Après Jours Blancs - un solo dans lequel le corps féminin se retrouvait prisonnier d’un réel piégé, où les objets installaient dans le corps une obsédante répétition, Saskia Hölbling pose un autre regard -plus léger - sur son anatomie du désir. Trois femmes, trois espaces en attente : un intrigant triptyque dont les lignes de perspective se font mouvantes. Chacune se présente à nous dans la fragilité de son propre univers en formation. La constellation mouvante des objets, comme les points d’une figure invisible, dévoile ce qui dans le corps se construit, se dérobe. L’espace se peuple de souvenirs, de regards en suspens, de chemins invisibles. Le point de fuite se déplace entre les corps et les objets, permettant à de nouvelles relations de s’inventer, à des images d’apparaître - surréalistes, drôles ou inquiétantes.
Les parcours se chevauchent et se contaminent ; un rituel s’invente - seule, à deux, à trois - qui transforme les objets inanimés, les assemble au corps au gré des fantasmes. Images du désir - sur la peau, dans la chair - qui laissent entrevoir l’illusion qui les fonde. Peu à peu, l’imaginaire infiltre le réel, distillant une inquiétante étrangeté...
On suit les étapes de cette mue, les accords dissonants laissent place à la fantaisie, à la légèreté. Sur le sol pâle de la scène, lieu de toutes les transformations, de toutes les évasions, ces trois femmes trament ensemble un songe qui semble ne jamais vouloir s’arrêter...F on a pale ground, un paysage imaginaire dans lequel les corps voudraient aller se fondre, trois femmes qui se cherchent – entre l’organique et l’artificiel, l’automate et le chaos de chair - qui tentent de se réinventer sans perdre leurs contours.
Gilles Amalvi
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