Christophe Haleb, sous son nom propre ou sous celui de son collectif La Zouze, a une place à part dans la jeune scène contemporaine : un rien provocateur, souvent actuel, toujours sincère, son travail s’est imposé au fil des années tant auprès du public que des observateurs. Pour Haleb, « la danse contemporaine est un terrain expérimental et créatif dans lequel le corps doit trouver les possibilités de se sentir libre, impliqué et concerné par ce qui se passe en lui et dans le monde environnant ». Après « Idyllique », sorte d’opéra-techno qui réunissait musiciens, plasticiens, danseurs et acteurs, Christophe Haleb présente sa septième pièce « Strates et Sphères », « une manière de résister à la régression infantile imposée par la société de consommation et de communication globale tout en revendiquant une part d’enfance dans le devenir adulte de l’humanité ». Car le chorégraphe engagé qu’il est n’oublie pas de mettre en espace un propos en prise directe avec le réel : autour de lui, les sons de Pushy ! et d’Eric Sterenfeld ainsi que les images de Christophe Guillon donnent une autre matière au mouvement. Il est beaucoup question de flux dans l’imaginaire de Christophe Haleb : flux d’images, de discours, de bruits, de gestes. L’ambition du chorégraphe de La Zouze est alors de brancher quelques-uns de ses capteurs sur ce monde qui nous entoure et nous dévore et d’essayer de retranscrire en scène, à l’aide de la technologie d’aujourd’hui ou de la sensibilité des corps, cet environnement contemporain. Au final, c’est une espèce de miroir chorégraphique – et à peine déformant – que nous tend Christophe Haleb. Y plonger c’est déjà se donner les moyens de répondre à certaines interrogations artistiques et, au-delà, personnelles. « Strates et Sphères » ou le futur immédiat de la danse selon Haleb.
Philippe Noisette
1, Place du Trocadéro 75016 Paris