 2015
« Le spectacle ne laisse pas de surprendre tant les partenaires font assaut d’astuce, de précision et d’invention. (...) Cette rencontre entre l’art et la machine laisse pantois. » Annie Chénieux, JDD, 10 juillet 2015
Spectacle lent et très visuel. C'est un moment très agréable et divertissant. À recommander.
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Spectacle lent et très visuel. C'est un moment très agréable et divertissant. À recommander.
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