Souvenir d'une fée

Il y avait une fois un roi et une reine qui n’avaient qu’une fille. Sa beauté, sa douceur et son esprit qui étaient incomparables la firent nommer Gracieuse, c’était moi… On disait de moi que j’étais la princesse la plus heureuse de l’univers ! Non loin de là, vivait une vieille fille fort riche, appelée la duchesse Grognon… Elle me haïssait mortellement… (extrait des Contes de Madame d’Aulnoy &127; Editions Picquier Poche )

Les fées n’ont pas d’origine, elles se perdent dans la nuit des temps parce que les hommes de toutes les époques, grands et petits, ont besoin de leur existence. Le XVIIe siècle français est un moment privilégié dans la littérature des contes de fées car le règne du merveilleux, de l’invisible, fleurit dans une langue souple, gracieuse et tremblée. C’est le désir qui commande ici : il met en place un théâtre d’avant la raison, où l’espace et le temps basculent. On frappe un tonneau, la terre se couvre d’or. On mange un petit pois, de souris on devient Dame…